lundi 18 février 2008

Merrell, Baker & Jordan

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Aucune raison pour le branleur moyen de jeter une oreille, même distraite, sur Nagual, un CD publié par Archive recordings. Encore un disque de paysages électroniques ambiants où il ne se passe pas grand-chose, la terre qui copule avec le ciel ou l’inverse (je ne sais pas) pendant que le soleil se couche dans son coin et que le panos se diffuse plus rapidement dans le sang grâce à une bonne rasade de vodka glacée. Trip intérieur et recroquevillement en position foetale assurés. Promis demain je sors de mon lit et je prends une douche. Mais la curiosité est plus forte que le chat, même à l’heure de la sieste dans la chaleur d’un rayon de soleil : sur ce disque jouent un certain Todd Merrell ainsi que Patrick Jordan, ces deux là manipulent les ondes courtes, les transforment avec des petites machines dont le secret de l’utilisation m’est autant inconnu que le curriculum vitae des deux protagonistes. Deux ? Ah non, en fait il y en a un troisième, celui qui fait que ce disque se fraye un peu plus facilement que la moyenne un chemin vers les platines ou les ordinateurs domestiques : Aidan Baker, l’homme derrière Nadja est également de la partie, avec sa guitare toute trafiquée -à la fois le cauchemar revendiqué et le désir inavouable de tout guitar hero en pleine crise de mysticisme.
La photo de la pochette (une forêt avec un effet miroir) est plutôt réussie, merci monsieur Seldon Hunt, et elle a le mérite de servir d’avertissement à l’auditeur : mon petit gars tu vas en avoir du beau et du long dans les oreilles. Et c’est l’exacte vérité. Ces quatre titres évoluent majestueusement à la vitesse d’un escargot monégasque parti en pole position sur la croisette mais rattrapé par un troupeau de post rockeux en plein ralenti moteur. Les sons électroniques ne sont ni exaspérants ni perturbants, les guitares sont cristallines, s’il se met à pleuvoir ce n’est pas très grave parce que mon kway a une capuche et que j’ai mis mes bottes en caoutchouc, j’espère bien trouver quelques champignons au pied de ce bosquet pour mon omelette du soir.
Nagual
est gentiment prévisible, raisonnablement expérimental, correctement beau, doucement soporifique, parfaitement dispensable, subtilement atmosphérique, c’est de l’anti Whitehouse mais -malgré le côté musique pour sonars et ventilateurs parfois un peu trop poussé- ce disque apporte avec succès une réponse, pas très personnelle il est vrai, à la question de l’inutilité de la chose artistique comme palliatif à la vacuité de l’existence. Allez, encore un panos pour la route.