lundi 7 janvier 2008

Sheik Anorak + xbxrx

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C’est le premier concert de l’année et j’espère secrètement que je vais bien pouvoir en profiter car ce mois de janvier s’annonce plutôt morose : il n’y aura pas grand-chose à voir et à écouter d’ici le 27 et la venue tant attendue de Savage Republic. De là à dire que je me suis jeté sur la première occasion qui s’est présentée il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas -jusqu’ici Sheik Anorak n’a jamais été décevant en concert et je suis impatient de découvrir xbxrx sur scène et pas seulement parce que c’est Weasel Walter qui désormais tient la batterie, je suis assez fan des disques de ce groupe californien qui perpétue punk chaotique et no wave criarde avec naturel et fraîcheur. C’est dimanche et il pleut mais on s’en fout.

Sheik Anorak est un one man band et le jeune homme qui officie sous ce nom a cette particularité de préparer des boucles à la guitare, de triturer tout ça avec des effets puis de s’installer derrière une batterie où il conjugue la rythmique et ses boucles qu’il envoie à l’aide de pédales. L’orientation du concert de ce soir me paraît plus hachée et déglinguée qu’à l’accoutumée (ou alors c’est moi qui m’habitue ?), la guitare délaisse les traînées d’arpèges pour s’enfoncer dans des motifs nettement plus tordus. Il y a aussi un passage bruitiste au milieu que je trouve un peu long mais le final est explosif et prenant. Pour Sheik Anorak c’est l’une des meilleures fois et contrairement aux habitudes un deuxième titre est exécuté directement à la suite, parce que visiblement l’envie de jouer est la plus forte : c’est donc que tout le monde est content et il y a de quoi.























En arrivant dans la salle je n’avais pas réellement reconnu Weasel Walter, l’âge mon gars, et le bide aussi -tout comme moi. Il arbore une magnifique coupe de cheveux avec mèche tombante digne des jeunesses hitlériennes. Je regrette un peu ses petites cornes de diablotin confectionnées au gel qui pue. Ses deux petits camarades de xbxrx me paraissent extraordinairement jeunes en comparaison mais tout le monde est habillé de la même façon, pantalon rouge et chemise violette avec une bande jaune -disco jugend ?
En fait de dance party le concert démarre sur les chapeaux de roues et ne baissera quasiment jamais en intensité. xbxrx délaisse le côté catchy des compositions de War, le dernier album en date, et tire des rafales punks à cent à l’heure, pas le temps de respirer, les deux guitaristes rivalisent de contorsions et lorsque celui de droite lâche son instrument pour ne se consacrer qu’au chant il en profite alors pour jongler avec son micro ou faire une magnifique roulade sur la moquette immaculée des salons de Grrrnd Zero. De son côté Weasel Walter survole les débats, tout dans les poignets (belle frappe) et son seul jeu de scène consiste à faire une magnifique démonstration de headbanging, c’est assez amusant de voir le contraste de son attitude droite comparée aux deux autres zouaves de guitaristes qui se roulent par terre à la première occasion. Comme les disques de xbxrx le concert sera court mais on aura droit à un rappel. Seul regret : si le côté mélodique de la musique du groupe en prend un sacré coup derrière les oreilles sur scène, l’aspect no wave également -ça défouraille correctement mais j’aurais préféré un peu plus de torsions et de lames de rasoir.


















Après le concert Weasel Walter explique pourquoi il a quitté Chicago il y a quelques années pour s’installer en Californie (plus précisément à Oakland), déplorant que du côté de l’Illinois la scène n’est plus ce qu’elle était, qu’il n’y a plus un seul bon musicien et que l’on s’y emmerde dès que l’on souhaite faire une musique qui sorte de l’ordinaire. Il prétend aussi avoir retrouvé en Californie le même bouillonnement qu’il y avait à Chicago aux alentours de l’année 1995. Lorsque je lui demande s’il compte un jour rééditer Cataclysm, l’album fantôme des Flying Luttenbachers, il répond qu’il y songe et que ma question le conforte dans cette idée -avant d’ajouter : peut être que je vais le faire très bientôt. Merci beaucoup Walter.