vendredi 16 novembre 2007

Histoire(s) de beat

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Je croyais avoir affaire à une soirée totalement dédiée à la déesse boite à rythme et bien non, mais je n’avais qu’à me renseigner un peu mieux avant : Binaire et Unlogistic font bien partie de la catégorie des groupes de feignants incapables de jouer avec un batteur, un vrai, un mec avec de la peau et des os pour taper dessus mais ce n’est pas le cas de Generic, originaire de Besançon et comprenant des anciens Seven Rate -le batteur (donc) qui chante aussi et qui même joue du synthé et le bassiste qui s’égosille et appuie sur ses pédales d’effet.
Je n’ai jamais été un grand fan de Second Rate et je sais bien que la musique des deux groupes est différente mais je n’ai pas beaucoup aimé non plus Generic, un peu comme si les Melvins essayaient de surfer aussi fort que NoMeansNo tout en faisant des œillades à… Trans Am ? Pour cette dernière référence c’est eux qui le disent. Pour ma part le nom du groupe m’a invariablement fait penser à ma pharmacienne, cinquantenaire et reine du néologisme : à chaque fois que je sors de chez le médecin avec une ordonnance de médicaments aussi longue que la jupe de la dite pharmacienne est courte et que je me précipite dans son officine pour aggraver le trou de la sécu, la rombière me regarde toujours par dessus ses lunettes en demi-lunes et me propose d’autres médicaments contenant la même molécule mais à un prix bien moindre avec cette phrase magnifique, je peux génériquer ? J’en rougis à chaque fois tel un petit puceau acnéique qui ne comprend pas du tout ce qui lui arrive.
























Les trois Unlogistic s’installent (Unlo pour les intimes et pour les branchés qui s’y connaissent mais je ne suis ni l’un ni l’autre), les deux guitaristes sur la scène, le chanteur devant par terre et le reste des instruments dans une petite boite en plastique. Le premier morceau est une très mauvaise surprise, on dirait du Burning Heads -mais avec une beatbox, faut suivre- et malheureusement des titres comme ça il y en aura plusieurs pendant le concert, je ne me rappelais pas du tout qu’Unlogistic pouvait aussi donner dans le skate core à tendance emo. En fait c’est l’un des guitaristes qui chante de cette éprouvantable façon mais dès qu’il se met à brailler ça va tout de suite beaucoup mieux. Surtout, c’est lorsque le chanteur principal -celui qui est resté au ras du sol- se met à imiter le cri d’une truie pharmacophile que je commence à apprécier le concert. Le gars fait des chouettes grimaces, des galipettes de vrai punk-rocker, transpire mais cela ne prend pas tout à fait, j’avais souvenir d’un groupe plus chaotique sur scène mais devant la faible audience de ce soir (une cinquantaine de personne ?) Unlogistic tourne un peu à vide. Par contre je n’ai rien d’intéressant à raconter sur le nom du groupe si ce n’est qu’il me rappelle trop mon travail donc on passe. C’est avec une impatience toujours renouvelée que j’attendais Binaire. Assez intelligemment, le duo n’a pas commencé son set par l’éternel sprint de Casque à Pointe mais par deux titres assez lents et sournois : ils tranchent ainsi franchement avec la musique de leurs prédécesseurs (dont le credo est d’abuser du bpm) et installent une vraie ambiance de feu qui couve sous les braises. Bien sûr les titres rapides vont arriver mais le concert gardera cette tonalité et plus que jamais, ce que j’apprécie chez Binaire, c’est cette capacité à salir le son des machines, à le rendre toujours plus rugueux. Je suis tellement content du concert que j’achète le t-shirt du groupe -chose que je n’ai pas du faire depuis des années- et même leur premier disque, un 25 cm de couleur jaune pisse que je connais déjà puisque l’intégralité des titres enregistrés par Binaire sont toujours et encore disponibles gratuitement sur leur site -on ne le répétera jamais assez.