vendredi 2 mai 2008

Vraiment n'importe quoi


Le meilleur résumé du concert de mercredi soir serait : les groupes jouaient vraiment très fort et j’étais complètement bourré. Et c’est tout. Merci de votre attention. Je ne me souviens pas du reste. Sauf du moment où je me suis cassé la gueule en vélo sur le chemin du retour parce que je me suis mangé un trottoir.
Mais reprenons depuis le début. Ce n’est pas la foule compacte au Sonic. Pendant que le gang des anoraks s’est réfugié au Grrrnd Zero pour assister à un concert de Clara Clara quelques stéphanois débarquent heureusement pour étoffer un peu le public. Soixante entrées payantes, j’aurais pensé qu’une belle affiche de dégénérés regroupant Servo, 25 et Binaire amènerait plus de monde que ça, blah blah, blah, les habituelles considérations sur la fréquentation des concerts à Lyon et tout ça. On s’en fout.























Je vais être clair et concis, après deux semaines complètes de vacances et le jour même de mon retour au travail, ce concert me semblait être la meilleure solution pour oublier que de ce côté là rien n’avait changé, quinze jours d’absence et l’envie d’en repartir aussitôt. J’écoute deux morceaux et demi de Servo avant de m’éclipser vers le bar puis la terrasse pour suivre la prestation des montpelliérains de loin, c’est que j’ai la ferme intention de me retourner le mien, de cerveau, et que la power pop de ces anciens Electric Buttocks me saoule mais pas dans le sens que je voudrais. Le groupe joue longtemps alors je prends également mes aises pour bien faire les choses.
Lesquelles sont déjà bien avancées lorsque les 25 attaquent de front. Juste le temps de finir mon verre et d’aller assister à ce qui de l’extérieur me semble être un concert chaud la braise par un bon groupe de punk. Ça va même être beaucoup mieux que ça. J’ai honte mais je dois avouer que je n’avais jamais vu les marseillais en concert, que même je ne connaissais pas très bien la musique du groupe. Et là j’assiste à un truc complètement jouissif. Rapide, nerveux, sale, une bonne dose de garage et un chanteur/guitariste qui se sert d’un vieux combiné de téléphone comme micro -le son de la voix s’en trouve évidemment tout transformé, passé à la moulinette, ça bave et ça sature et comme en plus le dénommé Lee Zeirjick (ha ha !) a vraiment du mal à chanter sans brailler et crachouiller, l’effet est tout ce qu’il a de plus punk as fuck. De leur côté bassiste et batteur assurent une rythmique impeccable, parfaite pour les titres (très) courts de 25. Le guitariste se lance également dans des parties disons, euh, plus élaborées que les riffs basiques du punk et du garage (il est pas guitar hero non plus, hein, ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit) tout en gardant le sens primordial de l’efficacité rock’n’rollienne et du high speed, ouch.
Mais je m’inquiète un peu parce que, comme Servo, 25 joue longtemps et comme le concert avait commencé tardivement je râle intérieurement pour Binaire, le groupe que je suis venu voir ce soir : j’ai comme l’impression que le duo devra écourter sa prestation d’autant plus que le changement de plateau va être compliqué, Binaire jouant à même le sol et ayant plein de machines à installer.
























Je suis encore dehors à me livrer à mon activité favorite du jour lorsque les premières notes retentissent. Je ne veux surtout pas rater ça. Le son est énorme, vraiment très fort mais contrairement à une récente expérience malheureuse au même endroit (la catastrophe du concert de Three Second Kiss du dimanche précédent) ce que le public entend n’est pas de la bouillie. L’ambiance massive lancée par Binaire en guise d’introduction est lourde, oppressante, limite industrielle -et en particulier le son de la boite à rythme est très impressionnant, ultra puissant. Pour l’instant le rythme est lent et visqueux mais cela ne va pas durer. Les machines s’emballent, les guitares brûlent, les cordes vocales s’arrachent, tout est parfait d’intensité.
J’ai du mal à reconnaître les morceaux tellement ils paraissent transfigurés par la densité sonore, ça poutre sévèrement et pendant leur (court mais formidable) set Binaire ne va pas faiblir, bien au contraire. Je reconnais enfin un titre puis un autre, abruti que je suis je réalise que j’ai peut être ce soir entendu de l’inédit, et en y réfléchissant bien -un truc que je n’ai pas réussi à faire pendant vingt quatre heures- le deuxième ou troisième joué était vraiment réussi, avec sa programmation de rythmes un peu alambiquée. Les quelques furieux qui ont réussi à tenir le coup réclament un rappel et malgré l’heure tardive ils l’auront. Encore bravo.























Pendant que tout le monde part -faut se lever le lendemain pour le défilé de la fête du travail, un truc qui ne peut se fêter qu’à l’envers, comprenne qui pourra- pendant que les groupes remballent, que l’asso organisatrice balaie et vide les poubelles, je joue les prolongations avec un ancien qui se remémore ses jeunes années en braillant des vieilleries de La Souris Déglinguée. La salle va fermer que je suis encore là, sangsue pathétique accrochée au bar, c’est la tournée du patron donc tout va bien. Je pars le dernier, tant bien que mal, ivresse manifeste à vélo ça va faire mal et surtout ça va être dur. Comme prévu je pense à tout autre chose pendant que je remonte un trottoir le long du quai du Rhône et je ne vois pas l’obstacle, d’ailleurs je ne sais toujours pas ce que c’est, je m’écrase avec une absence totale de grâce sur mon épaule droite qui le jour d’après me fait encore mal, moins que la tête toutefois. Mais si demain Binaire rejouait dans cette ville, j’y retournerais immédiatement.