samedi 3 novembre 2007

Petites culottes

Mon principal problème avec PRE, c’est que les membres de ce groupes essaient vraiment de ressembler à ce dont ils voudraient bien que l’on croit qu’ils soient, autrement dit ils ne se déguisent pas pour créer une quelconque distanciation ou au contraire pour interpeller le quidam qui regarde ailleurs, mais ils se déguisent en jeunes gens chaotiques de bon goût uniquement pour faire bien : ils ont les mêmes mèches de cheveux qui leur tombent devant les yeux que les Plastinaasts, ils évitent de se raser parce que ça va bien avec leurs lunettes en plastique et la chanteuse -Ah ! la chanteuse- est la reine de la petit culotte. Si les gens ressemblaient pour de vrai à ce qu’ils sont réellement ce serait la plus effroyable des catastrophes mais ce n’est pas une raison pour vouloir ressembler à ce que l’on est pas, du moins ce n’est pas une raison pour se conformer à une image stéréotypée.
De stéréotypes il est également question avec la musique de Pre qui résume parfaitement les dernières aspirations du label Skin Graft, lequel a visiblement du mal à se remettre du choc (et de la séparation aussi) d’Arab On Radar -guitares stridentes et rythmiques primaires sont au programme. Rajoutez à cela un chant hystérico-prépubère dans la droite lignée de celui de mademoiselle Yasuko Onuki et le tour est joué, ou presque. Presque parce que Skin Graft nous a déjà fait le coup l’année dernière avec Aids Wolf et sa chanteuse à peine plus dénudée -en vérité tout ça est bien fatiguant.





















Mises à part toutes ces remarques de vieux con réactionnaire et détenteur de l’ultime secret rock’n’roll, Epic Fits, le premier album de Pre, est absolument formidable. Du moins pour tous les accros au diptyque Arab On Radar/Melt Banana (voir la description au dessus) qui achètent tous les disques publiés par Skingraft -mais il y en a bien qui se ruent sur toutes les publications Ipecac, Southern Lord ou Hydra Head sans se poser plus de questions alors pourquoi pas. Il y a donc vraiment de très bonnes choses sur Epic Fits comme le chant de Drool alternativement angélique et crié, ce n’est pas nouveau mais cela reste très efficace. Au milieu de Scenes From A 1963 Los Angeles Love-In il y a un long passage de guitares tricotant un maillage parfait qui va se resserrant inexorablement avant de se relâcher, allant presque jusqu’à l’atténuation, avant que la rythmique ne reparte de plus belle en laissant le champ à nouveau libre à la voix. Sur Popping Shower, Pre refait le coup des guitares répétitives qui s’éternisent mais avec de la trompette cette fois ci. Pour le reste, certains titres passent comme des météorites en fusion (Know Your Teachers) alors que d’autres se veulent légèrement plus groovy (And Prolapse) mais l’essentiel est que cela dure rarement plus de deux minutes -deux minutes de coït intense, désolé mais j’ai quand même du mal à oublier toute cette profusion de petites culottes- et les quinze titres de cet album totalisent à peine vingt sept minutes, là aussi la norme est respectée. La seule chose qui m’étonne réellement c’est que dans le line-up de Pre il n’y a qu’un seul guitariste et deux bassistes, j’ai un peu de mal à différencier les deux basses ou même à différencier l’une d’elles d’une simple guitare lorsque j’écoute l’album, mais après tout ce n’est sûrement pas très grave.
A noter pour finir que ce disque existe en édition limitée et numérotée à 1250 exemplaires, emballée dans une jolie petite boite en fer pour faire joujou : dedans on peut mettre tout le nécessaire du chien de Barbie comme on y peut y ranger la seringue hypodermique qui servira à la dose quotidienne -c’est encore toute l’ambiguïté du truc, prétendre faire du sale avec du propre et ça aussi c’est énervant.