En 2010, je n’aurais jamais cru que l’annonce d’une reformation de Big’N allait pouvoir susciter autant d’enthousiasme et de réactions globalement positives. Archétype de la noise chicagoan des 90’s pour les uns, seconds couteaux pour les autres, les quatre Big’N n’auront, du vivant de leur groupe, publié que deux albums, Cutthroat en 1994 et Discipline Through Sound en 1996 – les deux sur Gasoline Boost, un label allemand* monté par un fan de noise complètement inconscient et qui au passage a aussi publié le premier album de Shorty (Skingraft rejoindra l’aventure en s’associant à la sortie de Discipline Through Sound). Big’N avait également enregistré une petite flopée de titres dispatchés sur presque autant de 7’ et de split singles et réunis pour la première fois sur ce Dying Breed, CD compilatoire parvenu jusqu’à nos oreilles grâce aux efforts fanatiques d’Africantape**. C’est donc très logiquement aussi que Big’N constituera l’une des têtes d’affiches incontournables de la première Convention Annuelle Des Cassettes Africaines qui se tiendra à Lyon à la fin du mois d’avril prochain***.
Dying Breed est une bénédiction. Et le pire cauchemar des collectionneurs de raretés qui s’enorgueillissent pompeusement de posséder tous les disques – même le plus obscur single – d’un groupe que l’on croyait oublié : il y a presque tout ce qu’il pouvait y avoir de rare de Big’N sur ce disque et même plus encore. Presque tout ce sont ces singles incandescents et malsains, plus ce sont des versions démos avec quelques inédits qui parcourent le disque. Lequel n’a pas été compilé de manière chronologique. Ainsi Dying Breed démarre avec Dirtfarmer, titre qui figurait sur l’album Cutthroat de Big’N mais présenté ici dans sa version du split single avec Pencil et qui est donc différente ; pendant ce temps là, Godawful, première face du tout premier single de Big’N, a été relégué en troisième position du disque et on ne découvrira Small Giant (la face B, bien meilleure) que vers le fin du programme. A défaut de bien saisir la formidable montée en puissance qu’a constitué la discographie de Big’N (le couple Godawful/ Small Giant, seuls titres enregistrés avec le bassiste Chris Johnson en 1991, étant encore un peu faiblard à mon goût), Dying Breed tord le cou aux détracteurs de Big’N qui voyaient dans le groupe une version bien trop simpliste de cette noise made in Chicago qui en avait retourné plus d’un au milieu des années 90, la gueule ensanglantée contre le mur. Il suffit d’écouter pour se rendre compte qu’au contraire il n’y avait peut être rien de mieux que cette batterie de malade (Brian Wnukowski), cette basse de boucher (Michael Chartrand), cette guitare de tueur (Todd Johnson, oui c’est de frère d’Al Johnson de Shorty et US Maple) et ce chant de psychopathe à la fois hors de lui et étouffé (William Akins).
Le simplisme supposé de la musique de Big’N n’est qu’un leurre et n’arrive bien évidemment pas à cacher ni à entacher une réelle efficacité (Old Negro Work Song présenté ici en version demo et dont la version initiale figurait sur le split posthume partagé avec Oxes) et une violence frontale élevée purement et simplement au rang de grand art. Et réfléchissons un peu plus – mais pas trop quand même : ce n’est pas pour rien que les quatre Big’N excellaient autant dans les reprises d’AC/DC. On connaissait déjà celle de TNT à l’origine publiée par Skingraft sur un double split single en 1996 avec Shellac, US Maple et Brise Glace. On découvre ici celle de Dirty Deeds Done Dirt Cheap, meilleure encore : Big’N est bien le seul groupe capable de transposer à sa sauce toute la rage d’une vieille composition rock’n’roll des frères Young et de Bon Scott sans jamais avoir l’air ridicule. Je ne connais pas beaucoup de groupes capables d’un tel exploit.
Dying Breed est une bénédiction. Et le pire cauchemar des collectionneurs de raretés qui s’enorgueillissent pompeusement de posséder tous les disques – même le plus obscur single – d’un groupe que l’on croyait oublié : il y a presque tout ce qu’il pouvait y avoir de rare de Big’N sur ce disque et même plus encore. Presque tout ce sont ces singles incandescents et malsains, plus ce sont des versions démos avec quelques inédits qui parcourent le disque. Lequel n’a pas été compilé de manière chronologique. Ainsi Dying Breed démarre avec Dirtfarmer, titre qui figurait sur l’album Cutthroat de Big’N mais présenté ici dans sa version du split single avec Pencil et qui est donc différente ; pendant ce temps là, Godawful, première face du tout premier single de Big’N, a été relégué en troisième position du disque et on ne découvrira Small Giant (la face B, bien meilleure) que vers le fin du programme. A défaut de bien saisir la formidable montée en puissance qu’a constitué la discographie de Big’N (le couple Godawful/ Small Giant, seuls titres enregistrés avec le bassiste Chris Johnson en 1991, étant encore un peu faiblard à mon goût), Dying Breed tord le cou aux détracteurs de Big’N qui voyaient dans le groupe une version bien trop simpliste de cette noise made in Chicago qui en avait retourné plus d’un au milieu des années 90, la gueule ensanglantée contre le mur. Il suffit d’écouter pour se rendre compte qu’au contraire il n’y avait peut être rien de mieux que cette batterie de malade (Brian Wnukowski), cette basse de boucher (Michael Chartrand), cette guitare de tueur (Todd Johnson, oui c’est de frère d’Al Johnson de Shorty et US Maple) et ce chant de psychopathe à la fois hors de lui et étouffé (William Akins).
Le simplisme supposé de la musique de Big’N n’est qu’un leurre et n’arrive bien évidemment pas à cacher ni à entacher une réelle efficacité (Old Negro Work Song présenté ici en version demo et dont la version initiale figurait sur le split posthume partagé avec Oxes) et une violence frontale élevée purement et simplement au rang de grand art. Et réfléchissons un peu plus – mais pas trop quand même : ce n’est pas pour rien que les quatre Big’N excellaient autant dans les reprises d’AC/DC. On connaissait déjà celle de TNT à l’origine publiée par Skingraft sur un double split single en 1996 avec Shellac, US Maple et Brise Glace. On découvre ici celle de Dirty Deeds Done Dirt Cheap, meilleure encore : Big’N est bien le seul groupe capable de transposer à sa sauce toute la rage d’une vieille composition rock’n’roll des frères Young et de Bon Scott sans jamais avoir l’air ridicule. Je ne connais pas beaucoup de groupes capables d’un tel exploit.
*c’est sans doute pour cela qu’aujourd’hui on trouve encore Cutthroat en distribution chez X-Mist (à un prix ridicule, même pour un CD)
** un mini album avec que des enregistrements récents est également prévu, toujours sur le même label, pour le mois d’avril
*** Big’N en profitera pour faire deux autres dates françaises avant de retourner à Chicago : une à Rennes le 28 avril avec Oxes et Papaye (incontournable) et l’autre à Paris le 29 avril (en toute logique), toujours en compagnie des deux mêmes groupes.