vendredi 16 septembre 2011

Peter Kernel / White Death & Black Heart





Fort intelligemment, White Death & Black Heart, le deuxième album de Peter Kernel, débute par les deux tubes du disque : Anthem Of Hearts (également publié en single monoface) et I'll Die Rich At Your Funeral. Une manière de se débarrasser des trop-pleins d’évidence tout en les mettant fièrement en avant. Attention : on ne dit pas que ces deux titres sont au delà de tout le reste de l’album, mais, étant les deux chansons les plus immédiates, les plus accrocheuses et les plus imparables de White Death & Black Heart, les placer ainsi en tête de gondole laisse le champ libre aux dix autres tout en exposant clairement tout ce qui séduit et émerveille chez Peter Kernel.
Car c’est en faisant peu que le trio arrive finalement à faire beaucoup. Peu c’est cette évidence pop et cette grâce magique qui traverse tout White Death & Black Heart, comme un courant d’air frais mais se passant surtout de toute frivolité inutile. La liste des choses, consenties ou non, que l’on peut entendre dans la musique de Peter Kernel pourrait se révéler très longue mais on ne retiendra – pour faire vite et aussi parce que réduire un groupe, si bon soit-il, à ses influences supposées, ce n’est pas lui rendre service à proprement parler – que l’esprit mutin d’un Pixies, les dissonances élégantes d’un Sonic Youth et, d’une manière générale, le meilleur de l’indie pop U.S., catégorie haute voltige, du début des années 90.
Peu c’est aussi la simplicité des compositions qui pourtant vont toujours droit au but et touchent juste. Il n’y a pas ici de riffs démoniaques, de lignes de basse ravageuses, de rythmes tribaux à vous faire rentrer en transe ni d’héroïques parties de chant ou des gargouillis divers mais un équilibre succinct et stimulant, une beauté simple, une rage joyeusement raffinée, une énergie renouvelable – essayer donc de ne pas écouter White Death & Black Heart plusieurs fois de suite –, un bonheur dénuée de toute niaiserie mais aussi une certaine mélancolie, vous prenant par surprise, comme sur le très beau et très émouvant The Captain’s Drunk !.
Le chant alterne une voix féminine et une voix masculine mais souvent les deux se répondent, se mélangent ou chantent à l’unisson. Plus particulièrement, en ce qui concerne la voix de la bassiste, on est touché par le côté acide, papillonnant et à la fois grave et emprunté. On remarque surtout que les voix sont réellement au centre des intentions de Peter Kernel, le groupe faisant souvent appel au sein d’une même chanson à toutes les combinaisons possibles et à la richesse induite par de tels procédés pour accentuer toujours plus la dynamique de ses compositions et de sa musique – ainsi les chœurs et contrepoints sont quasiment omniprésents ici, ce qui est aussi la marque essentielle d’un bon groupe de pop.

White Death & Black Heart sera publié le 3 octobre prochain par Africantape – le label peut se targuer d’une bien belle découverte – ainsi que par On The Camper records, le propre label de Peter Kernel. Le groupe sera en outre en tournée du 21 octobre au 10 novembre avec cinq dates françaises à la clef : le 5 novembre à Paris (La Flèche d’Or), le 6 à Besançon (La Cour des Miracles), le 8 à Clermont Ferrand (Raymond Bar), le 9 à Lyon (au Sonic, en compagnie de Sheik Anorak) et le 10 à Grenoble (Le Ciel).