C’est difficile de parler de Joke Box, le premier album de ZËRO, sans tomber dans l’injustice : évoquer la suite de l’aventure Bästard est peut être nécessaire mais reste incomplet, n’est guère satisfaisant. Tout comme il avait fallu s’affranchir du choc Deity Guns pour envisager sereinement Bästard il va falloir apprendre à parler de Zëro sans épiloguer sur Bästard ou même Narcophony. Certes il y a de ces deux autres groupes dans le nouveau mais pas seulement. Il y a beaucoup d’autres choses même, qui parfois m’ont un peu déstabilisé, puis interpellé. Il m’a fallu beaucoup d’écoutes pour vraiment découvrir toutes les richesses de Joke Box, je me rappelle d’ailleurs qu’il m’en avait fallu de même pour le dernier album de Bästard, Radiant, Discharged, Crossed-off. J’était un peu bloqué dans l’après de leur premier LP, même les somptueux maxi et 25 centimètres (Death On A Pale Horse puis Chinatown) ne m’avaient pas préparé à cela, à ce débordement de simplicité, ces épures sonores, les lyonnais donnaient ainsi leur propre définition du post rock (Radiant, Discharged, Crossed-off avait été enregistré à Chicago au studio Idful Music Corporation, l’antre de Tortoise, et mixé par Andy Bryant) sans tirer un trait sur leurs influences plus new-yorkaises -un envol définitif dans le paysage musical d’alors pour ne jamais plus réatterrir, même si malheureusement Bästard s’est séparé dès 1997.
1997 c’est déjà très loin et entre temps Eric Aldéa a composé des musiques de danse pour la compagnie d'Abou Lagraa (les CDs Saturno O Cipolla ? et Cutting Flat), a rencontré Yvan Chissone avec lequel il a fondé Narcophony pendant que Frank Laurino s’investissait dans Love Advice et surtout Spade & Archer. Ces trois là ont fini par retrouver François Cuilleron, ancien Bästard, et nous voilà avec le line-up de Zëro.
En écoutant Joke Box ce qui frappe d’emblée c’est le chant, plus présent et comme jamais auparavant depuis Deity Guns, sur quasiment les deux tiers des titres. Bien qu’Eric Aldea s’en défende un peu, il sait chanter, il a cette façon assez distanciée de poser sa voix tout en sachant imposer sa présence. Sur le titre Drag Queen Blues (déjà sur le 25 centimètres paru au mois de mai) il est même fortement question de rock’n’roll dopé à l’électro, la voix rappelle aussi bien Alan Vega pour l’écho sépulcral que Jon Spencer pour le côté exagéré -d’ailleurs, c’est à se demander si c’est réellement lui qui chante. Automodown/Space Girl Blues regroupe en fait deux reprises combinées de Devo (décidemment à nouveau très à la mode par les temps qui courent) et si le traitement de ces deux chansons est à mi chemin entre un Led Zeppelin bublegum et un Captain Beefheart enfermé dans un caisson à oxygène, la voix elle prend quelques risques et ose là aussi quelques extravagances. Ces deux (trois ?) titres me font toujours hurler de rire.
Il y a assurément des vrais plans noise chez Zëro -ainsi Big Screen/Flat People confirme que nous avons bien affaire à un groupe de guitares- mais le post rock déjà largement maîtrisé et amplifié par les groupes précédemment évoqués est aussi largement représenté avec de très beaux morceaux (parmi lesquels Go Stereo, Luna Park). Surtout l’instrumentation est sidérante -en fait Aldéa, Chiossone et Cuilleron sont tous trois multi instrumentistes- et cela fourmille de détails, comme la présence de synthés, d’ondes ou d’un Thérémin (?) qui perturbent toujours le fond du paysage sonore, virevoltent discrètement, passent parfois au premier plan. De même il y a toujours une certaine élégance -je veux dire que si la musique est d’apparence compliquée ce n’est pas inutilement ni pesant- lorsque quelques plans de guitares ou de basse vraiment majestueux apparaissent, emportent tout de suite l’adhésion et n’empêchent aucunement la tension de s’installer. Ainsi, Cars, Buses, Etc., le mystérieux et dernier titre, est sûrement le pinacle d’un disque peut être un peu court (trente cinq minutes) mais d’une richesse renouvelée à chaque écoute. Un grand bravo et un grand merci.
En écoutant Joke Box ce qui frappe d’emblée c’est le chant, plus présent et comme jamais auparavant depuis Deity Guns, sur quasiment les deux tiers des titres. Bien qu’Eric Aldea s’en défende un peu, il sait chanter, il a cette façon assez distanciée de poser sa voix tout en sachant imposer sa présence. Sur le titre Drag Queen Blues (déjà sur le 25 centimètres paru au mois de mai) il est même fortement question de rock’n’roll dopé à l’électro, la voix rappelle aussi bien Alan Vega pour l’écho sépulcral que Jon Spencer pour le côté exagéré -d’ailleurs, c’est à se demander si c’est réellement lui qui chante. Automodown/Space Girl Blues regroupe en fait deux reprises combinées de Devo (décidemment à nouveau très à la mode par les temps qui courent) et si le traitement de ces deux chansons est à mi chemin entre un Led Zeppelin bublegum et un Captain Beefheart enfermé dans un caisson à oxygène, la voix elle prend quelques risques et ose là aussi quelques extravagances. Ces deux (trois ?) titres me font toujours hurler de rire.
Il y a assurément des vrais plans noise chez Zëro -ainsi Big Screen/Flat People confirme que nous avons bien affaire à un groupe de guitares- mais le post rock déjà largement maîtrisé et amplifié par les groupes précédemment évoqués est aussi largement représenté avec de très beaux morceaux (parmi lesquels Go Stereo, Luna Park). Surtout l’instrumentation est sidérante -en fait Aldéa, Chiossone et Cuilleron sont tous trois multi instrumentistes- et cela fourmille de détails, comme la présence de synthés, d’ondes ou d’un Thérémin (?) qui perturbent toujours le fond du paysage sonore, virevoltent discrètement, passent parfois au premier plan. De même il y a toujours une certaine élégance -je veux dire que si la musique est d’apparence compliquée ce n’est pas inutilement ni pesant- lorsque quelques plans de guitares ou de basse vraiment majestueux apparaissent, emportent tout de suite l’adhésion et n’empêchent aucunement la tension de s’installer. Ainsi, Cars, Buses, Etc., le mystérieux et dernier titre, est sûrement le pinacle d’un disque peut être un peu court (trente cinq minutes) mais d’une richesse renouvelée à chaque écoute. Un grand bravo et un grand merci.