mercredi 27 février 2008

Hallux Valgus et Death To Pigs au Sonic (25/02/2008)

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Soirée Gaffer records pour finir le week-end, cela va me changer de la musique pour intellos de la veille mais j’ai eu un mal fou à émerger pendant toute la journée du dimanche, tout comme j’avais eu un mal fou à décoller samedi soir : je crains le pire, mon état ne me le permet pas, je me sens tout mou, buvez éliminez tout ça c’est qu’un ramassis de conneries, mais j’y vais quand même, j’ai beaucoup trop envie de voir les Death To Pigs.
Dix concerts enchaînés en dix jours d’affilée, ce sont des petits gars qui savent ce qu’ils veulent et en ce dimanche soir c’est leur dernière date avant un retour dare-dare à la maison (Nancy). Je sors donc de la mienne -de maison- et pour réussir cet exploit j’ai carburé au 1000 mg toute la journée alors je fais ce que je peux pour me dépêcher, je ne veux pas rater non plus Hallux Valgus, duo guitare/batterie et voix composé du big boss de Gaffer records et d’un Death To Pigs encore plus fracassé que moi, c’est dur la vie d’artiste.
























Hallux Valgus c’est quand même le groupe qui a réussi à me faire réappuyer sur la touche on de mon vieux lecteur cassettes après tant d’années de non utilisation et d’exhibition poussiéreuse dans un coin d’appartement : le seul enregistrement du groupe est disponible uniquement sous ce format là, une bande magnétique au son bien cabossé -alors du coup j’ai même ressorti tout un tas de vieilleries du placard, vieilleries que je n’ai pas réécoutées pour autant, faut pas déconner quand même, mais je ne serai jamais assez reconnaissant à ce duo de m’avoir permis de regoûter au kitch de la cassette audio et comme la leur est d’un beau plastique orange cela ne gâche rien. Sur cette cassette justement, tout est consciencieusement saturé ou presque, ça grésille sur toutes les fréquences et c’est bien.
Le son en concert d’Hallux Valgus est nettement plus clair, on pourrait presque comprendre ce que raconte le batteur lorsqu’il se décide à chanter (mais je n’ai pas envie de comprendre), le jeu de batterie est beaucoup plus lisible tout comme la guitare qui fait de jolies choses dissonantes comme je les aime. Je suis même impressionné par la maîtrise dont font preuve les deux gaillards, cela me parait appuyé et appliqué, surtout en comparaison d’une prestation précédente et excellente pendant laquelle ils avaient allègrement collectionné les plantages et les problèmes techniques avec une bonne humeur et un sens de l’à-propos à rendre jaloux tous les losers de la terre entière. Ce qu’Hallux Valgus semble avoir un peu perdu en spontanéité et en exécution accidentée (du moins pour ce concert là), le groupe l’a gagné en efficacité et en sècheresse. Mais comme c’est toujours aussi Skin Graftien dans l’âme j’en profite le plus possible.
























Place à Death To Pigs, le guitariste d'Hallux Valgus reste à sa place mais change de matériel. Le bassiste utilise une Rickenbacher ce qui, pour les gens comme moi qui n’y connaissent rien en instruments de musique mais se laissent facilement éblouir par le superflu des apparences, m’impressionne toujours autant. Comme les tennismen il porte un bandeau au poignet, sauf que le sien est noir et extra-large, encore un qui doit mouliner dru et je sens qu’on va y avoir droit à ce gros son de basse qui casse tout sur le premier et tout récent LP du groupe, Carnal Carnival. Le batteur, moustachu et tatoué, s’entraîne un peu (frappe sèche et puissante) tandis que le chanteur chausse des lunettes de plongeur, de soudeur ou je ne sais quoi.
Et c’est parti. Les morceaux défilent, efficaces, rapides, entraînants. Effectivement la rythmique est impressionnante, le bassiste est suffisamment hargneux et le batteur ne tarde pas à se retrouver en sous-vêtements, trop chouette marcel à grosse mailles. La guitare vrille dans son coin, étale sobrement des parties incandescentes mais c’est le chanteur qui assure la plus grosse partie du spectacle (même s’il aime bien se mettre dos au public), se tordant, sautant et crachant ses mots. Sa façon de chanter peut faire penser à celle d’un David Yow, celui de Jesus Lizard, mais ses intonations ressemblent plus à celle d’un Rotten/Lydon -c’est flagrant sur un titre tel que It’s Alive, et lorsque Death To Pigs a la bonne idée de le jouer enfin c’est le frisson assuré, un vrai tube. Parce que, indéniablement, ce groupe s’y connaît aussi foutrement bien en troussage de torpilles tubesques.


















C’est la fin, déjà, et le batteur (expert en lancers verticaux de crachats) plaisante avec le chanteur sur le fait que la prochaine fois ils devraient peut être commencer leur tournée par Lyon. Franchement, c’est ça la bonne idée du jour. Mais c’est surtout l’heure de laisser la place au dernier groupe. Avant le concert, je m’étais vaguement renseigné sur The Lost Boys, non je ne connais pas, du moins je ne crois pas. Une bonne partie du public est venue pour eux -ce n’était pas une mauvaise opération de les avoir programmés parce que pour un dimanche soir il y a plutôt du monde- et c’est devant une audience attentive et toute chaude que le groupe démarre son set. Je me mets à penser à autre chose très rapidement, ce mix entre Negative Approach et Verbal Abuse, du bon gros hard core primaire et vraiment old school, ce n’est vraiment pas ce dont j’avais envie. Je pars fissa comme un pauvre lâche après quelques (courts) morceaux -en fait je fuis littéralement parce que c’est beaucoup trop pour moi. Il est à peine onze heure et demi du soir : vive les poules.