mercredi 24 août 2011

Ulan Bator / 2°




Killed By An Axe est un petit label bien curieux : après avoir édité une paire de singles garage punk, le label s’est lancé dans la réédition de disques introuvables ou presque et, surtout, inédits en format vinyle. Première victime de ce traitement de choc, le mini album Blind Sink de Bästard. Pas très pressé – ou manquant très certainement de moyens – Killed By An Axe a tout de même remis ça avec le deuxième disque d’Ulan Bator, (quelque chose comme « deux degré » et non pas « deuxième », mais il est vrai que cela porte à confusion). Qui se cache derrière une telle entreprise ? Quel allumé notoire ? Quel passionné ? Qu’importe : qu’il en soit ici remercié car est tout simplement l’un des tous meilleurs disques publiés au cours des années 90 – 1996 pour être plus précis – de ce côté ci de la planète.
a à l’origine été sorti par Les Disques Du Soleil Et De L’Acier de Gérard Nguyen, à une époque où être enregistré par François Dietz au studio du Centre Culturel André Malraux de Vand’Œuvre Lès Nancy était considéré par les snobs comme un gage de qualité (Nox, 60 Etages et plein de musiciens de la scène improvisée sont passés entre ses mains) mais il faut surtout voir là une raison pratique : le CCAM était un voisin de DSA, basé à Nancy. Contrairement au premier album d’Ulan Bator enregistré avec des bouts de ficelle, ce qui ne l’a pas empêché d’être une franche réussite, a donc bénéficié d’un vrai travail en studio et la qualité s’en ressent. Sur ce deuxième disque les compositions sont plus abouties, le son est bien meilleur et Ulan Bator ajuste à la fois ce que l’on n’a pas encore l’indécence d’appeler « post rock » (le premier titre, l’excellent quoiqu’un brin désordonné Polaire, un Silence encore plus sombre puis Episcope, en guise conclusion de quasi irréelle) et une version très personnelle car très aérienne de ce que l’on désignait déjà par « noise » : Sea-Room et surtout D-Press T.V. avec sa basse bourdonnante jouée à l’archet sont deux compositions éternellement magnifiques et incontournables.
Jugé bien trop court à l’époque (27 minutes), n’en possède pas moins une homogénéité et une rigueur qu’Ulan Bator aura ensuite beaucoup de mal à retrouver. Le line-up du groupe pour survivra jusqu’à l’album d’après (Végétale, toujours chez DSA et premier disque d’Ulan Bator à incorporer des paroles en français) et était alors composé d’Amaury Cambuzat (guitare/chant), d’Olivier Manchion (basse) et de Franck Lantignac à la batterie, un bordelais ayant même joué avec Voodoo Muzak. Sur scène Ulan Bator arrivait sans problème à atteindre la tension et la beauté de ses premiers enregistrements et a même servi en 1997 de support band à Faust, expérience s’il en est et dont on peut toujours retrouver quelques traces. Aujourd’hui Ulan Bator est un tout autre groupe, seul Amaury Cambuzat demeure, même si on peut trouver dans ses enregistrements les plus récents – l'album Tohu-Bohu – quelques réminiscences de ce  d’anthologie. Une autre époque.