Rubrique poésie et design. Le packaging de Descend Into Depravity, la livraison 2009 de Dying Fetus est un bel exemple en la matière, se plaçant juste derrière celui du Massive Aggressive de Municipal Waste pour l’obtention du titre de plus chouette joujou musical pas trop cher de l’année passée. Pas de badges mais un patch élégant et sobre ainsi qu’un autocollant reprenant le visuel de l’édition simple (super moche le visuel, on se croirait pour de vrai dans un jeu type bas-toi seul contre tous ou alors on est dans un film 3D pour ados sans perspectives d’avenir). Ces deux goodies sont emballés dans un digipak trois panels avec illustration en noir sur noir et en relief. A l’intérieur on découvre une photo de chaque membre de Dying Fetus à savoir le leader maximo John Gallagher (guitare et chant) et ses deux esclaves du moment : Sean Beasley (basse et voix) ainsi que Trey Williams (batterie). Ces mecs là n’ont aucun mal à avoir l’air terriblement méchant, ils ont les cheveux rasés ou bien très longs – la demi-mesure ça n’existe pas – et croisent leurs bras sur leurs pectoraux saillants et bombés, mazette. Si le métallurgiste de base est parfois dramatiquement homophobe – ce qui n’est heureusement pas le cas de Gallagher and C°, ces mecs se sont toujours clairement engagés contre – il donne aussi du grain à moudre pour qui sait apprécier la virilité conquérante.
Cette attitude de warriors urbains, le titre de l’album, les thèmes politiques abordés dans les textes suffisent ils à faire de Dying Fetus un groupe honorablement militant ? Lorsque j’écoute Dying Fetus je deviendrais presque un winner de la lose moi aussi, bien trop conscient de mes engagements de principe, conscient de ma colère, capable de la décupler tout comme Bill Bixby se transforme en Lou Ferrigno. Et après ? Après, rien. Descend Into Depravity est un agréable moment d’ultraviolence politiquement engagée. Normal que ce disque cartonne. Relapse, le label de Dying Fetus, n’a pas l’air trop mécontent des ventes, du moins pour un groupe de metal underground et extrême. Tant mieux me direz vous, si on peut concilier musique qui saigne, succès commercial relatif et paroles politiques qui font fureur. Mais je ne sais pas s’il faut en rire ou bien en pleurer : la révolte/contestation est un mode de consommation et un spectacle comme un autre, je dois être trop vieux et trop blasé pour apprécier totalement.
Et comme d’habitude je n’ai pas parlé ou presque de la musique qui figure sur ce disque. Pour faire simple Descend Into Depravity c’est comme ses six prédécesseurs du death metal ultra technique et ultra classique entrelardé de plans typiquement hardcore. Les changements de line-up incessants au sein de Dying Fetus n’y font rien, la musique du groupe reste toujours la même. Les variations entre chaque enregistrement sont minimes, seul le ressenti général varie un peu : il y a les albums que l’on adore comme Killing On Adrenaline ou Destroy The Opposition et puis il y a les autres, moins bandants - Descend Into Depravity fait partie de la deuxième catégorie, celles des disques bien torchés mais tout juste passables de Dying Fetus. A défaut d’ouvrir sa gueule en grand et d’avoir une absolue crédibilité politique/idéologique/philosophique le groupe de John Gallagher pourrait peut être se cramer deux ou trois neurones supplémentaires et passer par la case on rénove et on sépare merdier. L’impertinence musicale finit ici par faire cruellement défaut, un gros son protoolé ne suffit pas à donner le vertige. Dying Fetus est juste un groupe moyen à prendre et apprécier comme tel.