mardi 13 mars 2012

Report : les Lunatic Toys fêtent la sortie de Briciola au Périscope - 08/03/2012


Tout est dans le titre. Le lendemain du concert à Buffet Froid réunissant le trio Colin Webster, Sheik Anorak et Clément Edouard, je retrouve ce dernier au Périscope pour la release party du deuxième album des Lunatic Toys. Briciola a été enregistré à l’automne 2011 et est publié sur le label Carton (dont on va avoir un peu de mal à se passer si on aime vraiment le jazz et affilié ou les musiques intelligemment exigeantes).
Cela faisait presque un an que j’entendais parfois lors de concerts des Lunatic Toys des extraits de cet album alors encore en devenir. Ce que je découvrais lors de ces trop rares occasions me mettait singulièrement l’eau à la bouche – le trio formé de Clément Edouard au saxophone alto, d’Alice Perret au Fender Rhodes et au clavier ainsi que de Jean Joly à la batterie donnait l’impression de creuser et d’approfondir ses horizons musicaux sans se répéter mais sans se dévoyer non plus. Pour ne rien cacher, c’est également et très exactement la toute première impression que laisse Briciola après seulement deux ou trois jours d’écoute intensive et quasi ininterrompue. On reparle très vite ici de ce très bel album, promis. 




Mais pour l’instant ce qui nous intéresse c’est donc une release party. Ou une « sortie de disque » devrais-je écrire. C’est dans ce genre d’occasions que les musiciens encore pleins d’illusions et de doux rêves peuvent compter ou non sur leurs amis véritables. Je plaisante bien sûr : pour ce concert en forme de présentation d’album les Lunatic Toys ont eu droit à un beau public attentif et surtout ont pu bénéficier d'une audience toute acquise à leur cause.
Et lorsque je dis présentation d’album les Lunatic Toys ont littéralement procédé ainsi, jouant intégralement Briciola mais finissant par dévier tout de même du tracklisting de l’album. Mais qu’importe. On a vu les musiciens se détendre rapidement, contents de jouer leurs nouveaux titres, de défendre un album riche et varié et de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Car il y a en effet quelque chose d’assez extraordinaire chez le trio, c’est la diversité. On pourrait peut-être arbitrairement et trop schématiquement diviser la musique des Lunatic Toys en deux catégories (les titres enlevés et vraiment free d’un côté, les titres beaucoup plus lents et lyrique de l’autre) mais cela n’est guère suffisant ni convaincant pour comprendre et expliquer l’identité d’un groupe que l’on reconnait toujours tout de suite, dès les premières notes. Une qualité rare.




En concert, le phénomène peut se comprendre aisément car quelle que soit la composition, chaque musicien la joue avec la même inébranlable conviction. Ainsi, on apprécie énormément le son et le phrasé de Clément Edouard au saxophone alto – alors que l’alto n’est pas à proprement parlé le saxophone le plus sexy ni toujours le plus chargé émotionnellement –, les lignes rythmiques chargées de basses bourdonnantes d’Alice Perret mais aussi ses nombreuses interventions mélodiques au premier plan et, enfin, le jeu à la fois très dynamique mais aussi très fin de Jean Joly (sans compter ses nombreuses prises de parole à l’humour volontairement idiot).
Les Lunatic Toys ne sont ainsi pas réellement un groupe de jazz, disons qu’ils ne le sont plus tout à fait : ils empruntent à la mélodicité parfois un rien précieuse de la pop la plus élégante mais aussi à la vitalité bruyante du rock. Ce qui est réellement étonnant ce sont également les titres ou les passages pendant lesquels un certain lyrisme sucré prend le dessus tout en évitant le côté guimauve de la variétoche mais appuyant toujours un peu sur le kitsch. Assumer son côté loukoum et arriver à le contrebalancer en un tour de main est également une qualité rare et appréciable. De la même façon les Lunatic Toys ne sombrent jamais dans le pathos alors que parfois la musique du trio pourrait  s’y prêter.
Cette versatilité d’équilibristes plus que palpable est donc rendue possible grâce à toute l’énergie communicative du groupe en concert. Plein de beaux moments, plein de moments forts mais aussi plein de moments drôles. Parfois très sérieux, le trio est surtout extrêmement positif (on n’a pas dit festif) et donc des plus enthousiasmants sur scène.

Il n’y a pas eu de première partie à ce concert. J’avais d’abord cru comprendre que les Lunatic Toys allaient jouer deux sets mais il  n’en fut rien : après avoir joué l’intégralité de Briciola, le trio s’est lancé dans deux titres de son précédent album, , assurant ainsi un concert au long court.