vendredi 13 novembre 2009

Microfilm / The Bay Of Future Passed


The Bay Of Future Passed est déjà le troisième album de Microfilm, le meilleur groupe français de rock instrumental du monde, après un Stereodrama qui avait marqué les esprits et les mirettes grâce à des vidéos 3D vintage (c'est-à-dire à visionner avec des lunettes comprenant un filtre bleu à droite et un filtre rouge à gauche). Je fais exprès de parler de rock instrumental et non pas de post rock tout simplement parce que Microfilm est l’un des très rares groupes du genre à savoir insuffler une réelle énergie dans sa musique, vous coller de la trépidation entre les oreilles (et dans les yeux) sans avoir recours aux structures trop compliquées ni aux arpèges putassiers utilisés comme cache misère par les types qui s’écoutent incessamment jouer tellement ils n’ont rien à dire - c’est même pour ça qu’ils ne chantent pas ces abrutis - et nous font perdre notre temps et notre patience, pas très grande c’est vrai. Head records s’est chargé de la version CD de The Bay Of Future Passed et pour les ayatollahs accrocs au plastoc Rejuvenation, Theatre records, Migouri et Impure Musik se chargeront de la version LP, forcément beaucoup plus belle mais aussi plus chère et qui viendra plus tard lorsque tout ce beau monde aura fini de régler ses comptes et de payer l’usine de pressage. On se contentera donc pour l’instant de la version de douze centimètres qui en jette quand même pas mal.
C’est que visuellement The Bay Of Future Passed est une réussite avec son illustration rappelant un film des années 50 - Alfred Hitchcock ? Otto Preminger ? Rear Window ? Anatomy Of Murder ? non, aucun de ceux là : l’extrait de film utilisé sur Blood Sample est terriblement parlant (sic) et semble directement relié au visuel du disque sauf que je suis absolument incapable de mettre un nom sur le film dont il est effectivement tiré. Pour en revenir à la présentation même de l’objet, on remarquera aussi le petit trou dans le carton à l’endroit où la balle a traversé le corps et en bas à gauche se trouve la lettre G entouré d’un carré et de la mention suggested for all audience façon visa de censure américaine des films.























Extraits de dialogues, références incessantes au cinéma : le principe de la musique de Microfilm n’a donc changé en rien depuis A Journey To The 75th (2004) et Stereodrama (2007). L’accroche est peut être un peu moins évidente car la vitesse de croisière des sept titres est un peu plus lente qu’auparavant et que le disque ne démarre pas sur un titre aussi flamboyant que Dpt 1, l’ouverture exaltante de Stereodrama. Brute Force se révèle être quand même un sacré moment de suspens musical, tout comme le passionnant Blood Sample déjà mentionné : si le rythme général est moins vivace, les ambiances plus froides, Microfilm arrive tout autant à vous harponner avec sa simplicité évidente (évidente simplicité ?) et réussit donc son pari de faire évoluer sa musique sans perdre l’auditeur en route, comme si on se retrouvait soudain en plein milieu d’un polar introspectif et futuriste - Alphaville ? non plus : la teneur du morceau titre The Bay Of Future Passed très indie pop évoquerait plutôt une sociologie sentimentale façon The Unbelievable Truth ou Trust Me. Mon seul regret concerne la deuxième version de Blood Sample fort heureusement placée en fin de disque, une version entièrement jouée au piano et rappelant les errements mièvreux d’un groupe instrumental écossais que je déteste tellement que je ne saurais le nommer ici.
Et pour celles et ceux qui ont toujours été gêné(e)s par l’utilisation des samples mixés en avant par rapport à la musique, sachez que de ce côté-là rien n’a changé : on les entend toujours aussi bien mais le film parcellaire qu’ils évoquent se fond complètement dans le paysage musical du groupe et inversement - le plus fort c’est qu’en concert cela fonctionne aussi parfaitement.