lundi 6 août 2007

Zimmerman/L’effet Godard

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Air conditionné. Comme il a fait beaucoup trop chaud pour moi je suis resté enfermé tout l’après midi, à l’abri du soleil, pour écouter des disques de Bob Dylan. Le matin j’avais essayé New Order mais les anglais ne m’ont pas convaincu plus que ça : ce n’était pas le bon moment, cette musique a beaucoup trop vieilli pour être écoutée n’importe quand, Bernard Sumner chante comme une casserole et les sons de synthétiseur Roland (quoi d’autre ?) me transforment trop violemment en casoar irascible.
Si je compte bien il y a six albums studio enregistrés par Bob Dylan entre 1964 et 1967 : de The Time They Are A-Changin’ à John Wesley Harding, de la période petit révolutionnaire sexy à l’accident de moto. Ce sont les seuls albums que j’ai de lui et je les ai tous réécoutés. Je n’ai pas The Freewheelin' Bob Dylan (1963) parce que dessus il y a cette très belle chanson que je déteste tant -Blowin' In The Wind, étudiée en cinquième au collège à une époque où les réponses mon ami ne m’intéressaient vraiment pas plus que ça, c’est personnel.























Je n’ai jamais aimé Bob Dylan jusqu’à ce que je regarde de plus près les pochettes de ses disques, celle de Another Side Of Bob Dylan par exemple, et que je me rende compte combien jeune il était incroyablement beau. Malgré une conversation orageuse qui m’avait fait affirmer il y a très longtemps que jamais je n’écouterais un disque de ce gars là, un hippie en plus, et même sous prétexte qu’il en avait influencé tant d’autres que pourtant j’appréciais, la curiosité a comme à son habitude été la plus forte : à quoi pouvaient bien ressembler les versions originales de All Along The Watchtower, She Belongs To Me et de The Ballad Of Hollis Brown ? Voilà, je possède maintenant six albums ou presque d’un type soi-disant influant mais qui surtout est pétri par la musique populaire de son pays -de l’histoire si on veut.
Par contre je ne peux pas encore dire que j’aime Bob Dylan mais lorsque je l’écoute il se produit toujours cette chose extraordinaire : une voix souvent uniquement accompagnée d’une simple guitare et des mots qui me touchent directement alors que je n’y comprends pas grand chose, habituellement j’ai plutôt besoin d’un gros Harrap’s pour ça, un souvenir de cinquième. Les films de Godard me font le même effet, ses films les plus récents, ceux où les dialogues sont des citations et extraits de textes philosophiques, littéraires et poétiques -sur l’instant, la beauté des mots y est absolument transcendante et leur permet de prendre tout leur sens mais, sitôt le film terminé, il ne reste plus que l’ombre de ces mots derrière laquelle j’essaie pourtant de courir, et il est impossible de rattraper une ombre, même en courant.
Si la clarté n’est qu’un instant de vérité alors le cinéma a déjà prouvé que la vérité a toujours lieu d’être puisque dans le cinéma tout n’est que tricherie dans le seul but de montrer des faux semblants, la création comme mensonge en forme de vie : c’est le plus bel hommage en forme de déni que je connaisse. Avec Bob Dylan l’effet d’immédiateté et de simultanéité est le même -tout est soudain limpide mais déjà loin- et ce bien que les raisons à cela soient peut être différentes (l’écouter dans le noir n’y changerait pas grand chose) et la conclusion opposée : sa musique est une forme de vérité qui pourrait bien réussir à nous faire croire qu’elle existe réellement.