mercredi 19 mars 2008

Rester couché

Qu’est ce que j’ai raté comme concert ces derniers temps ? Apparemment celui de Nisennenmondai, genre ébouriffant et hypno-groovy et dont on peut voir quelques extraits ici, filmés à la punk comme il se doit. Pour ce qui est du concert de Pan Sonic, on peut lire qu’il a été très sage, surtout je retiens qu’il devait être très comparable à celui donné au Pezner par les finlandais il y a déjà une dizaine d’années. Pas beaucoup d’évolution depuis tout ce temps. Donc je ne regrette rien.
Alerté par quelques propos intéressants sur GHQ (Double Leopards inside) ainsi que par quelques extraits sonores accrocheurs, l’appel du concert n’a pas tardé à se faire à nouveau sentir, nettoyage d’oreilles, hygiène des bas instincts, un peu d’air vicié (mais sans tabac) pour mon organisme. Sur le flyer, l’organisateur a écrit psychedelic drone, OK si tu le veux mon garçon mais moi ce qui me faisait peur c’était la présence d’un invité de marque, Tom Carter des abominables dark folkeux Charalambides, j’y-vais-j’y-vais-pas. J’y vais.



















Tout petit hors d’oeuvre de la part de I'm A Grizzly. Le garçon met un micro dans sa bouche, échantillonne, manipule, bidouille, fait des faux-plis, recoud à l’envers, évite le repassage et c’est déjà fini. Dix minutes chrono. J’ai beau savoir que le timing est serré (GHQ a demandé à jouer une heure et demi…), cela fait un peu court pour commencer à apprécier le début d’un commencement de frémissement d’intérêt. I’m A Grizzly ça avait l’air plutôt bien, du bruit pas très original c’est vrai mais avec un minimum de boulot derrière or là, franchement, impossible de trancher quoi que ce soit dans le vif du sujet ou ailleurs. Je prends ça comme une bonne blague, la plupart des gens présents (une vingtaine de personnes…) aussi. L’ennui et la fatigue s’installent tout doucement, j’ai déjà tout le bas du corps qui ne répond plus.

















PartWildHorsesManeOnBothSides est un duo d’anglais basés à Lyon, quelle drôle d’idée. Le garçon s’installe derrière une batterie qui n’en est pas une -pas de charley, un tom basse scié en guise de grosse caisse, des bidules en ferraille posés sur les peaux afin d’obtenir des drôles de son. Surtout il appose sur sa gorge une lanière noire maintenant deux micros, un peu d’effets par dessus et je comprends qu’une partie des sons étranges générés le sont par les bruits de son larynx. Amusant. La fille joue de la flûte traversière amplifiée.
Je vais une nouvelle fois faire appel au flyer de l’organisateur du concert, celui-ci parle de free psychedelic trance, pourquoi pas. Sur des rythmes répétitifs et vaguement tribaux (et une légère touche de free il est vrai), PartWildHorsesManeOnBothSides plante le décor d’une musique assoupissante à peine rehaussée par les stridences de la flûte. Limite insupportable. Parce que je ne me rappelais plus jusqu’à quel point je peux détester cet instrument pacificateur, à quelques exception près tout de même, exceptions ayant toutes à voir avec le (free) jazz : chez Eric Dolphy, Pharaoh Sanders, Rahsaan Roland Kirk ou Harold Alexander. Là je n’en peux plus, malgré les trouvailles divertissantes du batteur, l’ennui, la fatigue et la paresse gagnent encore un peu plus du terrain et je fais un effort surhumain pour tenter de me souvenir et de reprendre la conversation interrompue une demi-heure auparavant. Je vais bientôt passer de l’engourdissement à la léthargie.

















GHQ et Tom Carter sont déjà sur scène (tous les autres ont joué par terre), commencent à s’accorder, pardon, à gratouiller, ça prend forme petit à petit, ça y est ils jouent enfin un vrai morceau avec de vraies notes, je me rapproche tout doucement car je sens des fourmis dans mes pieds qui s’impatientent quelque peu. Mais ce regain d’intérêt ne dure pas. J’admire le guitariste de gauche et son jeu élaboré dans lequel on pourrait trouver des réminiscences de John Fahey, du moins des intentions de faire tout comme. Je crois bien avoir affaire à Steve Gunn de Magik Markers et je commence à me demander ce qu’il fait là. Au centre il y a Marcia Bassett (Double Leopards) et la même réflexion me vient tout de suite à l’esprit. Reste à droite Tom Carter. D’entrée je déteste son son de guitare, c’est lui qui donne l’aspect un peu Mazzacane Connors à la prestation de GHQ de ce soir mais cela aussi, il faut le dire très très vite.
Il n’y a aucune accroche possible dans le néo folk interprété par le groupe, lorsque celui-ci s’étoffe en grosses tranches on retrouve quelques accents à la Spacemen 3, lorsqu’il se fait plus cristallin il y a peut être un peu du troisième album du Velvet Underground là dessous, j’essaie de dire tout ça toujours et encore de plus en plus vite tellement ces comparaisons -énormes- semblent disproportionnées face à la fadeur de ce que nous livre GHQ. Un peu de chant, d’une voix blanche, n’y change rien. Je n’y entends rien à tout ce revival folk/country/blues en version modernisée et urbaine (ça c’est pour la référence à Sonic Boom et à Lou Reed) qui semble faire fureur chez les musiciens américains en quête d’expérimentation, l’impression persistante qu’ils sont complètement paumés est loin d’être fugace. J’abandonne entre la fin du troisième titre et le début du quatrième, il est absolument hors de question que je me tape une heure et demi de ce genre de désert musical, sinon la trétraplégie me guettera. Bonne nuit.