Que l’on ne s’y trompe pas : le gugusse jouant de la clarinette sur la photo qui orne ce disque n’est pas Tim Sparks. Little Princess est également sous-titré Tim Sparks plays Naftule Brandwein. Tout est dit. Et Tim Sparks n’est pas clarinettiste mais guitariste. Le genre de gars que l’on ne peut pas s’empêcher de trouver sympathique. Un (presque) vieux bonhomme racontant pendant ses concerts des histoires hilarantes comme celle où, débarquant complètement jet lagué et affamé à Amsterdam pour y donner un concert et ne comprenant strictement rien à l’accent hollandais (pas plus que les hollandais ne semblaient le piger avec son accent de vieux juif), il n’a pas su faire la différence entre un spice cake et un space cake. Il a du donner une sacrée performance ce soir là.
Tim Sparks c’est surtout un musicien aguerri qui a commencé son apprentissage en jouant dans des mariages. Il n’a pas enregistré tant de disques que ça. A l’entendre on a du mal à imaginer qu’il n’a que dix doigts : il joue toujours le thème principal (ou un solo) en même temps que son accompagnement. Remarqué par John Zorn, il a inauguré sa collaboration avec Tzadik en 1999 et l’album Neshamah. Un disque de guitare ayant même séduit tous ceux (et ils sont nombreux) qui ont un jour rêvé de passer les deux mains de Manitas De Plata au hachoir électrique. Mais Neshamah est un disque un peu à part dans la discographie de Tim Sparks, très lointain cousin des bluesmen du Mississipi, musicien nourri aussi bien à l’esprit du delta qu’à la guitare latino et qui n’a découvert le folklore balkanique que sur le tard : basé sur des chansons traditionnelles juives, Neshamah était avant tout une idée (réussie) de John Zorn. Mais l’album d’après -Tanz- a été enregistré en trio avec Greg Cohen à la contrebasse et Cyro Baptista aux percussions. Le résultat ? Une mélasse caribéenne, sautillarde et indigeste. Encore une idée de John Zorn mais très mauvaise cette fois ci.
Malheureusement, Little Princess est dans la droite lignée de Tanz. On y retrouve exactement les mêmes musiciens et ces arrangements exotiques qui foutraient en l’air n’importe quelle composition de bonne tenue, y compris celles, toutes en noblesse, de Naftule Brandwein. Le pire sur Little Princess c’est peut être le son et surtout le mastering boosté aux stéroïdes qui est la marque de fabrique d’une bonne part des dernières productions Tzadik : le gars qui s’en occupe devrait lui aussi avoir les deux mains passées au hachoir électrique à défaut d’être purement et simplement viré par Zorn. Evidemment, si on aime beaucoup les basses ronflantes, les médiums clinquants et les aigus omniprésents (oui, tout ça à la fois) on est servi. L’écoute de Little Princess donne le même genre d’impression que lorsque on mange un plat surgelé payé à prix d’or chez Picard, chaque saveur est parfaitement à sa place mais il persiste ce sentiment tenace de mâchouiller du plastique de luxe. Va faire tes courses chez Lidl.
Pour les amoureux de Tim Sparks, il faut attendre la toute fin du disque et un ultime A Bagel With Onions sur lequel le guitariste se retrouve enfin seul, débarrassé de ses deux trop encombrants compères. C’est un peu de la magie de Neshamah qui transparaît alors, dans le lointain, avec quelques regrets aussi, ceux de ne pas avoir entendu un disque solo de Tim Sparks. En espérant que cela soit pour la prochaine fois.
Pour les amoureux de Tim Sparks, il faut attendre la toute fin du disque et un ultime A Bagel With Onions sur lequel le guitariste se retrouve enfin seul, débarrassé de ses deux trop encombrants compères. C’est un peu de la magie de Neshamah qui transparaît alors, dans le lointain, avec quelques regrets aussi, ceux de ne pas avoir entendu un disque solo de Tim Sparks. En espérant que cela soit pour la prochaine fois.