Voilà une chronique de disque qui ne va pas tergiverser ni perdre son temps – allez, je vise moins de deux mille signes comme on dit couramment chez les pisse-copies – et à moins de trop raconter ma vie ou de décrire ma (très) mauvaise humeur actuelle ce CD enregistré en solo par Aidan Baker ne va pas mériter beaucoup plus qu’un élégant on n’est pas très loin du lamentable. Un chroniqueur plus zélé et moins poli affirmerait que Dry est une grosse merde. Une fumisterie. Une perte de temps pour l’auditeur et une perte d’argent pour le label qui a osé sortir ça. Le label en question c’est Install records, huit références au compteur pour l’instant. Des CDs empaquetés dans des pochettes entièrement cartonnées, je précise parce que le label appelle ça un eco-wallet, genre il n’y a pas de plastique là dedans donc ça ne pollue pas (et la galette en elle-même elle est faite en quoi ?). Acheter des disques en 2010, c’est faire exploser son bilan carbone, contribuer massivement au réchauffement de la planète et tomber dans le piège de la consommation qui quoiqu’on en dise érige toujours le culte de l’objet en argument marketing direct. Le records geek est une ordure égoïste.
Dry a été enregistré en juillet 2009 à Berlin, probablement pendant qu’Aidan Baker faisait une promenade touristique en Europe avec Nadja. Il est précisé que all sounds produced by electrical guitar without the use of any electronic effects. Effectivement, ce qui frappe dès les premières secondes de Strum & Stress c’est la pureté du son de guitare. On se dit que l’on va pouvoir écouter quelque chose de différent de la part d’Aidan Baker et on attend donc qu’il ait fini d’accorder son instrument/de s’échauffer les doigts/de trouver l’inspiration. On attend, on attend, on attend… jusqu’à ce que l’on doive admettre qu’il ne se passe rien sur ce Dry et qu’il ne s’y passera rien quoiqu’il arrive. Le canadien gratouille (les yeux fermés ?) des motifs sans intérêt qu’il superpose ensuite – il n’y a peut être pas d’effets électroniques sur ce disque mais un enregistreur multipistes a visiblement été utilisé – et le résultat est un grand vide, une solitude absolu dans un monde de néant incommensurable. Au mieux cela pourrait ressembler au bruit que fait la pluie qui tombe sur le toit en tôle ondulée de mon bungalow provençal après un orage estival (Pale/Pole). Ou bien la guitare tente d’imiter tant bien que mal le son des gamelans (I Am A Free Machine) puis les grincements d’une vieille locomotive à vapeur qui peine à démarrer (The Irrevelance Of Mosquito Dreams sur lequel Aidan Baker sort son archet).
Qu’Aidan Baker cherche de nouvelles techniques pour sortir des nouveaux sons de sa guitare je n’y vois aucun inconvénient. Par contre il aurait pu garder ces gratouillages pour lui, comme une démo honteuse. Quoi ? C’est un disque intentionnel ? Un projet comme un autre ? Ah… tout le monde peut se tromper.