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Qu’est ce que la musique électronique ? Je n’en sais rien. De la musique à base de sons générés artificiellement ? Sans recours à l’instrumentation classique ? Avec de l’électricité déformée ? Sans la gestuelle ? Sans même peut être de lien direct entre le son et sa source ? Là, on se rapproche dangereusement de la définition de la musique concrète, acousmatique, que sais-je encore. De la musique pour danser alors ?
Qu’est ce que la musique électronique ? Je n’en sais rien. De la musique à base de sons générés artificiellement ? Sans recours à l’instrumentation classique ? Avec de l’électricité déformée ? Sans la gestuelle ? Sans même peut être de lien direct entre le son et sa source ? Là, on se rapproche dangereusement de la définition de la musique concrète, acousmatique, que sais-je encore. De la musique pour danser alors ?
J’ai encore failli m’étrangler en écoutant une interview de Pierre Henry : il laissait sans broncher l’intervieweur le glorifier comme le père de la musique électro-acoustique -l’autre Pierre, Schaeffer, devant sûrement compter pour du beurre. En fond sonore l’éternel Psyché Rock composé pour un ballet de Maurice Béjard au siècle dernier rappelait ce qui doit être le moment de gloire de Pierre Henry et lorsque on lui demandait s’il apprécie les musiciens qui l’admirent lui (vous connaissez Daft Punk ?) il répondait toujours à côté. Cet homme est une institution et il sait très bien le faire : sa vision dominante et sûre d’elle-même de la musique, son opposition catégorique aux techniques digitales (quoique sur le sujet je le trouve moins intransigeant que Michel Chion, un vrai poète celui-là), son recul de vieux sage, oh vous savez on exagère toujours, l’assurance d’une postérité bien méritée et garantie au patrimoine national. Tout ça parce qu’une de ses oeuvres allait être diffusée le soir même sous la grande arche de la Défense à l’aide de 76 haut-parleurs, un concert gratuit.
Pourtant, en inventant dans les années 1920 les ondes qui portent son nom Maurice Martenot est peut être le vrai père de l’électro. A moins que ce ne soit Lev Sergeyevich Termen et son Theremin datant seulement de 1905 et produit à grande échelle dans les années 60 par le visionnaire Robert Moog. Et que dire alors de Max Brand ? De Halim el-Dabh qui dès 1944 bidouillait dans les studios de la radio du Caire ? Moi je crois qu’en fait le type qui a le plus influencé la techno c’est Jean-Michel Jarre, c’est bien tout ce qu’il mérite, ha ha.
Pour son nouvel album Lusine icl (alias Jeff McIlwain) a choisi d’explorer le côté ambiant et atmosphérique de sa musique, genre difficile s’il en est et malheureusement je n’ai pas vraiment été convaincu par Language Barrier qui ne porte que trop bien son nom. Je lui préfère très nettement Condensed paru quatre années plus tôt et qui en fait est une compilation de singles et EPs, bien plus riche, les rythmes, les clicks et les cuts vont assurément beaucoup mieux à Lusine icl.
La vraie surprise c’est le quatrième album de Deadbeat, Journeyman’s Annual, publié comme d’habitude chez ~scape. Deadbeat (encore le groupe d’un seul homme, le canadien Scott Montheit) a toujours été la formation la plus conservatrice du label, reproduisant de manière hypnotique le dub à l’ancienne avec ses samplers et ses synthés un peu froids. Curieux mélange d’une musique originellement chaleureuse (et qu’en général je n’aime pas) avec la déshumanisation des machines. Les deux premiers albums de Deadbeat se ressemblent jusqu’à se confondre, l’ennui n’est pas très loin et il est vrai que le troisième New World Observer marquait enfin une petite progression musicale en accélérant légèrement les rythmes et surtout en les multipliant, en les superposant.
Si Journeyman’s Annual joue l’apaisement dès le premier titre (Lost Luggage, un titre pour annoncer la suite ?) en proposant du pur Deadbeat lancinant et surgelé avec une tonne d’écho, les changements arrivent dès Night Train To Paris avec une ébauche de rythme raggamuffin. Le quatrième titre est encore plus caribéen et qui plus est chanté, rapé plutôt. Il y a plein de surprises dans ce genre là sur ce disque : les sons sont toujours aussi désincarnés et tranchants, quoique parfois un peu plus colorés comme sur Deep In Country, mais les nombreux intervenants (dont Saul Williams sur le magnifique Black Stacey) ainsi que les riddims plus charpentés donnent une saveur inédite à la musique de Deadbeat, j’ai même noté quelques cordes utilisées de manière intelligentes et sobres. Au départ j’ai un peu été décontenancé car si le dub m’est plutôt étranger, le ragga est carrément un extra-terrestre mais tout cela passe très bien, formidablement bien même, sauf peut être Gimme A Little Slack beaucoup trop verbeux -je crois que je tiens enfin mon disque de l’été 2008 (l’été où il y aura du soleil).