Pour une fois parlons d’un livre mais attention, pas d’un livre qui se lit pour de vrai avec des mots dedans (une activité dangereuse qui la plupart du temps empêche d’écouter correctement de la musique en même temps) mais parlons d’un livre d’illustrations et pas de n’importe quelles illustrations : 300 Images Sauvages a été édité grâce aux efforts de Barbe A Pop, association on ne peut plus active sur Lyon dans le domaine de l’organisation de concerts et la défense des cultures underground de tous poils et dont on a encore récemment parlé à propos d’un jugement hallucinant dans le procès intenté contre l’affichage libre dans cette ville de lumière et de culture.
Le projet de 300 Images Sauvages est à la fois très simple et ambitieux. Le livre collecte autant de reproductions d’affiches crées à l’occasion de l’organisation de concerts entre les années 2004 et 2009. Un édito souligne qu’il s’agit d’une période charnière à Lyon, consécutive à la fermeture du Pezner, du [kafé myzik] mais avec la naissance de Grrrnd Zero puis du Sonic, mouvement de réorganisation des musiques undeground voyant dans un même temps l’activation de nombreuses associations pour certaines extrêmement dynamiques et imaginatives.
Le projet de 300 Images Sauvages est à la fois très simple et ambitieux. Le livre collecte autant de reproductions d’affiches crées à l’occasion de l’organisation de concerts entre les années 2004 et 2009. Un édito souligne qu’il s’agit d’une période charnière à Lyon, consécutive à la fermeture du Pezner, du [kafé myzik] mais avec la naissance de Grrrnd Zero puis du Sonic, mouvement de réorganisation des musiques undeground voyant dans un même temps l’activation de nombreuses associations pour certaines extrêmement dynamiques et imaginatives.
On feuillette donc ce livre dont les illustrations sont plus ou moins classées par concepteur puis par ordre chronologique. Quelques dessinateurs ou bidouilleurs d’affiches attirent l’œil et notre préférence : les collages tellement bien léchés de Nabil, les personnages grotesques et/ou mutants du commissaire et surtout les images de Jüül, certes parfois complètement illisibles mais tellement belles (c’est mon côté gothique qui me fait dire ça). Et puis il y a toutes les autres affiches, celles que l’on n’aime pas, celles que l’on trouve carrément moches… mais qu’importe ? Elles permettent de se rappeler de certains concerts, on regrette de ne pas s’être déplacé à d’autres et éventuellement on découvre des affiches et des soirées dont on n’avait même pas eu connaissance alors. A la fois boite de Pandore et catalogue militant, 300 Images Sauvages est la preuve éclatante de l’hyper activité lyonnaise en matière de musiques souterraines. Presque un manifeste de contre culture dans une ville où - répétons-le - l’évènement de masse, la couverture médiatique et une forte propension à l’autocélébration semblent être les seuls critères retenus par les responsables locaux en matière de politique culturel et d’obtention de subsides.
La réussite du livre ne doit cependant pas cacher les problèmes récurrents qui touchent de plein fouet les organisateurs de concerts underground à Lyon : cette honteuse et inadmissible série de procès contre l'affichage libre par faire court. On ne parlera même pas des convocations au commissariat du coin à chaque fois qu’un voisin ne peut plus entendre sa tv après 20h30 ou faire déjecter son clébard sur le trottoir en bas de chez lui sans croiser un jeune amateur de musique à l’allure forcément louche et dangereuse. Précisons également que bien qu’ayant fêté son troisième anniversaire en avril dernier, le Sonic touchera pour la première fois en 2010 une subvention municipale à hauteur de 10 000 euros (il était temps !), ce qui finalement parait bien peu au regard du travail fourni quotidiennement par cette structure devenue incontournable dans le paysage. Rappelons enfin que Grrrnd Zero sera bientôt au pied du mur : les plaintes du voisinage se multiplient à l’occasion des concerts se déroulant au Rail Théâtre de Vaise (salle dont l’utilisation est gérée par une convention on ne peut plus bancale et qui arrive bientôt à expiration) et le collectif devra également quitter ses locaux vétustes de Gerland prêtés par la mairie à très moyen terme. L’avenir proche n’a donc rien de radieux et de certain. Les acteurs des musiques underground à Lyon ont besoin de bien plus que des promesses vagues et anesthésiantes. Ou alors opter pour le retour à une certaine clandestinité et les concerts quasi privés en appartement.