Voilà un cas intéressant. En 2000 Daniel Zamir et son groupe Satlah faisaient leur apparition avec un premier album sur Tzadik. Grosse sensation, concerts fulgurants en Europe (un passage très remarqué au festival Mimi sur les îles du Frioul du côté de Marseille en 2001) et deux albums de plus, également chez Tzadik, qui ont fini d’établir la réputation d’un très jeune musicien -il est né en 1981-, virtuose mais fougueux (donc on lui pardonne), au jeu ultra imagé et lyrique, d’une intensité chargée à la fois de tradition klezmer et de freeture bouillonnante. Né en Israël, Daniel Zamir finira par quitter New York pour retourner s’installer sur sa terre promise où il fera paraître son quatrième album sur un label local et non distribué en dehors des frontières de l’Etat hébreu.
Les raisons du départ de Daniel Zamir sont très claires : c’est son rapprochement avec la religion juive alors qu’il habitait encore à New York qui l’a incité à rejoindre la terre sainte de Palestine et d’Israël. Daniel Zamir est ouvertement religieux et sioniste. Ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas écouter sa musique : en rejetant systématiquement tout musicien ayant une religion/philosophie affirmée on finirait par se priver de musiques intéressantes/essentielles telles que celles de Johann Sebastian Bach, Richard Wagner, John Coltrane, Pharoah Sanders, Genesis P-Orridge ou Varg Vikernes (cherchez l’erreur s’il y en a une). Il faut de tout pour faire un monde me disait mon grand-père bouffe curés, il faut de tout y compris des connards religieux et des fascistes métaphysiciens et je précise -peut être inutilement- que je préfère de très loin être un agnostique inculte ou pire un connard athée sans souhaits ni aspirations pour une vie extra corporelle et hypothétique en complète contradiction avec la vision anarchique que je me fais du monde qui nous entoure.
Par contre, les nombreuses traductions artistiques de la croyance n’empêchent pas de séduire jusqu’au profane et jusqu’à l’impie. L’attitude impérialiste de l’Etat religieux israélien dans les territoires occupés palestiniens ne m’empêche pas non plus d’apprécier des musiciens ouvertement sionistes sans que cela change quoi que ce soit à mes convictions sur la situation politique de ce pays. Disons que cela me dérange tout autant que les Hum Allah de Leon Thomas sur l’album Jewels Of Thought de Sanders mais qu’au final c’est la beauté qui gagne quand même. Le tout est de ne pas rester dupe.
En appelant son album I Believe et en faisant imprimer dans le livret des extraits de la Génèse Daniel Zamir ne cache pas son jeu. C’est à prendre ou à laisser. Pour celles et ceux qui veulent prendre signalons que le groupe qui accompagne ici le saxophoniste est constitué des habituels piliers du label Tzadik : Uri Caine au piano, Greg Cohen à la contrebasse et Joey Baron à la batterie. Exit les deux autres membres de Satlah (Shanir Ezra Blumenkranz et Kevin Zubek). Et Daniel Zamir de retrouver ses marques, son lyrisme si particulier, exercé sur I Believe uniquement au saxophone soprano. Si on excepte le poussif Poem 10 (sur un rythme reggae…), ce retour aux affaires du prodige klezmer est convaincant bien que moins foutraque et déchiré que ses trois premiers albums surchauffés. La présence superflue d’Uri Caine ne parvient pas non plus à contenir le saxophoniste dont la poésie des sons reste intacte et inégalée. On rêve tout de même de le réentendre un jour avec Satlah, power trio sans concession et à la générosité folle.
Par contre, les nombreuses traductions artistiques de la croyance n’empêchent pas de séduire jusqu’au profane et jusqu’à l’impie. L’attitude impérialiste de l’Etat religieux israélien dans les territoires occupés palestiniens ne m’empêche pas non plus d’apprécier des musiciens ouvertement sionistes sans que cela change quoi que ce soit à mes convictions sur la situation politique de ce pays. Disons que cela me dérange tout autant que les Hum Allah de Leon Thomas sur l’album Jewels Of Thought de Sanders mais qu’au final c’est la beauté qui gagne quand même. Le tout est de ne pas rester dupe.
En appelant son album I Believe et en faisant imprimer dans le livret des extraits de la Génèse Daniel Zamir ne cache pas son jeu. C’est à prendre ou à laisser. Pour celles et ceux qui veulent prendre signalons que le groupe qui accompagne ici le saxophoniste est constitué des habituels piliers du label Tzadik : Uri Caine au piano, Greg Cohen à la contrebasse et Joey Baron à la batterie. Exit les deux autres membres de Satlah (Shanir Ezra Blumenkranz et Kevin Zubek). Et Daniel Zamir de retrouver ses marques, son lyrisme si particulier, exercé sur I Believe uniquement au saxophone soprano. Si on excepte le poussif Poem 10 (sur un rythme reggae…), ce retour aux affaires du prodige klezmer est convaincant bien que moins foutraque et déchiré que ses trois premiers albums surchauffés. La présence superflue d’Uri Caine ne parvient pas non plus à contenir le saxophoniste dont la poésie des sons reste intacte et inégalée. On rêve tout de même de le réentendre un jour avec Satlah, power trio sans concession et à la générosité folle.