lundi 3 janvier 2011

Alone With King Kong / Three Hats On One Head























Trois chapeaux sur la même tête, en ces temps douloureux de gueule de bois et de casque en plomb le pari semble plutôt risqué. Alone With King Kong et Three Hats On One Head, premier EP du groupe datant déjà de novembre 2010, sont revenus hanter le mange-disque presque par hasard : qu’est ce que je vais bien pouvoir écouter aujourd’hui ? Le hasard c’est ce truc assez essentiel dès que l’on veut choisir de la musique, par définition il ne dépend pas de nous mais il peut très bien faire les choses, surtout lorsqu’il a décidé d’embarquer dans l’histoire son meilleur ami, le facteur temps, cet autre truc essentiel qui permet d’ouvrir des portes secrètes ou au contraire de les fermer définitivement.
Les gens de Chez Kito Kat (label basé à Richemont, en Moselle) aiment beaucoup la pop, à 666rpm pas vraiment voire même pas du tout. Ils ont donc bien fait d’envoyer ce disque promotionnel très élégant et fait maison à notre service Ecoute & Découverte de Nouveaux Talents – lequel n’est pas réellement débordé en ce moment il faut bien le dire. Three Hats On One Head a mis du temps pour refaire surface, sans jouer des coudes, tout simplement, mais désormais il est bel et bien là.
A la lecture de la biographie/mode d’emploi du disque on croit comprendre que Alone With King Kong est un projet solo mené par un multi-instrumentiste légèrement maniaque sur les bords et parfois aidé d’un batteur et d’un contrebassiste. Notre garçon joue absolument de tout ou presque c'est-à-dire qu’il chante, fait les chœurs, gratouille un ukulélé, une guitare, une basse, tapote sur les touches d’un piano, d’un farfisa, souffle dans un trombone et un harmonica, s’essaie au mélodica et accessoirement s’amuse avec un tambourin. Surtout il doit aimer s’enfermer dans un coin qui n’appartient qu’à lui pour composer les mélodies de ses pop songs et il faut reconnaître qu’il a un talent certain pour cela.
La première chose que l’on remarque, sur Let’s Call It A song, c’est ce son de basse et surtout l’attaque sèche et ronde qui fait sonner cet instrument comme à nul autre pareil. Un parfait son 60’s que l’on va retrouver tout au long de Three Hats On One Head. Mais le plus beau c’est le beat de No Art et son groove élastogène irrésistible entre dynamisme et nonchalance, celui qu’a si bien défini qui-vous-savez sur des chef-d’œuvres aussi intemporels que With A Little Help From My Friends ou Penny Lane. L’influence britannique est palpable et même semble-t-il revendiquée par Alone With King Kong : on la retrouve à nouveau sur Better Than Mine (encore ce foutu beat) et ailleurs dans les harmonies vocales de Grandpa’s Last Blues même si les mélodies jouées au glockenspiel et à l’harmonica donnent un côté plus désuet et donc contrasté et réussi. Dès lors qu’un groupe réussit à transplanter chez lui l’héritage écrasant des Beatles sans se vautrer ni avoir l’air d’un clone en lice pour le grand concours international de niaiserie œcuménique (est ce que j’ai déjà dit que je détestais les Sundays ?) on peut dire qu’il a tout bon. Alone With King Kong a vraiment tout bon de ce côté-là mais, seul petit regret, le timbre de la voix parait bien trop neutre parfois – rien de grave et par contre l’accent anglais est lui absolument irréprochable, on s’y croirait.