mardi 24 novembre 2009

Todd / Big Ripper























Il y avait de quoi être triste à l’annonce de la séparation de Todd… enfin de séparation on n’en a jamais été très sûr : d’abord un changement de line-up, puis un changement de nom, puis plus rien. Et surtout pas l’espoir de pouvoir réécouter un jour cette grosse chiasse noise rock vous dégoulinant dans les oreilles. Le dernier album du groupe, Comes To Your House, datait déjà de 2006. Eugene Robinson en personne était venu y pousser la chansonnette sur un titre et mis à part une demi poignée de singles (dont celui-ci, particulièrement excellent et dont je pensais qu’il était le chant du cygne de Todd) on n’avait plus de nouvelles de Craig Clouse, la tête pensante de Todd, guitariste et chanteur de son état, l’homme qui composait tout, enregistrait tout et se tapait même Fifi Cernoskek, la bassiste du groupe, faut dire qu’elle était également sa femme dans la vraie vie*. Fifi a quitté le navire, le second guitariste et le batteur aussi. C’est donc avec un line-up renouvelé au trois quart que Todd revient aux affaires avec un nouvel album, Big Ripper, sur un nouveau label, Riot Season, lequel publie également les enregistrements bordéliques des affreux Shit And Shine (dont Clouse est aussi un illustre membre).
La meilleure nouvelle – musicale s’entend, parce que si tu veux des vraies bonnes nouvelles tu ferais mieux d’aller lire ailleurs si j’y suis – c’est donc cette résurrection d’un groupe que l’on croyait disparu trop tôt et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, on peut déjà affirmer haut et fort que Big Ripper rentrera directement dans les dix premières places de notre classement Top Of The Dope 2009, rien de moins (oui, l’année s’achève, c’est bientôt l’heure des bilans – saignants, sanguins, malhonnêtes et tout ce que tu voudras).
Si j’ai l’air euphorique comme ça, à parler d’un album qui tourne en boucle à la maison depuis une bonne semaine, c’est tout simplement parce qu’à chaque écoute je suis à deux doigts de me faire dessus tellement je jouis. Pour faire simple, remémorez vous un peu les très bons moments que vous avez passés dans les bras de Todd à vous faire découenner les méninges et décapsuler le conduit auditif sur Purity Pledge et Comes To Your House et multipliez ça par autant de fois que vous le pourrez, mais c’est à vos risques et périls. Si les enregistrements précédents de Todd foutaient le feu à la baraque, enflammaient les esprits et embrasaient les corps, Big Ripper les surpassent en effet aisément : voilà un disque encore plus bordélique, anarchique, encore plus bruyant, sans aucune trace de mélodies ou d’efforts de composition et qui plus est voilà un enregistrement doté d’un son particulièrement crasseux et baveux. Un disque qui en fout de partout, explose de toutes parts, vous colle contre le mur, vous écrase, vous éclate. Question petites nouveautés on remarque cette guitare au son particulièrement aigu qui se lance régulièrement en solo de façon calamiteuse, sapant ce qui aurait pu ressembler à du psychédélisme heavy seventies pour le transformer en raclement de truelle et couinement de chien de laboratoire. On remarque également French And In France et French And Out Of France, deux instrumentaux bizarroïdes et rampants, du poison pour nous achever. Sinon, des titres rapides, furieux, bruyants et courts il y en a plein sur Big RipperHappy Easter Florida par exemple. On trouve également du lourd et du suintant, tel Best Plaid Plans drivé par une ligne de basse qui le fait ressembler à du Cows caoutchouteux, ralenti et sous acide. Au total treize titres de fureur animale incontrôlée, hargneuse et malade – et pour la première fois de ma vie je me mettais presque à apprécier les chemises à carreaux**.

* depuis Craig Clouse s’est mis au vélo, comme en attestent les photos du groupe incluses dans le livret du disque, mais bien sûr tout ça n’a rien à voir
** ce qui n’a rien à voir non plus