samedi 4 octobre 2008

This Comp Kills Fascists
























Vive l’underground ! C’est ainsi que Relapse, le label des métallurgistes tatoués et en shorts, parle de la compilation This Comp Kills Fascists, un CD qui selon les dires de ses concepteurs regroupe la crème de la crème des groupes grind, crust, power violence (de quoi ?) et parfois tout ça en même temps de la scène U.S. Le maître de cérémonie de ce premier volume s’appelle Scott Hull, ce gros bâtard de guitariste/producteur qui officie dans Pig Destroyer et surtout Agoraphobic Nosebleed -nous sommes en terrain connu. C'est lui qui en a eu l’idée, qui a collecté les enregistrements et masterisé les bandes. Relapse n’a eu qu’à faire monter la sauce en utilisant quelques moyens modernes de promotion (à ce jour et contrairement au titre du disque, Rupert Murdoch n’a toujours pas été retrouvé gisant dans un bain de sang -tiens, voilà que je me mets à faire mon crusty anorchopunk moi aussi, pardon) et surtout en annonçant que sur This Comp Kills Fascists il y a de l’inédit fraîchement enregistré par les grindeux reformés de Brutal Truth. Autant dire que ce genre d’annonce fait toujours l’effet d’une bombe chez les fanatiques du genre.
L’artwork est plutôt réussi, il est signé Orion Landau, l’illustrateur maison de Relapse, lequel a plutôt bien retrouvé l’esprit collage/détournement des vieilles compilations punk ou oï d’antan. Georges W. Bush y est mangé à toutes les sauces, celle qui consiste à lui mettre quatre bites derrière le crâne et formant une svastika turgescente à ma préférence. A l’intérieur il y a une page par groupe, le plus souvent avec les paroles (ici on parle de politique, haha) et cinquante et un titres. Mais il n’y a pas autant de groupes, ce qui aurait beaucoup plus drôle, chacun balançant entre deux et six morceaux de barbaques dans la casserole. Cela nous fait donc quatorze groupes et un disque agréable à écouter : bonne ambiance de fond pour une matinée de désoeuvrement, disque facile à zapper lorsque on tombe sur un titre qui ne plait guère, un bon gadget de défoulement physique et d’hygiène auriculaire.
La question que je me posais était bien évidemment celle de la bonne santé ou non de Brutal Truth (titres 42 à 45). Le gang de Kevin Sharp et Dan Lilker -quarante cinq ans au mois d’octobre- fait plus que respecter le cahier des charges en offrant quatre titres intenses, plutôt courts, avec des riffs tordus, un chant énorme et une rythmique implacable. On aurait même pu souhaiter un peu plus d’aération dans le propos, tellement l’impression de se faire clouer la peau sur un mur par une riveteuse déréglée est tenace. Mais les champions toutes catégories de ce florilège d’ultra violence sont l’autre groupe du batteur Rich Hoax : Total Fucking Destruction, inégalable question folie à tout casser et avec un naturel confondant pour le dire. Après c’est selon les goûts. Les vétérans (et reformés ?) Agents Of Satan remportent haut la main le titre du meilleur nom de groupe -qu’est ce que vous croyez- et font bien rire avec leur musique de nains de jardin. Weekend Nachos ont également un chouette nom mais cela s’arrête là. Insect Warfare est très efficace aussi, le temps de quatre titres bien carrés de facture certes classique mais promptement menés et sans bavures. Magrudergrind suit le même chemin, en encore plus rapide (et avec deux voix). Pour les amateurs de pur crust il reste Man Will Destroy Itself. Quant au reste… le mieux c’est d’écouter This Comp Kills Fascists en mode aléatoire et d’espérer que le volume deux, s’il parait un jour, sera du même acabit.