Crazy Rhythms : je crois que l’on peut faire difficilement plus essentiel* que cette réédition du premier album des Feelies, disque datant déjà et de manière assez incroyable de 1980. Bar/None records et Domino (pour l’Europe) l’ont effectivement ressorti – en CD mais également en vinyle s’il vous plait – ainsi que The Good Earth (1986). Il y a tout un monde entre ces deux premiers enregistrements, six années ce n’est pas rien et surtout ce n’était plus vraiment le même groupe, plus exactement la même musique. A chacun alors de préférer telle ou telle période des Feelies. Le groupe a en effet survécu jusqu’en 1992 et quatre albums, a fait de nombreux émules, a pourri de désespoir tout ce que le petit monde indépendant américain pouvait compter de musiciens sans aucun talent. Mais Crazy Rhythms reste une sorte de pierre angulaire de l’indie rock U.S., une comète éternellement brillante en mode combustion perpétuelle et revenant nous éclairer régulièrement, magiquement.
Difficile donc de croire que cet album a déjà vingt-neuf printemps. Même si on ne l’écoute – ce qui est mon cas – que depuis une bonne vingtaine d’année, grâce au hasard d’une rencontre et d’une discussion nocturne. Crazy Rhythms a gardé intactes toute sa fraîcheur et toute sa pertinence. Son allant. Sa spontanéité. Un trésor de musique. A l’époque, outre la paire de guitaristes/chanteurs composés de Bill Million et de Glenn Mercer, The Feelies comprenait une section rythmique des plus étonnantes – et donc folle – avec Keith DeNunzio à la basse et Anton Fier à la batterie (qui connaîtra la carrière que l’on sait dans l’underground jazz et expérimental new-yorkais au sein des Lounge Lizards ou aux côtés de John Zorn). Ces deux là quitteront The Feelies, rendant définitif mais également inimitable l’esprit d’un premier album inégalé.
On objectera éventuellement que tous les titres de Crazy Rhythms ont été coulés dans le même moule avec rythmiques enlevées, guitares au son clair (marque de fabrique) et dissonances velvetiennes – au hasard European Son – comme sur le final incroyable de Loveless Love, chef d’œuvre archétypal et incontournable. C’est tout à fait vrai mais est ce réellement important lorsqu’on parle d’un album de neuf chansons et qui dure une grosse demi heure ? Evidemment non et heureusement non est on tenté de dire en même temps : la pop speedée de Crazy Rhythms se suffit à elle-même, est une définition du genre et avale au passage Everybody’s Got Something To Hide (Except Me And My Monkey), reprise d’un titre de l’album blanc des Beatles qui devient logiquement un titre des Feelies comme un autre. Brillant et essentiel.
On objectera éventuellement que tous les titres de Crazy Rhythms ont été coulés dans le même moule avec rythmiques enlevées, guitares au son clair (marque de fabrique) et dissonances velvetiennes – au hasard European Son – comme sur le final incroyable de Loveless Love, chef d’œuvre archétypal et incontournable. C’est tout à fait vrai mais est ce réellement important lorsqu’on parle d’un album de neuf chansons et qui dure une grosse demi heure ? Evidemment non et heureusement non est on tenté de dire en même temps : la pop speedée de Crazy Rhythms se suffit à elle-même, est une définition du genre et avale au passage Everybody’s Got Something To Hide (Except Me And My Monkey), reprise d’un titre de l’album blanc des Beatles qui devient logiquement un titre des Feelies comme un autre. Brillant et essentiel.
Cette nouvelle réédition propose quelques bonus disponibles uniquement en mp3 et ce quelque soit la version – CD ou LP – que l’on s’est procurée. La bonne idée c’est de ne pas avoir remis la reprise de Paint It Black des Rolling Stones rajoutée sur la précédente réédition CD (1990) de Crazy Rhythms et qui n’avait rien à faire là puisque ni Keith DeNunzio ni Anton Fier ne jouaient dessus. Par contre on trouve la version single de Fa Cé-La, deux versions démo (The Boy With The Perpetual Nervousness et Moscow Nights) et deux titres live, Crazy Rhythms et une version amphétaminée et excellente d’I Wanna Sleep In Your Arms des Modern Lovers (le groupe de Jonathan Richman, encore un type terriblement en avance sur son temps).
* pourtant cette année est déjà bien chargée question rééditions incontournables avec les albums de Jesus Lizard chez Touch & Go, le Fuckfest d’Oxbow chez Hydra Head, les trois premiers albums des Beasts Of Bourbon chez Provenance records ou les deux uniques albums d’Iron Monkey chez Earache…