Tout commence par une banale discussion sur les goûts et les couleurs : à ma droite un guitariste/multi-instrumentiste et patron de label plutôt orienté noise et free, à ma gauche un batteur émophile, également chanteur pour le comité des fêtes de la Schutzstaffel, graphiste talentueux et patron de label lui aussi. Les deux se découvrent quelques goûts en commun pendant une pause clope au travail et décident alors de répéter ensemble, d’abord pour rigoler un peu et prendre du bon temps – mais n’est-ce pas là la meilleure raison pour monter un groupe et commencer à faire de la musique ? Et cela plait terriblement à nos deux amis. Le groupe s’appellera donc Neige Morte, une référence cinématographique assez douteuse, se lancera sans trop savoir où il va exactement dans le black metal et le line-up sera très rapidement augmenté d’un hurleur patenté en la personne d’un chanteur encore tout fraîchement débarqué d’Overmars.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre et après une petite poignée de concerts seulement, Neige Morte publie un premier enregistrement, dont il est question ici, sur Aurora Borealis (on a déjà vu nettement pire comme entrée en matière discographique). Ces sessions datent déjà d’une année et représentent cinq titres pour une grosse demi-heure. Le résultat, pouvant à première vue paraître bigarré et incertain, laisse entrevoir les aspirations de chacun de ses membres : les guitares sont saturées mais dissonantes et bidouillées à mort – normal quand on est fan de Krallice ou de Liturgy –, la batterie ultra puissante reste très linéaire et martelée à la crust – normal lorsqu’on est un sale punk – et le chant flirte sans cesse avec les hurlements et les immondices – logique lorsqu’on est en colère. N’allez tout de même pas croire que ce premier disque n’est qu’un fourre-tout en guise d’exutoire aux désirs de ses différents protagonistes. En fait c’est presque tout le contraire : ici tout se tient et si l’aficionado un rien pointilleux et exégète en matière de black metal ne pourra pas s’empêcher de noter la qualité technique relative de l’exécution, si tel autre regrettera la non orthodoxie des riffs, si celui-là se montrera un brin mécontent des parties bidouillées de guitare, si celui-ci trouvera qu’il y a trop de passages ambient avec invectives hurlées, bruissements inquiétants de vent ou bêlements de biquettes, ces cinq titres restent d’une crudité et d’une cruauté sans nom et ce qui en ressort avant tout c’est le son bien sûr, si particulier, ainsi que l’ambiance malsaine d’un disque aussi fulgurant que sale (écoutez moi donc le début oppressant de Tout Sonne Faux, les décharges de Need Some Air, ainsi que Fausse Victime Vrai Bourreau).
Peut être sans le vouloir, Neige Morte a donc réussi à mettre sur pied et faire tenir debout une musique qui doit autant à la fureur crust qu’aux dissonances d’un metal dévoyé et sanguinolent. Les choses évolueront sûrement puisque depuis cet enregistrement – en comptant également un tout dernier à paraitre au mois d’avril prochain chez Music Fear Satan sur un 10 pouces partagé avec le génial The Austrasian Goat – Neige Morte a changé de batteur et a donc perdu son élément le plus punk. Le petit nouveau, batteur du duo math noise lyonnais Burne, se débrouille très bien aussi question chaos mais a une approche bien plus technique de la chose. A suivre, donc…
Aussi étonnant que cela puisse paraitre et après une petite poignée de concerts seulement, Neige Morte publie un premier enregistrement, dont il est question ici, sur Aurora Borealis (on a déjà vu nettement pire comme entrée en matière discographique). Ces sessions datent déjà d’une année et représentent cinq titres pour une grosse demi-heure. Le résultat, pouvant à première vue paraître bigarré et incertain, laisse entrevoir les aspirations de chacun de ses membres : les guitares sont saturées mais dissonantes et bidouillées à mort – normal quand on est fan de Krallice ou de Liturgy –, la batterie ultra puissante reste très linéaire et martelée à la crust – normal lorsqu’on est un sale punk – et le chant flirte sans cesse avec les hurlements et les immondices – logique lorsqu’on est en colère. N’allez tout de même pas croire que ce premier disque n’est qu’un fourre-tout en guise d’exutoire aux désirs de ses différents protagonistes. En fait c’est presque tout le contraire : ici tout se tient et si l’aficionado un rien pointilleux et exégète en matière de black metal ne pourra pas s’empêcher de noter la qualité technique relative de l’exécution, si tel autre regrettera la non orthodoxie des riffs, si celui-là se montrera un brin mécontent des parties bidouillées de guitare, si celui-ci trouvera qu’il y a trop de passages ambient avec invectives hurlées, bruissements inquiétants de vent ou bêlements de biquettes, ces cinq titres restent d’une crudité et d’une cruauté sans nom et ce qui en ressort avant tout c’est le son bien sûr, si particulier, ainsi que l’ambiance malsaine d’un disque aussi fulgurant que sale (écoutez moi donc le début oppressant de Tout Sonne Faux, les décharges de Need Some Air, ainsi que Fausse Victime Vrai Bourreau).
Peut être sans le vouloir, Neige Morte a donc réussi à mettre sur pied et faire tenir debout une musique qui doit autant à la fureur crust qu’aux dissonances d’un metal dévoyé et sanguinolent. Les choses évolueront sûrement puisque depuis cet enregistrement – en comptant également un tout dernier à paraitre au mois d’avril prochain chez Music Fear Satan sur un 10 pouces partagé avec le génial The Austrasian Goat – Neige Morte a changé de batteur et a donc perdu son élément le plus punk. Le petit nouveau, batteur du duo math noise lyonnais Burne, se débrouille très bien aussi question chaos mais a une approche bien plus technique de la chose. A suivre, donc…