mercredi 22 mai 2013

Sons Of Frida / Tortuga




Inutile de mentir et de prétendre que je suis un grand connaisseur de SONS OF FRIDA : d’après les informations officielles fournies par le groupe lui-même, Tortuga serait déjà le quatrième album de ces garçons… De tous ces albums je ne connais que The Bulgarian (paru en 2010). Et un split collaboratif intitulé Orchestra avec Rome Buyce Night (en 2012). Autant dire presque rien. Surtout, aveu que l’on me pardonnera peut-être, que ces deux disques, perdus dans la masse, ont guère hanté la machine à broyer de la musique du salon d’écoute de 666rpm. Mais il va en être tout autrement avec ce nouvel album. Et je prends finalement mon ignorance comme un petit avantage, celui du petit puceau qui ne sait pas encore qu’il va très bientôt faire dans sa culotte.
Il y a de la bouteille chez les Sons Of Frida, du peaufinage, de l’affinage, des séances de repassage amoureux, des nuits de discussions enflammées, des heures de répétitions à transpirer… enfin c’est ce que j’imagine en écoutant les six compositions de ce trop court album (une demi-heure au compteur) et peut-être que je me trompe mais voilà exactement le genre de disque, tous styles confondus d’ailleurs, dont on peut se dire qu’il s’agit sûrement d’un disque enregistré par un groupe de vieux copains qui se font plaisir mais qui savent également nous en donner. Non, je ne connais pas personnellement les Sons Of Frida, je ne les connaitrai sans doute jamais – sauf s’ils avaient un jour l’idée totalement saugrenue de donner un concert dans mon bled provincial – mais c’est vraiment tout comme.
Le rock noisy voire noise de Sons Of Frida est ainsi teinté de belles références, Jesus Lizard peut-être, Hammerhead/Vaz des fois, Sonic Youth également (Cactus, Tibia) et puis on vient à s’en foutre complètement de tout ça, estomaqués par les rythmiques renforcées – encore un groupe qui n’oublie pas que la basse c’est très (très) important –, les guitares tourbillonnantes et enivrantes, le chant nasillard, un peu en retrait dans le mix mais toujours bien placé et cette trompette qui débarque sans crier gare (façon brûlure sensuelle sur l’excellent Mirinda ou façon corne de brume sur Tibia). Des éléments qui forment un tout, un tout que les Sons Of Frida prennent un malin plaisir (et avec un talent certain) à tordre, déformer et reformuler – une personnalité à part entière.
Tortuga, malgré ses nombreuses incartades bruyantes, s’achève sur les dix minutes de Teenage Mutant Crocodile Turtle et sa longue déambulation finale en pente douce. Rien que pour cette apothéose en terrain mouvant et, si chez 666rpm on avait cette habitude merdique de noter les disques ou de leur donner des étoiles à la con, Tortuga devrait récolter la note maximale : ♥♥♥♥♥.

[Tortuga est publié en vinyle rouge uniquement par Zéro Egal Petit Intérieur et En Veux-tu En V’la]