Promis, craché et mousse de bouche, je m’étais bien
juré de ne plus jamais écouter – et encore moins de chroniquer – tout nouvel
album des Melvins. Seulement voilà, une
sacrée nouvelle, du moins une nouvelle terriblement interpelante, est parvenue
jusqu’à mes petites oreilles : les Melvins, ayant peut-être décidé qu’ils
se faisaient à nouveau trop chier dans la vie et qu’il était donc grand temps pour
eux de reprendre les choses en main et de se remettre à titiller correctement le
fan melvinsien moyen, oui les Melvins se sont scindés en deux. D’un côté (The)
Melvins c'est-à-dire le groupe de la part duquel on supporte depuis 2006 des
albums tous plus mauvais les uns que les autres et de l’autre Melvins Lite.
Melvins Lite, qu’est ce que c’est que ça ? Tout simplement les Melvins en
version trio c'est-à-dire sans les deux affreux de Big Business et donc
débarrassés de la présence et surtout du chant abominable d’un Jarred Warren
bien trop envahissant.
Imaginez un peu, voilà un rêve qui tout à coup risquait
de devenir réalité, les Melvins redevenant ce qu’ils n’auraient jamais du
cesser d’être, un duo guitare/voix et batterie agrémenté d’un bassiste
souffre-douleur et forcément jetable. Dans le cas de Freak Puke, « premier » album des Melvins (Lite) publié
début juin 2012 par Ipecac, le poste de
bassiste est occupé par Trevor Dunn. Et là, tout s’écroule. Sur Freak Puke Trevor Dunn (Mr Bungle,
Fantômas, Electric Masada, Tomahawk, etc) ne joue pas de la basse électrique
mais uniquement de la contrebasse (« standup bass » est-il précisé)… Souvent il n’y a rien de plus détestable que
les Melvins s’adonnant à leurs côtés les plus arty et malheureusement c’est
bien ce que confirme Freak Puke, un
album composé de dix titres dont on a du mal à n’en sauver ne serait-ce que
deux tellement tout ceci se révèle n’être qu’un amoncellement sans queue ni
tête, mollasson, sonnant affreusement et révélateur d’un manque d’inspiration
certain. Les Melvins n’arrivent même plus à faire rire, ils n’arrivent pas plus
à forcer le respect lorsqu’ils s’autoparodient de manière tellement
outrancière. Comme un coquillage creux que l’on porte à son oreille ou une
boule de neige que l’on met à l’envers et secoue en espérant quelque chose
d’extraordinaire ou d’un peu magique. La réponse est non les enfants. C’est donc bien que
les Melvins s’emmerdent pour de vrai et qu’ils n’arrivent plus à créer
l’illusion. Moins que zéro.
[jamais à court d’idées saugrenues, la bande à
King Buzzo a en outre fait le pari stupide de se lancer dans une tournée US de
50 dates effectuées en 51 jours seulement, ce qui parait-il constituerait un
record en la matière – pendant qu’on y est vivement les Melvins à la une des
journaux télévisés du soir]