samedi 15 septembre 2007

Back in town

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J’ai beau avoir beaucoup déblatéré sur eux ici ou là depuis quelques semaines je n’avais plus du tout envie d’aller au concert de Don Niño et nlf3 (trio). Une bonne semaine lamentable couronnée par l’incontournable et insultante obligation du pain quotidien : franchement j’avais plutôt envie de murs du son que de folk à tiroirs (même électriques) ou de pop cérébrale, tout ce que je voulais c’était du bourre-pif et du déboîte-cervelle.
A peine une soixantaine de personnes en ce vendredi soir, inutile de dire que les Gentils Organisateurs étaient un peu déçus, ils espéraient une horde de lecteurs des Inrockuptibles et de Trax assoiffés de cocktails onéreux et peu avares sur leurs finances. Ce sera pour une prochaine fois, très bientôt je l’espère car la survie de ce genre de lieu est d’une actualité quotidienne et épuisante : il faut avoir des couilles et de l’abnégation pour gérer une telle salle et lutter contre l’uniformisation et le nivellement de la qualité lorsque la quantité semble n’être plus que le seul critère retenu par les média d’information et les politiques (locales ou non) en matière de culture et divertissement -en fait de divertissement on ferait mieux de parler de diversion tant la fonction avérée d’un spectacle/concert relève du palliatif social.























C’est Don Niño qui commence, en fait le chanteur/guitariste/etc Nicolas Laureau accompagné d'un batteur -je dis ça parce que je n’ai absolument pas reconnu Ludovic Morillon et que je n’ai pas osé lui parler- pas de Erik Minkkinen ou de Shane Aspegren à l’horizon. Il annonce que cela fait un moment qu’il n’est pas venu jouer dans cette ville (plus précisément depuis 2001), pour ma part la dernière fois que j’ai vu tous ces braves gens c’était pour un concert de Prohibition au regretté Pezner, il y a dix ans. Il précise aussi qu’il va jouer en alternance des reprises -celles qu’il a enregistrées sur son dernier album Mentors Menteur !- et des compositions originales, c’est parti pour trois quart d’heure de blind test. Cela démarre on ne peut mieux par Bela Lugosi’s Dead et Expressway To Your Skull, les interprétations ont plus d’ampleur que sur les versions studio, plus de guitares aussi, le chant est plus assuré et plus grave -les conditions live s’avèrent bénéfiques à Don Niño qui y gagne en épaisseur (cela n’enlève rien aux disques que j’apprécie) malgré quelques essoufflements, baisses d’intensité et une version un peu en deçà de A Day In A Life.
C’est la pause et pour patienter la sono diffuse l’album (seul et unique) de Young Marble Giants qui alimente durablement les conversations, sa récente réédition est l’occasion d’une grosse découverte pour beaucoup, pas mal d’enthousiasme aussi mais moi je baille un peu. C’est au tour de nlf3 (trio) (en fait les deux mêmes plus le bassiste/bidouilleur/etc Fabrice Laureau) de jouer. Je suis tout de suite conquis par les deux premiers titres, rythmiques hypnotiques et répétitivité des motifs harmoniques -comme un petit côté This Heat- et les titres suivants, dont certains sont beaucoup plus influencés par Tortoise et C° et même s’ils sont moins évidemment prenants, gardent tous mes sens en alerte. Je reconnais quelques passages des disques mais tout est enchaîné, le rendu général est pas mal et le final me donne l’occasion d’applaudir.

Après le concert je m’amuse à aller jeter un petit coup d’oeil sur la scène : j’ai rarement vu autant de matériel, de pédales d’effets et autres entassés sur une aussi petite surface. Pour un groupe qui bidouille autant (samples, boucles, boites à rythmes…) nlf3 (trio) a su garder une belle spontanéité et une forte présence en live. D’ailleurs cela m’a fait rire de retrouver certaines des grimaces que fait le bassiste lorsqu’il joue, toujours très concentré, je le revoyais dix années en arrière. Sur la batterie ou les pieds de micro sont collés quelques photos : je reconnais Leonard Cohen, peut être Marc Bolan, plus loin il y a Ringo Starr et un dessin mexicain de crâne, j’ai une pensée émue pour Jacques Martin qui vient juste de mourir, le pauvre bâtard. Je me suis un peu attardé, comme d’habitude, et j’ai également eu le droit de goûter au fondant au chocolat particulièrement coulant et onctueux concocté à l’intention des musiciens -comme l’a fait remarquer l’un d’eux ça va directement alimenter le foie. Oui mais qu’est ce qu'il était bon.