mercredi 1 mai 2013

Darkthrone / The Underground Resistance




Nocturno Culto et Fenriz pourraient bien être les deux mecs les plus casse-couilles de la terre. Mais c’est aussi pour ça qu’on les aime et que l’on apprécie toujours autant DARKTHRONE, un comble pour deux types qui ont bâti toute leur « carrière » (les guillemets s’imposent car point de carriérisme ici) sur des idées et concepts aussi doucereux que la misanthropie, la détestation de l’autre, le repli sur soi, l’exil au milieu des grands espaces forestiers de leur Norvège natale. Ce n’est donc pas réciproque.
Mais ces deux-là font ce qu’ils veulent, toujours en pleine crise d’adolescence, éternellement adolescents boutonneux même, et ils jouent la musique qu’ils ont toujours aimée, lui rendant de vibrants hommages depuis (environ) 2006 et l’album The Cult Is Alive… On devrait plutôt parler de musiques au pluriel parce que Nocturno Culto comme Fenriz ont des goûts variés, ce qui se vérifie encore pleinement avec The Underground Resistance, album A.O.C. 2013 de Darkthrone, un disque complètement schizophrène (et le seizième album officiel du groupe). D’un côté Nocturno Culto est aux commandes de la moitié des compositions et nous assène un thrash primitif et proto black – quelque part sur les platebandes de Venom et de Hellhammer si on veut ; de l’autre côté Fenriz se sent pousser des ailes, son cœur de viking s’envole dans les airs et il nous propose des compositions axées autour de l’esprit heavy mental 80’s/speed metal germanique, héroïque, lyrique et guerrier, pour encore donner quelques repères on situera tout ça entre Mercyful Fate et le Bathory mk3 sauce odiniste.
Chaque compositeur chante sur ses titres à lui et si Nocturno Culto étonne guère avec son habituel registre de black métalleux crust et hargneux, Fenriz épate la galerie en tentant une imitation plutôt convaincante de King Diamond (Valkyrie). On remarque aussi que la production chez Darkthrone est toujours aussi rugueuse et sévère, ce qui ne signifie pas que le son de The Underground Resistance ressemble à une grosse bouillabaisse plombée, non, on entend tout ce qu’il faut, du metal bien roots et surtout un grand fuck off aux amateurs des productions ultra policées et formatées qui pullulent de nos jours du côté des groupes de metal extrême et/ou de hardcore, noisecore, etc.
The Underground Resistance pourrait n’être qu’un drôle de disque voire un disque drôle de la part de deux papys métallurgistes et c’est vrai que l’on rit beaucoup à son écoute mais on rit surtout de cette jubilation – partagée – qui résulte d’une musique qui sonne véridique, certes « à la manière de » mais dont l’authenticité ne fait pourtant aucun doute. Pionniers du black metal tendance true, cult et tout ce qu’on voudra, Nocturno Culto, Fenriz et, donc, l’entité Darkthrone ont gardé leur intransigeance d’antan, une intransigeance d’ailleurs pas toujours très reluisante, pour désormais la mettre uniquement au service de l’amour de la musique. Ces deux types, malgré cette persistance à refuser toute apparition en concert et malgré leurs rares déclarations, ne sont pas des misanthropes haineux et obscurantistes, ce sont juste des gens qui s’amusent. C’est peut-être aussi pour cette raison qu’aujourd’hui on écoute davantage les derniers enregistrements de Darkthrone que l’incontournable et sainte trilogie A Blaze In The Northern Sky/Under A Funeral Moon/Transilvanian Hunger

[The Underground Resistance est publié en CD digipak – avec un patch très laid pour les premiers arrivés – et en vinyle évidemment noir par Peaceville records]