dimanche 9 septembre 2007

De la vielle à roue, des guitares et du violon

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Au programme du premier concert de cette rentrée de septembre, cinq musiciens donnant dans la répétitivité, l’empilement et les variations tenues, ce qu’il est en général convenu d’appeler minimalisme (quoique ce terme peut aussi désigner une musique n’ayant ni commencement ni fin). J’aurais préféré un concert avec des guitares jouant trois accords, une vraie batterie et un chanteur poilu hurlant son incapacité machiste à aimer et à être aimé mais ce sera donc une soirée drone. Un curieux débarqué par hasard et qui semble vouloir s’attarder un peu croit comprendre qu’il va assister à un concert drôle, ce sera parfois un peu le cas.
Yann Gourdon joue en premier avec sa vielle à roue et un dispositif de transformation du son assez simple. J’adore cet instrument qui me rappelle les vacances en famille et l’inévitable fête du village, quelques musiciens ont su en tirer un parti vraiment très intéressant (Phil Niblock, Keiji Haino, Jim O’Rourke) et Yann Gourdon s’inscrit dans une logique progressive d’empilement et de déformation des fréquences -on est en plein dans le sujet. Sa prestation finit par un parasitage en bonne et due forme. Applaudissements.
C’est le tour de Tamagawa et c’est un peu une surprise parce qu’ils sont deux (un rigolo de service affirmera qu’au dessus d’une personne ce n’est plus du minimalisme et que la soirée est foutue) et musicalement cela change assez : plus précisément, une fois allumé le gyrophare posé à même le sol au fond de la scène, j’assiste à une prestation qui fait plus que lorgner sur Spacemen 3 et c’est réussi. J’aurais au moins vu une fois dans ma vie le groupe de Sonic Boom et j’apprends avec plaisir qu’il habite désormais du côté de Saint Etienne, nous nous reverrons donc sûrement.
Manu Holterbach sera le seul de la soirée à ne pas se vautrer dans un fort volume sonore. Au début de sa prestation il réclame le silence et l’attention. Il va successivement jouer quatre pièces à l’aide de sons très tenus, presque inaudibles (détail amusant les micros captent en même temps les grincements de la passerelle métallique de secours située juste derrière la scène) mais si je peux apprécier à la maison et les yeux fermés là je m’ennuie et me retrouve rapidement dehors à papoter avec notamment quelques anciens combattants de l’organisation de concerts qui ont jeté l’éponge depuis longtemps mais s’accrochent toujours à leur bière.






















C’est avec les mêmes que je me retrouve dans la loge pendant le set d’Igor Cubrilovic, il joue de la guitare tout seul mais pas assez fort : le début de sa prestation me fait assez penser à Elliot Sharp et sa double guitar bass puis cela vire inévitablement au plan de l’avion qui décolle -le même rigolo que tout à l’heure balance sa millième blague stupide de la soirée et je pouffe d’un vrai rire sonore qui rameute du monde pour voir ce qui se passe, aucun respect dites donc.
Le concert que j’attends le plus c’est celui d’Agathe Max et je ne vais pas être déçu. Même si elle semble être une inconditionnelle du violon de Tony Conrad la demoiselle est très loin d’en être une pâle copie. Le volume est conséquent et très prenant, elle joue beaucoup avec ses effets, casse régulièrement les plans qu’elle vient de construire patiemment pour en monter un nouveau encore plus époustouflant que le précédent, je ne sais pas où elle trouve ces idées de mélodies qui m’hallucinent complètement. Parfois, il ne reste plus que le son électrifié de son violon, elle joue toujours plus et bien, sans effets déformant le son ni empilements de boucles, je reste tétanisé par tant de beauté d’exécution. Après le concert j’ose timidement lui demander si elle envisage de sortir un disque : ce sera un concert enregistré au mois de février au même endroit sur un petit label de Saint Etienne, après on verra.