lundi 14 janvier 2013

Le Chômage / self titled




Tout le monde le sait : 2013 sera l’année du chômage ; 2012 l’était déjà, 2014 le sera sûrement aussi mais LE CHOMAGE dont on vous parle là tout de suite et maintenant est membre de La Grande Triple Alliance Internationale De L’Est, fait (donc) de la musique (?) et – si j’ai bien tout compris – comporte ou a eu dans ses rangs des (ex) membres de Squeletor Papa*, d’A.H. Kraken**, de Crash Normal***, de The Feeling Of Love****… un line-up qui attirera forcément l’attention de celles et ceux qui ont déjà écouté tous ces excellents groupes. Mais les cartes de visites, les pedigrees, les légions d’honneur et les médailles du mérite il faut aussi savoir s’en foutre et les oublier.
Et cet album sans titre a beau reprendre quelques vieux trucs déjà publiés sur CDr, il vous claque à la gueule et vous déraisonne les boyaux de la tête en seulement onze titres : l’ambiance générale est au post punk cradingue et vérolé, entre décharges instantanées – et même ultra brèves pour certaines – et hymnes à la boue rampants et irrésistibles. Il y a surtout énormément d’accroches dans les compositions du Chômage, une façon de vous entourlouper sans vous trahir et ce quel que soit le registre emprunté par le groupe. Sur la première face du disque on pense parfois à un Wire vicié, le Wire des trois premiers albums, pour cette façon de manier l’instantanéité, l’urgence, la gravité, la profondeur et la mélodie (Moche). On pourra aussi trouver d’autres noms à balancer dans les airs à propos de la musique du Chômage (par exemple il y a un peu de Spacemen 3 dans ce Dorniek dopé à l’orgue) mais ce que l’on relève surtout c’est cette faculté à transformer le mal et la crasse en éclairs fulgurants de violence froide.
Le Chômage est typiquement un groupe de La Grand Triple Alliance Internationale De L’Est en ce sens que ces garçons, comme tous leurs petits camarades issus de cette secte étrange, n’ont pas leur pareil pour récupérer les déjections de styles musicaux d’avant – post punk, noise, garage – et d’y insuffler tout le vice et toute la pourriture non feinte qui leur donnent ce caractère d’actualité nécessaire à la vitalité de toute musique qui ne privilégie pas l’hommage imbécile (et tellement cool…).
Alors non, Le Chômage n’a rien d’un groupe cool et confortablement nostalgique : le chômage est un groupe de maintenant qui (sur la deuxième face du disque) renoue avec quelques vieux démons obsessionnels – l’épuisant Amour Légionelle – et qui se fout bien du reste. Que ces garçons aient pris comme nom ce qui pour beaucoup est un mal endémique alors que le seul mal endémique c’est d’être contraint de travailler pour sur sous-vivre au quotidien et au sein d’une société qui ne respecte que les lois violentes de la spoliation économique et de l’accumulation est également une bonne façon de rappeler que tout ceci ne sert strictement à rien. Non, à rien du tout.

[cet album sans titre du Chômage est publié en vinyle uniquement par 24h Sur Jamais, Animal Biscuit, Label Brique et Pouêt! Schallpatten]

* une chronique de la cassette posthume de Squeletor Papa
** une chronique du Tatiana d’A.H. Kraken
*** rien sur Crash Normal ici, erreur qui sera peut-être un jour enfin réparée
**** en ce qui concerne The Feeling Of Love ce n’est pas le choix qui manque alors démerde-toi