Lorsque j’avais récupéré une copie en avance de Radiant, Discharged, Crossed-off c’était sur une cassette audio et j’étais fou de joie : j’allais pouvoir écrire l’un de mes premiers articles et en plus il serait sur un groupe que j’aimais par-dessus tout. J’ai fait quelques copies de cette cassette pour tous les potes de la radio, Bästard est passé en heavy rotation (ha ha) sur les ondes lyonnaise et la Ferarock toujours bloquée du bulbe sur les nouveaux chanteurs français et les groupes héritiers de l’alternatif hexagonal devait en avoir marre de nos messages dithyrambiques et de nos playlists gorgées de Locate Radiations, It Ain’t Funny At All et autre 200 Miles From Hanoï.
C’était la grande euphorie dans sa version 1996 et j’ai à peu près écrit tout et n’importe quoi sur ce disque, l’article même pas terrible a quand même été publié et j’ai rendu la cassette à la personne à qui elle était destinée à l’origine -j’avais rendez-vous dans un bar, pour y aller j’ai pris le métro où je me suis fait copieusement latter la tronche par un géant rouquin complètement défoncé (pas Josh Homme, un autre) alors j’ai du faire un détour par chez moi pour essuyer tout le sang et changer de t-shirt, lorsque j’ai enfin rendu la cassette j’étais dans un état complètement second et abruti, je suis reparti en courant pour me cacher.
L’histoire recommence avec ZËRO et je suis toujours aussi fou de joie, cela fait deux jours que j’écoute Joke Box en boucle, j’ai à nouveau un article à faire, je vais encore employer des mots beaucoup plus gros que moi pour tenter de décrire tout le bien que je pense réellement de ce disque. Pour me calmer je tente parfois la diversion (Ghost Will Come And Kiss Your Eyes de Hrsta ou White Chalk de PJ Harvey qui me met terriblement en colère tellement je le trouve académique et mauvais) mais toute cette douceur et toute cette retenue en guise de mi-temps ne fonctionnent pas du tout pour contrer le bouillonnement qui me reprend dès que je repose le CD de Joke Box dans la platine (c’est fini les vieilles cassettes pourries et pour limiter les dégâts je suis allé récupérer le disque en vélo, on sait jamais).
La seule chose dont je suis à peu près certain, c’est que comme pour Discharged, Radiant, Crossed-off que j’ai du écouter un nombre incalculable de fois pour vraiment le découvrir dans sa plus simple expression, Joke Box ne se laisse pas apprivoiser facilement non plus : j’ai parfois été déconcerté par certains passages, j’ai aussi retrouvé mes petits plus tard et ailleurs, en fait plus j’écoute et plus l’évidence s’installe, pleine et entière, c’est peu dire que je trouve ce disque absolument formidable même si je n’arrive pas encore à trouver les mots pour le dire correctement.