A force de lire des présentations d’Aidan Baker/Nadja précisant systématiquement que notre homme était (est toujours) membre d’un groupe portant le nom de ARC, il a bien fallu que j’aille écouter cela de plus près. ARC a publié des enregistrements dès le début des années 2000 avec toutefois nettement moins de frénésie que Baker en solo ou que Nadja. La plupart de ces disques ont paru sur Arcolepsy (le jeu de mot n’a échappé à personne, si ?), label d’Aidan Baker, les autres étaient disponibles généralement en CDr sur des labels tous plus obscurs les uns que les autres -en d’autres termes : choper un de ces enregistrements autrement qu’en format mp3 relève de l’impossible. Fort heureusement, ARC a publié un nouvel album en 2008 via le label tchèque Epidemie records : Arkhangelsk.
Le groupe est un trio, composé de Baker à la guitare et aux sons d’origines diverses et parfois inconnues ainsi que de deux batteurs/percussionnistes, Christopher Kukiel et Richard Baker (le frère du premier). Le fait que l’un des deux percussionnistes soit un joueur émérite de djembé ne joue pas en la faveur du groupe, tout comme certaines de ses influences musicales revendiquées : ARC aime citer Pink Floyd, ce groupe psychédélique anglais des années 60 qui s’est peu à peu transformé en grosse bouse progressive et stadière en même temps que son premier chanteur/guitariste sombrait dans la folie, mais passons.
Arkhangelsk se divise en quatre partie dépassant toutes le quart d’heure et enregistrées en deux sessions distinctes ce qui ne s’entend pas du tout à l’écoute du disque. On a même l’impression qu’il s’agit d’une unique séance improvisée et coupée en quatre. Il parait que non, qu’il y a eu un travail de post production machin. Musicalement on oscille entre passages atmosphériques menés par des sons de synthés (?) pas toujours très heureux -le début du disque est un peu difficile à supporter, sa fin également- puis rapidement supplantés par une guitare facilement identifiable en tant que telle (lorsque Baker se décide à jouer de vraies notes, il devient vite exécrable, jouant d’un son outrageusement acide) et des passages ou les rythmiques tribales prédominent. Arkhangelsk fait ainsi quelques allez et retours, ou si on préfère des montagnes russes, devenant assez prévisible mais réussissant à plusieurs endroits à capter l’attention en lorgnant vers un kraut rock au psychédélisme ventru.
C’est tout de même nettement moins passionnant que la totalité des enregistrements de Nadja multipliés par ceux d’Aidan Baker en solo et le tout à la racine carrée (cela s’appelle une moyenne géométrique, faut pas chercher) mais ARC pose un grand mystère : comment le canadien a-t-il eu l’idée de son groupe de metal shoegaze en jouant une musique aussi différemment marquée et si éloignée ? ARC n’est pas l’origine du monde de Nadja pas plus qu’il en est la tour de Babel -Arkhangelsk a l’expérimentation ampoulée et redondante, des fois il vaut mieux ne pas se poser la question du comment du pourquoi du parce que de la poule et de l’œuf.