mercredi 5 janvier 2011

Shub / Fuck My Luck























On s’en bat les couilles, on n’a qu’à l’enregistrer ce putain de disque et après on verra bien… Est-ce donc comme cela qu’il faut comprendre le titre de Fuck My Luck, le nouvel album de Shub ? Et le groupe de nous balancer directement dans les dents un The Last Battle Of Mohamed Jimmy Mohamed aussi instrumental que trompeur. Trompeur parce que ce titre puissant et linéaire (trop ?) donne une première opinion mitigée de l’album et, plus loin, les deux courts instrumentaux Concrete Mixer Blues concourent également à cette impression diluée, comme si Fuck My Luck n’était qu’un immense foutoir, une collection de titres envoyés à la volée. L’album précédent de Shub, l’excellent The Snake, The Goose & The Ladder, bien que comportant des compositions très différentes les une des autres, conservait malgré tout une certaine unité, s’écoutait du début à la fin, première face puis la seconde et hop on recommence, le tout avec le même bonheur. Fuck My Luck est un album plus difficile à appréhender bien que (peut être) plus léger – je veux dire avec moins de mélodrame même si la première moitié de Slaughterhouse Five s’inscrit tout à fait dans cette veine. Difficile à appréhender cela signifie que l’on doit s’accrocher à/pour ce disque et que malheureusement tous nos efforts ne sont pas forcément entièrement récompensés.
Sonnant plus mid tempo, Fuck My Luck déçoit donc avant de convaincre. Il reste décevant parce qu’il lui manque un aplomb, un esprit bravache et une arrogance à la hauteur de la qualité de certaines de ses compositions. Et il finit par se montrer convaincant parce que justement il comporte également des chansons aussi sidérantes que saisissantes. The Path est la première d’entre elles, avec son riff d’ouverture et ce plan où guitare et basse à l’unisson virevoltent/vrillent dans les airs, un moment tout simplement à chialer. Snob Song (et ses paroles hilarantes dans lesquelles je n’ai pu forcément que me reconnaître, la preuve : Shub c’était mieux avant), Success et son break théâtral vraiment génial, Slaughterhouse Five déjà cité mais il s’agit tout simplement de la meilleure composition de Fuck My Luck, The Winner et Faster (seul titre réellement speedé de l’album) renouent avec l’essentiel et l’inspiration : on sait alors pourquoi on aime tant la noise post punk de Shub, son brio, sa clarté, son intelligence et son immédiateté communicative. Shub c’est bien.
Par contre In Love With A Banker et Viva La Muerte laissent un peu plus perplexe, c’est forcément du Shub que l’on y entend mais le niveau de ces compositions n’est pas à la hauteur, il y manque quelque chose, un je ne sais quoi, ne serait que de l’entrain supplémentaire qui fait basculer une bonne idée vers quelque chose d’autrement meilleur. Ainsi Fuck My Luck est un album vraiment déséquilibré et comme coupé en deux : la première face du disque – intitulée Heaven et mémorablement mais uniquement sauvée par The Path – s’avérant bien moins excitante que la seconde, logiquement appelée Hell… J’aurais voulu le faire exprès que je ne m’y serais pas pris autrement.
Evidemment cet avis légèrement pisse-froid et anti méditerranéen au possible n’implique que la responsabilité de son auteur. Pour vous faire le votre et pour écouter Fuck My Luck en toute quiétude et dans son intégralité rendez-vous sur la page bandcamp de Shub – vous pouvez aussi vous procurer ce disque auprès de l’un des sept labels qui ont participé à sa parution avec par ordre alphabétique : A Tant Rêver Du Roi, Assos’Y’Song, Contreplaqué records, Goback records, Karaoke 666, Rejuvenation et Whosbrain.