J’entends dire que Golden Rhythm/Ink Music
est le premier album studio de Volcano
The Bear en sept années, ce qui ferait remonter son prédécesseur direct à
l’année 2006 et au magnifique double album Classic
Erasmus Fusion (chez Beta-lactam Ring records). Il est vrai que sur la
période Volcano The Bear a comme à son habitude publié nombre d’enregistrements
en concert (Egg And Two Books), de
CDr plus ou moins obscurs (Grande Pfungst),
de vinyles aux tirages ultra limités (Volrudolf),
de rééditions bénéfiques (comme The Mountain Among Us) et de
compilation de vieilleries (Catonapotato)
– il n’y a guère que l’excellent Admidst
The Noise And Twist (2007, toujours sur chez Beta-lactam Ring) qui puisse
être considéré comme un véritable album des anglais. Les notes du livret nous
apprennent toutefois qu’une partie de Golden
Rhythm/Ink Music a été enregistré
dès 2008 au Grim de
Marseille : Volcano The Bear est un groupe qui sait prendre son temps.
Alors oui, Golden
Rhythm/Ink Music est un vrai
album de studio, qui plus est publié sur un label de musique expérimentale
reconnu internationalement, à savoir Rune
Grammofon. L’illustration de la pochette et l’ensemble de l’artwork signés
Kim Hiortøy sont d’ailleurs une tentative vouée à l’échec de concilier
l’identité des visuels précédents de Volcano The Bear et l’esthétique très
minimale et austère du label norvégien. Cela n’empêche pas Golden Rhythm/Ink Music
d’être un album très réussi.
C’est aussi le disque de Volcano The Bear le plus
ouvertement sous influence This Heat. Et on ne va pas s’en plaindre. Le duo
Aaron Moore/Daniel Padden – épaulé par quelques interventions pataphysiciennes
de l’irremplaçable Clarence Manuelo, dommage qu’il ne tourne plus avec le
groupe – délivre ses plus beaux hommages à la musique de Charles Bullen, Gareth
Williams et Charles Hayward mais il le fait à sa façon, avec un humour et une
finesse qui n’appartiennent qu’à lui. Buffalo
Shoulder puis le terrible Baby Photos,
les deux premiers titres de Golden Rhythm/Ink Music, sont également les plus
réussis dans le genre.
Par contre Volcano The Bear exclut toute confrontation et toutes traces d’urbanité pour privilégier son langage propre, bien
spécifique – d’ailleurs on peut parfois se demander dans quelle langue chante
le groupe – et teinté d’un sens de l’absurde, de l’inattendu et de
l’incontrôlable que tant d’autres n’arriveraient pas à mettre en forme. Comme
lors des concerts de Volcano The Bear les enregistrements du groupe ne sont pas
exempts de flottements liés à des bifurcations soudaines et abruptes or ce que
l’on retient avant tout c’est cette terreur clownesque débouchant sur une mélancolie
non feinte mais qu’il convient absolument de détourner, comme presque tout le reste (les très beaux The Great
Reimbursing et Fireman Show,
rehaussés à la trompette).
Laissez donc tomber les concepts et
les intentions : Volcano The Bear est bien plus qu’un groupe
génialement mais sérieusement foutraque. Volcano The Bear est un art de vivre, un art de vivre une
musique inimitable.