lundi 14 janvier 2008

Sleeping People / Growing

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Il y a un truc vraiment marrant avec mon player : il lui arrive de mettre le dernier mp3 d’un album en début de liste, aussi lorsque j’écoute un disque ça commence par la fin -sans même que je m’en rende compte- avant que le reste ne suive, et ce défaut n’a rien à voir avec un problème de numérotation des pistes (j’ai vérifié). Le type qui s’est creusé la cervelle pour déterminer l’ordre des titres de son disque a fait tout ça pour rien, celui qui les enregistre dans l’ordre où ils ont été composés aussi. Parfois ce glissement donne des résultats amusants. Mais comme je n’arrive pas toujours à remettre le dernier titre à sa place j’en profite alors pour tout écouter en mode aléatoire.
Dans le cas du dernier album de Sleeping People, groupe instrumental et peut être digne héritier de Don Caballero, cette anomalie informatique est un bien : l’écoute de Growing en version virtuelle commence par le plus mauvais titre de l’album, People Staying Awake -un titre chanté, pour une fois, par un certain Rob Crow en special guest. Mais qui est donc Rob Crow ? Encore un fils caché de Bruce Lee ? Pas du tout : il s’agit du chanteur de Pinback, groupe dont j’ignorais l’existence même (enfin presque…) et dont je ferai tout à l’avenir pour éviter la musique. Je suis un mec intolérant.
Lorsque la version matérielle de Growing est arrivé sur la platine j’ai soudain écouté un tout autre disque puisque bien évidemment People Staying Awake s’y retrouve à la fin et donc suffisamment loin pour que j’en vienne à l’oublier, à oublier ses effets néfastes et répulsifs : point de comparaisons possibles entre l’indie pop lénifiante de fin de parcours et le math rock guilleret de tout le reste de l’album. Du coup, à force d’écouter systématiquement ce disque dans l’ordre et de squizer l’apparition de Rob Korbak, j’ai fini par trouver plein de petits défauts de partout à un album qui n’en méritait pas tant. C’est un peu tortueux et contradictoire comme cheminement, mais il y a de ça : dans le cas de Sleeping People, la faiblesse du disque était aussi sa force, un peu comme lorsque j’écoutais Love At First Sting en commençant par Still Loving You -cela rendait ma copine heureuse et me donnait ensuite l’impression d’être un homme alors que je n’étais qu’un petit puceau même pas acnéique.
Mais, après tout, les défauts de cet album ne sont pas si graves que ça. Ils sont juste inhérents au genre, un peu trop de mollesse et d’application -malheureusement les guitares ne décollent pas toujours autant que sur les deux premières minutes de Three kings- qui font qu’en concert Sleeping People doit tout à fait être le genre de groupe dont on a largement le temps d’admirer la couleur des chaussettes. Un groupe qui donne soif. Ou alors un groupe à écouter gentiment à la maison (avec bière et sans chaussettes si on veut) mais pas un truc qui donne fondamentalement envie de refaire sa vie de pépère, pas un disque non plus que l’on fera écouter à sa copine avant de lui sauter dessus. Définitivement une forme comme une autre d’académisme.