mercredi 29 août 2007

Who Is Who

.
Ne jamais dire jamais, fontaine je ne boirais plus de ton eau polluée et il n’y a que les imbéciles qui : à la fin de Jesus Lizard c’est un David Yow presque soulagé qui affirmait qu’on ne l’y reprendrait plus, que le rock’n’roll pour lui c’était fini, qu’il en avait marre du cirque des concerts et des tournées, marre de se bourrer la gueule comme un porc pour arriver à monter sur scène, qu’il avait une femme et deux gosses, qu’il avait déjà beaucoup plus de trente ans. Le bonhomme s’est depuis un peu contredit en chantant lors de la reformation de Scratch Acid pour le 25ème anniversaire du label Touch And Go, contredit n’est pas vraiment le mot juste, peut être que c’est juste que ses enfants ont grandi. L’annonce fin 2006 de la participation de David Yow a un nouveau groupe du nom de Qui est passée comme une lettre à la poste, tout le monde y croyait et était content de le retrouver, seul désagrément : l’album Love’s Miracle qui devait sortir sur Touch And Go le sera finalement (très bientôt) sur Ipecac.























C’était quand même intrigant toute cette histoire parce qu’en fait Yow a intégré un groupe déjà existant, ayant sorti un premier album en 2003, Qui était un duo guitare/batterie + chant comme il en existe tant. Pas si sûr pourtant, parce que ce premier album je ne l’ai jamais écouté, ne l’écouterai sans doute jamais et je ne vois pas se profiler à l’horizon la moindre trace d’une réédition de derrière les fagots. Impossible de savoir qui est Qui avant David Yow. Donc il va falloir faire avec ce que l’on a c'est-à-dire Love’s Miracle et ses 39 minutes pour neuf titres dont deux reprises. D’autant plus qu’avec un nom de groupe pareil et un nom d’album qui ne vaut guère mieux trouver des informations un peu inédites et complémentaires est quasiment impossible : le moindre moteur de recherche sur internet ne cesse de renvoyer sur des sites à bondieuseries -fuck me Jesus.De bondieuseries il n’en est aucunement question avec cet album (dont la pochette ne laisse aucune équivoque) mais il n’y a pas de miracle non plus. Apartement démarre avec ce son de guitare -épais mais sec- et ces riffs décharnés qui font tant plaisir aux binoclards mais malheureusement la voix paraît bien faible. Le batteur se sort bien de cet exercice de noise minimalisme et répétitive. Today, Gestation est encore moins convaincant, disons que l’ennui n’est pas loin malgré une fin plus resserrée. Gash continue dans le dépouillement, la voix ou plus exactement les voix sont plus ouvertement déviées et Love’s Miracle se présente alors de plus en plus comme un album jouant sur la distance, ah bon. Freeze c’est Gash en plus fort et c’est le premier titre que j’apprécie réellement sur ce disque, David Yow y retrouve ses accents légendaires, c’est sale et ça pue enfin pour de vrai. New Orleans joue les faux départs mais le chant (peut être) ironiquement angélique incite à attendre le morceau d’après. Mais le morceau d’après, A #1, m’échappe également complètement. Suit la première reprise du disque, Willie The Pimp, un titre que l’insupportable Zappa a enregistré en compagnie de Captain Beefheart pour son album Hot Rats en 1969 et je retiens un peu plus mon souffle, c’est du bon. Belt est également convaincant, le guitariste chercherait vaguement à faire des plans à la Duane Denison que cela ne m’étonnerait pas et tout le monde dans ce groupe a enfin l’air content d’être là, en tout cas moi je le suis. Le dernier titre est la grosse catastrophe du disque, en l’occurrence une reprise de Pink Floyd ce qui en soi n’augure déjà rien de très bon mais ce Echoes est tout simplement à hurler avec sa mélodie idiote et prétentieuse, un solo de guitare à faire passer Reynald et Roquelaure pour de grands artistes, son chant traînant et sucré… il n’y a que le final répétitif (deux notes sur un rythme primaire ad nauseam) qui permet de dire que c’est enfin fini.

Qui va enchaîner les tournées, d’abord pour un petit tour du monde américain puis en visitant cette vieille pute d’Europe et donc notre beau pays. Par ici (à Lyon) c’est prévu pour le 7 décembre -peut être l’occasion d’une séance de rattrapage parce que, décidément, Love’s A Miracle me laisse à moitié endormi ou définitivement tiède, je ne sais pas ce qui est pire. Finalement être père de famille ce n’était pas forcément une si mauvaise idée.