mardi 4 juin 2013

Coilguns / Commuters


C’est un peu à reculons que le comité d’écoute de 666rpm a décidé de finalement jeter une oreille un rien suspicieuse sur Commuters, le tout premier album de Coilguns. Mais pourquoi tant de méfiance ? Oumpf, disons que les premiers essais du trio suisse – un split incestueux partagé avec Kunz (dont les membres jouent également dans Coilguns) ou le EP Stadia Rods – n’avaient guère convaincu parce que trop principalement basés autour d’un axe réunissant Dillinger Escape Plan et Converge.
Il y avait également des raisons un peu plus diffuses et, reconnaissons-le, complètement stupides, comme le fait que dans Coilguns on retrouve des membres de The Ocean, un groupe honni par le politburo de 666rpm. Pourtant ce dernier avait malgré tout décidé d’envoyer le 4 février dernier un représentant assermenté au Warm Audio près de Lyon pour vérifier en toute indépendance d’esprit la très bonne réputation live de Coilguns mais, et ce n’est ni un vulgaire mensonge ni une mauvaise blague mais plutôt une sorte de malédiction, le dit représentant était vraiment malade ce jour là, donc incapable de faire preuve de ce talent pour la subjectivité qui est la marque de fabrique des chroniques publiées dans Heavy Mental.



Rabattons-nous donc sur Commuters. Autant dire tout de suite que l’écoute de ce disque est particulièrement bluffante. Vraiment. COILGUNS a commencé à digérer ses influences majeures – des gens que l’on aime pourtant bien mais comme à chaque fois avec les groupes qui auront marqué leur époque, il s’en suit toujours une cohorte de suiveurs plus ou moins pénibles et en tous les cas sans grande imagination – et surtout s’en est quelque peu éloigné.
Bien sûr on reconnaitra les canons du genre hardcore chaotique et métallique dans nombre de compositions de Commuters mais le trio s’octroie également quelques fantaisies (comme le riff très thrashy servant d’intro à Minkowski Manhattan Distance, un titre qui plaira à tous les vieux) ainsi que de longues plages inquiétantes, malsaines, hypnotiques, répétitives et qui, malgré leurs durées à rallonge – on est parfois pas loin de la dizaine de minutes –, donnent tout son rythme à un album finalement varié et imaginatif. C’est dans ces moments là, alors que les guitares louvoient tout en demeurant dans l’acharnement plombé, que la batterie devient plus tribale et que le chant ose lorgner du côté de l’incantatoire maléfique, que Coilguns devient vraiment très bon et addictif.
On regrette donc à s’en bouffer les doigts d’avoir raté ce concert au Warm Audio et, plus que jamais, la seule conclusion qui s’impose est que la gastro-entérite est l’ennemi juré de la bonne musique (alors qu’elle s’accorde très bien avec la mauvaise, cela va de soi).

[Commuters est publié en CD digipak/croix de Satan et en vinyle par Pelagic records]