mercredi 4 novembre 2009

Brutal Truth / For The Ugly And The Unwanted This Is Grindcore


Il faut être complètement malade pour s’enquiller d’affilée les cinq concerts (et près de quatre heures) de Brutal Truth que propose ce DVD. For The Ugly And The Unwanted This Is Grind Core a été compilé grâce aux bons soins du label marseillais Season Of Mist qui sur ce coup là ne s’est pas foutu de la gueule du chaland. Il faut être complètement malade mais qu’est ce que c’est bon. Et je me contrefous de cette théorie - que je défends d’ordinaire - digne des pires blasés du bulbe et qui stipule qu’un concert à la maison, confortablement calé dans le canapé entre le pack de binouses et le paquet de cacahouètes, c’est aussi bon et fort qu’une photo de mariage prise à Eurodisney devant le galion de Pirates Des Caraïbes ou le château de La Belle Au Bois Dormant.
Il y a deux parties dans ce DVD. La première est un concert intégral tourné lors de l’édition 2007 du Obscene Extreme Festival, haut lieu de la grinderie mondiale et du metal de barges qui se tient tout les ans en République Tchèque. Brutal Truth venait alors de se reformer, incluant dans ses rangs un nouveau guitariste, Erik Burke. La seconde est constituée d’archives datant de 1997 et 1998 donc pendant la tournée consécutive à l’album Sounds Of The Animal Kingdom et avec Brent McCarthy à la guitare.























La prestation de Brutal Truth sur le concert tchèque est en tous points parfaite. Dan Lilker (à qui on a prêté une basse, pour l’occasion il joue sur une Rickenbacker) mène la danse avec la complicité de Rich Hoak, le batteur le plus rapide du monde et doté d’une frénésie du poignet droit qui doit le rendre imbattable à n’importe quel jeu de fight sur console et lui permet de faire des blasts rarement égalés. Kevin Sharp est sans chapeau mais pieds nus, il est toujours ce hurleur délirant désormais doté d’un ventre de buveur de bière qui commence à être conséquent. Erik Burke, le petit nouveau, est un bon guitariste, consciencieux mais efficace. Or, malgré toutes ses qualités, ce concert finit par devenir lassant : Brutal Truth y ressemble plus à une machine de guerre implacable qu’à un groupe de grind foutraque et punk a fuck. Non on ne va pas bouder notre plaisir mais reconnaissons que cela sent fort le lubrifiant et la salle de sport. Un manque de spontanéité peut être du au fait que le groupe venait juste de se retrouver.
Il n’en est pas de même avec le concert enregistré au Iron Duke de Sidney en 1998. La prise de son est moins bonne, il n’y a qu’une seule caméra (contre cinq ou six pour la Tchéquie) mais Brutal Truth y est au sommet de sa folie dévastatrice et auto destructrice. Kevin Sharp est un super héro destroy et bondissant et surtout Brent McCarthy est exceptionnel, sortant des riffs tordus et complètement malades de sa guitare, écrasant d’un seul accord létal tout l’art appliqué d’un Erik Burke. Un moment de violence viscéralement hypnotique et désaxé.
Les trois autres concerts (Cartoons à Adelaide en 1998, Berkeley Square en 1997 et le Vatican de Houston en 1998) sont d’une intensité moindre, sans compter que le son est parfois très mauvais - il faut vraiment tendre l’oreille pour deviner que le concert à Berkeley démarre par Choice Of A New Generation. Mais rien que pour celui de Sidney For The Ugly And The Unwanted This Is Grind Core est à visionner d’urgence, quitte à tomber en rade de bières parce que l’on a laissé passer l’heure du ravitaillement.