samedi 20 février 2010

Vergogne / Sans























Haha hahahaha HAAAAAAAAAAAAAA !!! Quoi ? Qu’est ce que j’ai dit déjà ? Qu’à propos de Goudron j’avais rarement vu un artwork aussi moche ? Et bien voici Vergogne, trio qui à son tour expose sans honte aucune – elle était facile celle-là – une pochette de disque tout juste bonne pour le groupe de rock progressif dans lequel joue ton père le dimanche après midi avec ses vieux potes de boulot. Des ventrus qui répètent inlassablement dans la cave de bonne maman, fument de la ganja coupée à la cardamone et essaient d’imiter Robert Fripp ou Steve Howe et peut être même les soli de flutiot de Ian Anderson sclérosé sur un seul pied. Une horreur. Je vais finir par regretter l’esthétique disco-fluo des années 80 dansantes, sonnantes et trébuchantes. Que le groupe ait eu la fausse bonne idée d’appeler son disque Sans c’est tout autre chose, après tout je suis bien adepte moi aussi du jeu de mot foireux. Mais ce fou du roi silurisé ou peut être même alienisé (gloups) cela ne passe vraiment pas. Et en parlant de la cave de bonne maman, Vergogne a eu semble t-il eu du mal à en sortir : Sans a été enregistré en décembre 2007 apprend-on en lisant le carton qui sert d’insert. Lequel indique également que Désormais records et Théâtre records sont les deux labels responsables de la parution de Sans. Vu les quelques disques en provenance de ce dernier que l’on a déjà pu écouter (les enregistrements de Microfilm ou ceux de Myra Lee par exemple), voilà qui inspirerait plutôt confiance. Et la confiance est un plat qui se mange bien chaud, on le sait très bien, faut pas attendre d’avoir le dos tourné pour mordre dedans à pleines dents. Mordons donc.
Les premières minutes de ce court album laissent perplexe : Vergogne ne serait qu’un groupe de math rock de plus. Instrumental, dynamique, deux guitares qui se répondent, un batteur qui fait l’arbitre, un talent certain pour la composition mais encore et toujours du math rock. Le genre instrumental et cinématographique à tendance scientifique est tellement encombré de sous-groupes et de sous-copieurs sans vergogne (oui je l’ai dit) qu’il faut être sacrément doué pour espérer sortir un tant soit peu du lot. Sans Mot-Dire (je suppose que c’est ainsi que se nomme le premier titre) laisserait presque entrevoir que Vergogne peut surnager au dessus de la mêlée. Puis vient l’intro de 6 Pieds… et tous les préjugés que je m’apprêtais à vomir sur ce groupe et sa musique de psychorigides numérologistes tendent à s’écrouler. En effet, le temps de se rendre compte qu’il y a des textes d’imprimés sur l’insert du disque que ces 6 Pieds décollent du plancher des vaches et qu’une voix plutôt perdue dans le mix assène dans un français sans accent quelques mots dont le sens pourtant m’échappe complètement mais qui pimentent largement l’ensemble. Idem pour le titre d’après, Revers, bien que celui-ci ait l’avantage de commencer sous de biens meilleurs auspices : Vergogne se joue des mots comme il se joue du carcan math rock, rien à foutre de la syntaxe obligatoire ce qui compte c’est le rendu, lequel prend une toute autre gueule sur le final de Revers longuement agrémenté d’une clarinette elle aussi noyée dans la masse.
La deuxième face de Sans a à peu près la même tête que la première – à savoir un instrumental pur puis deux titres avec voix dont un avec de la clarinette – donc je ne devrais rien avoir à rajouter sur ce disque et sur ce groupe qui impose sa petite différence sans rien demander à personne. Et bien rajoutons en une couche malgré tout parce que cette deuxième face est tout simplement excellente du début à la fin – est ce l’habitude qui s’installe déjà ? – et vous ratiche le cœur en un tour de main. Le final de Rien vire même à la leçon de choses pour tous ceux qui auraient la prétention de s’essayer au genre. Suit La France A Fric – avec des paroles digne d’un collégien fan de Bérurier Noir ou de Condense : La France A Fric/L’Afrique Est En Trance/Et La France Est Rance avec le retour de la clarinette et une explosion de fin de parcours à se rouler une nouvelle fois par terre. Enfin, on aurait presque envie de jeter Etat D’Âme au feu si le chant, encore une fois traité de façon presque anecdotique, n’apparaissait soudain, précédant de peu une cavalcade de guitares dont Vergogne s’est donc fait une spécialité incontournable.
Les gars, je ne retirerai pas ce qu’il y a d’écrit un peu plus haut sur cet artwork digne des pires chacals népalais. Mais j’espère de tout cœur que vous ne finirez pas comme vos pères, vos oncles et tous leurs potes au fond de la cave de vos grand-parents à vous scléroser la musique de dépit. Vous méritez bien mieux que ça.