Rien à dire sur Pocket Bastard, le one man band qui a ouvert jeudi soir au Sonic pour Enablers. En dire du mal m’est impossible, cela reviendrait à porter un jugement de valeur sur quelque chose qui m’est totalement étranger, comme si j’allais chier sur Michel Polnareff, Prince ou Blur, comme si je pouvais avouer que j’ai pratiqué ma première sodomie sur une chanson de U2, comme si j’avais que ça à foutre. Il n'y a rien de pire que l'indifférence.
Indifférence montée en épingle par l’attente plutôt fébrile d’Enablers, de retour en Europe une année après leur précédente venue, petite tournée quand même (quatre pays : Grande Bretagne, Belgique, Pays Bas et France) sans nouvel album mais avec un excellent vinyle une face sous le bras, c’est déjà ça. A mon arrivée le groupe est en train de terminer ses balances, de l’extérieur la musique d’Enablers s’est habillée de puissance et de nervosité, c’est plutôt de bon augure pour le concert.
Indifférence montée en épingle par l’attente plutôt fébrile d’Enablers, de retour en Europe une année après leur précédente venue, petite tournée quand même (quatre pays : Grande Bretagne, Belgique, Pays Bas et France) sans nouvel album mais avec un excellent vinyle une face sous le bras, c’est déjà ça. A mon arrivée le groupe est en train de terminer ses balances, de l’extérieur la musique d’Enablers s’est habillée de puissance et de nervosité, c’est plutôt de bon augure pour le concert.
Effectivement, cela commence très très fort, Pete Simonelli est déchaîné, ne tarde pas à bondir, sauter à pieds joints, à fond dans son rôle habituel mais l’outrepassant rapidement, il n’est plus ce raconteur/performer qui déclame ses poèmes inspirés par toute le beat generation, il devient un frontman halluciné qui mène le show, ce soir Enablers est un vrai groupe de rock’n’roll. L’effet est sale, dégoulinant de sueur, poisseux, carrément approximatif sur certains passages, tout passe grâce à l’énergie déployée par le groupe. Les deux guitaristes, Joe Goldring (à gauche) et Kevin Thompson (à droite), sont complètement dedans eux aussi, attaques frontales de riffs aiguisés, dérapages noise -c’est la fête des grosses guitares, parfois même vraiment très grosses et bruyamment nerveuses, c’est étonnant mais complètement captivant de violence. Exultation. Le batteur Joe Burns est de retour derrière les fûts (il était absent lors de la tournée de l’année dernière), malgré son air pataud et mollasson, malgré la curieuse configuration de son instrument, il fracasse l’atmosphère de coups précis et économes, il a un jeu vraiment très particulier. Entre deux titres Simonelli s’empare d’une bouteille de pinard et lance un santé ! plein d’entrain. Il est déjà bien attaqué. Thompson réclame du son dans le micro qui se trouve devant lui, il va assurer quelques backing en renfort du poète en chef et c’est du plus bel effet.
Le groupe fait mine de quitter la scène, c’est le plan éculé du faux rappel placé en milieu de concert mais la farce ne dure pas longtemps et Enablers attaque une seconde partie de set complètement différente de la première : morceaux plutôt calmes pendant lesquels on peut plus facilement comprendre les mots de Simonelli (au lieu d’avoir à faire des efforts pour les distinguer derrière les deux guitares), guitares en dentelles justement, qui jouent la connivence, batterie en service minimum avec option jazz au rabais. A peine un éclair, une fulgurance de temps à autre. Les titres se suivent et ont tendance à tous se ressembler, Enablers a peut être eu tort de trop faire monter la pression en début de concert, maintenant c’est comme si le groupe n’arrivait pas à calmer le jeu, on a surtout l’impression qu’ils ont juste baissé le volume mais ils restent toujours aussi approximatifs : dans ses conditions l’urgence disparue leur fait défaut car elle n’est plus là pour pallier au manque de sophistication. Enablers échoue à installer cette atmosphère incroyable pour laquelle le groupe est pourtant d’habitude si fort et qui fait tout l’attrait de ses deux premiers albums, End Note et Output Negative Space. L’ambiance devient très polie, malgré les blagues racontées par le groupe et la bouteille de rouge qui tourne entre ses membres.
Cette fois Enablers quitte réellement la scène et c’est l’heure d’un véritable rappel. Ce sera le magistral Pauly's Day In Cinema, sans doute l’un des meilleurs titres d’Enablers, une partie du public devait désespérer de l’entendre jouer car -après une exécution impeccablement tendue- c’est le retour de l’exultation. Un beau final pour un concert en demi teinte, ponctué il est vrai de titres inédits qui donnent envie d’écouter le prochain et troisième album du groupe annoncé pour cette année 2008, espérons que nous n’aurons pas trop longtemps à attendre.