jeudi 15 septembre 2011

Two Pin Din / In Case Of Fire Break Glass





Open Says Me, Loved By Millions, Pan B, In Case Of Fire ou Improve Yourself… cette voix est reconnaissable entre mille. Et cette voix c’est celle d’Andy Kerr, ancien guitariste de NoMeansNo, qui depuis n’a pas donné beaucoup/assez de ses nouvelles, juste une poignée de LP sous le nom d’Hissanol au cours des années 90 et, beaucoup plus récemment, une cassette sous son propre nom et publiée par un label lyonnais conséquemment obscur.
Les raisons qui font que l’on aime tant Andy Kerr sont peut être mauvaises mais on n’y peut rien : le bonhomme a marqué de son emprunte indélébile les albums Sex Mad, Small Part Isolated And Destroyed et surtout Wrong de NoMeansNo avec ses plans de guitare hallucinants mais surtout avec son chant particulier – Rob Wright s’est fait opéré avec succès de nodules sur les cordes vocales à peu près à l’époque de Wrong, laissant le chant à Kerr sur une bonne moitié des titres puis c’est à partir de là qu’il s’est remis à chanter majoritairement au sein du groupe dont il était après tout le cofondateur avec son frère Rob. Andy Kerr a ainsi quitté NoMeansNo après le génial 0 + 2 = 1 et The Sky Is Falling And I Want My Mommy enregistré en compagnie de Jello Biafra. Andy Kerr c’est donc ce guitariste habillé en pyjama comme ses deux petits camarades et avec lesquels il avait, un beau jour de mai 1990, mis le feu au Caméléon de Villeurbanne. Fin de la séquence émotion, on respire.
Si on entend principalement Andy Kerr sur l’album In Case Of Fire Break Glass de Two Pin Din, il n’y joue pourtant pas tout seul : son acolyte n’est autre que Wilf Plum, ancien batteur de Dog Faced Hermans et désormais batteur d’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Un beau duo avec un sacré pedigree mais dont la caractéristique se trouve ailleurs : Two Pin Din est presque uniquement un duo guitare et chant. Pas de section rythmique. Du punk rock vivifiant rongé jusqu’à l’os. Des pop songs sautillantes et alertes. De la drôlerie en version concentrée. Quelques percussions très légères – genre un rythme à la pédale charley – viennent parfois épicer le tout (D Notice, Listen) mais dans l’ensemble Two Pin Din s’en passe et s’en passe même très bien.
On remarque surtout cette façon si particulière de tourner des chansons et de les rendre haletantes, même sans l’apport d’une basse et d’une batterie et c’est à peine si une pincée de titres instrumentaux (Satellite Hotshove ou Everybody Timeshare, qui aurait du à l’origine être une chanson de Dog Faced Hermans) viennent changer la dynamique de l’album. On salive une nouvelle fois sur Plan B, une composition très clairement marqué par l’emprunte de ce que faisait Andy Kerr il y a vingt ans avec NoMeansNo dans un registre alambiqué et tordu – ce n’est peut être pas un hasard si c’est le seul titre de In Case Of Fire Break Glass à être doté de percussions plus conséquentes – alors que Loved By Millions et Zoo Planet War rappellent plus le côté basiquement punk rock d’antan du canadien et que Listen délie cette dramatique absurdement ralentie que l’on ne peut que reconnaitre elle aussi.

In Case Of Fire Break Glass a été enregistré au cours de l’été 2008 dans la salle de bain de l’appartement d’Andy Kerr à Amsterdam, la ville où il vit désormais depuis de nombreuses années. Le label/fanzine activiste Aredje a réussi à m’en faire parvenir un exemplaire en notant uniquement Hazam sur l’enveloppe, une adresse erronée et un code postal incomplet. Je tiens donc tout particulièrement à remercier les employés de La Poste qui ont à cette occasion fait preuve d’une clairvoyance inhabituelle. Mais j’en profite également pour rappeler ici l’adresse exacte du service réception de HEAVY MENTAL. Merci.