mardi 14 août 2007

Down Below It's Chaos























A l’époque de l’album Alpine Static je n’avais encore jamais entendu parler de Kinski. C’est un peu le hasard qui m’a fait les écouter la première fois chez un disquaire et je me rappelle m’être précipité auprès du vendeur pour lui demander de qui il s’agissait. Depuis j’ai cherché tous les disques de ce groupe de Seatle.
Kinski fait une musique quasiment entièrement instrumentale sans pour autant verser dans le post rock, le math rock, le post math rock, le grind cinématographique, l’electro documentaire ou le drone intempestif (liste non exhaustive, bien sûr) : Kinski est plutôt une sorte de Sonic Youth sans le chant de Thurston Moore et de Kim Gordon, surtout c’est du Sonic Youth époque Daydream Nation. En d’autres termes les morceaux partent en torche à un moment où à un autre, à croire même que l’intro, l’exposition des plans guitares, les breaks, tout ça, ne sont que des prétextes à la débauche sonique que finit toujours par péter. Je ne sais pas dans quelle mesure ces passages bruitistes sont improvisés mais parfois Kinski donne des concerts à trois guitares et sans batteur, des concerts où là tout est laissé au hasard de l’inspiration du moment -ces concerts ils les donnent sous le nom de Herzog, voilà des petits rigolos qui ont appris l’humour avec Pierre Tchernia.
Le nouvel album, Down Below It's Chaos, suit la même direction que son illustre prédécesseur (Alpine Static) et même l’amplifie : depuis deux disques Kinski a découvert les joies du psychédélisme et use voire abuse de la fuzz, tourner en compagnie de Acid Mothers Temple (ils ont même enregistré un album en commun) et de Comets On Fire n’a pas du arranger les choses. Là, c’est carrément le grand jeu puisque la production est assuré par un type barbu et à lunettes (du moins je le suppose) qui de Boris à Earth en passant pas Sunn O))) a déjà provoqué quelques dégâts de bon aloi, alors, si vous aimez le lourd, Randall Dunn est l’homme qui vous faut pour produire votre prochain disque.
Le problème justement c’est que jusqu’ici la musique de Kinski était plutôt du genre à tutoyer la vivacité et à tenir ses riffs acérés par la barbichette : c’était même la très grande qualité de Alpine Static, ce mélange hérité à la fois de la jeunesse sonique et de Jimi Hendrix (pour faire vite), ces guitares ultra noisy et ultra folles soudain débordées par un solo bien chargé en patchouli métallique. Le titre Down Below It’s Chaos est à prendre au pied de la lettre : la fulgurance et le chaos il faut aller les chercher bien loin et bien bas sous terre, et encore les résultats sont maigres, le premier titre (Crybaby Blowout) qui rassure, la deuxième partie de Boy, I Was Mad !, le final de Passwords & Alcohol et quelques autres petits passages. Non, cet album est lent mais surtout il est mou, un peu englué.
Pour une fois il y a un certain nombre de titres chantés (trois exactement) mais ils manquent sérieusement d’âme -le guitariste qui s’y colle s’appelle Chris Martin, ce ne doit pas être facile tous les jours d’avoir le même nom que le chanteur de Coldplay mais ce n’est pas une raison suffisante pour faire comme si tu n’étais pas là, mec. Il y a aussi l’instrumentation parfois gênante, un orgue qui apparaît dès le troisième titre et fait régulièrement irruption jusqu’à la fin du disque. Que dire aussi de cette flûte ? Abominable. Plus loin, le summum de la platitude et de l’ennui est atteint par Child Had To Catch A Train et sa guitare plan-plan doublée à l’orgue (encore) : quel intérêt ?
Je ne peux pas dire pour autant que je déteste cet album, je suis d’autant plus déçu que l’annonce de sa sortie imminente m’avait mis en joie mais comme je ne suis qu’une vieille pute assoiffée de sensations fortes et de plaisirs innommables ma désillusion est cruelle et me rend peut être trop méchamment sévère : la prochaine fois il faudra juste veiller à satisfaire tous mes caprices bourgeois.