mercredi 26 septembre 2007

Oren Ambarchi, cet inconnu

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C’est en collaborant avec Sunn O))) -pour l’album Black One- qu’Oren Ambarchi s’est fait un peu plus connaître : qui est donc ce bonhomme venu de nulle part qui se permettait ainsi de jouer avec le sacro saint des groupes drone/doom/etc, les accompagnant y compris en concert ? Pour couronner le tout Ambarchi a même publié grâce à Stephen O’Malley un assez bel album sur Southern Lord, Triste, bien que celui-ci ne soit qu’un disque de plus au milieu d’une discographie déjà pléthorique, via notamment le label britannique Touch.
Oren Ambarchi a commencé en tant que batteur au sein de Phlegm, un trio à la réputation ultra noise basé à Sidney en Australie. Je n’ai jamais écouté un seul enregistrement de ce groupe pour lequel la rumeur était allée en s’amplifiant mais les langues bien pendues qui s’autorisent (même sans savoir) affirment que l’album The Alter Rebbe's Nigun publié par Tzadik en 1999 et enregistré sous le nom de Ambarchi/Avenaim (soit les deux tiers de Phlegm, ne manquait que Nik Kamvissis) donne un bon aperçu du chaos improvisé et bruitiste perpétré par le trio. Soit. Ce disque alliant saturations, larsens et percussions paraissait déjà daté au moment de sa sortie. Un témoignage peut être, histoire de garder une trace studio de ce grand bordel extra musical mais c’est tout.














Comme son ami, voisin et collègue de label Christian Fennesz, Oren Ambarchi joue maintenant de la guitare sans avoir l’air d’y toucher. Si l’autrichien privilégie les harmoniques (voire les mélodies) passées au filtre de ses rêveries grâce au traitement de l’informatique et un laptop customisé, Ambarchi a lui une approche à la fois plus fréquentielle et plus pointilliste. Il applique des petits points sonores sur des horizons vierges mais résonnants, les encoches ainsi dessinées vibrent plus ou moins longtemps, bourdonnent, prennent peu à peu la forme de notes -on pourrait presque au bout d’un certain temps arriver à discerner les cordes de la guitare qui vibrent et les doigts de celui qui joue glisser sur le manche. In The Pendulum’s Embrace, le dernier album (pour l’instant) toujours chez Touch va beaucoup plus loin dans ce processus de construction fragile de l’instantané et poursuit la voie déjà bien explorée par l’album précédent, Grapes Of The Estate. Il y a comme une logique des silences sur ce disque bien que les silences n’y soient qu’à l’état de suspension, entre un point qui s’est presque effacé, tout en douceur, et un autre qui surgit déjà, s’impose mais pour pas très longtemps. Sur Inamorata un violon intervient, lancinant, jouant franchement la carte de la mélopée sans pour autant casser le processus résonnant de la guitare. Le troisième et dernier titre prend lui opportunément le chemin d’une chanson, on y entend très clairement la voix d’Oren Ambarchi mais sans pouvoir découvrir ses mots -pixellisation sonore, atomisation du blues, poésie des sons et matérialisation des mots. Un beau disque.