Gaffer records aussi se lance dans l’édition de cassettes, logiquement cela s’appelle Gaffer Tapes mais ce n’est pourtant pas ce label qui publie sur support magnétique le nouvel enregistrement de Sheik Anorak -rappelons à toutes celles et tous ceux qui sont partis beaucoup trop longtemps en vacances que derrière Gaffer records et derrière Sheik Anorak et il y a une seule et même personne. Intitulé Week EP, cette nouvelle livraison est donc disponible en cassette via le label grec Phase! records (cinquante exemplaires) et via l’espagnol For Noise's Sake en CDr (cinquante exemplaires également, numérotés à la main s’il vous plait). L’internationale européenne de la noise.
Week EP est à part dans la courte discographie de Sheik Anorak et n’a rien à voir avec les excellentes prestations en concert que donne régulièrement ce one man band puisque ici notre garçon s’est amusé a enregistrer séparément guitares, basse, batterie et chant avant de mixer le tout pour obtenir de vrais et courts morceaux comme joués par un vrai groupe. Une bande de jeunes à lui tout seul. Ce que l’on entend sur Week EP Sheik Anorak ne pourra donc jamais le reproduire à l’identique en live. De son propre aveu, il a enregistré ces quatre titres d’abord par hasard, en bricolant dans sa cave au cours d’une semaine pendant laquelle il avait du temps à perdre (quel veinard) -d’où le titre de la cassette et d’où le titre également des compositions : Sunday Morning/Sunday Evening, Monday, Tuesday Afternoon et Friday Night.
Le résultat est donc spontané et brut, tentative instinctive et sans réelles arrière-pensées. Cela n’étonnera personne de trouver de larges influences no wave en première ligne sur Week EP. Guitare qui stridule, basse qui terrasse et batterie parfois très simpliste et brutale (au moins autant que chez Arab On Radar comme sur le tout premier titre) avec toujours des petites marques mélodiques et élégantes qui transparaissent ça et là et qui sont d’ordinaire la marque de fabrique de SoCRaTeS -dont notre homme est aussi le guitariste… Le chant, comme passé au mégaphone, est lointain et sert plus de ponctuation nerveuse qu’autre chose mais c’est bien comme cela que je préfère d’habitude le traitement de la voix, donc tout va bien (si tu as vraiment quelque chose à dire et bien tant pis pour toi). Les influences sont parfois trop évidentes -sur le deuxième titre on jurerait entendre un riff piqué à AH Kraken qui l’auraient eux même volé à Sonic Youth lorsque les new-yorkais étaient encore à peu près jeunes ou du moins faisaient toujours illusion- mais les (bonnes) idées sont là, fourmillantes. Moi, quand je bricole, j’arrive tout juste à planter un clou dans le mur et à m’arracher un ongle au passage donc écouter ces quatre chansons en forme de jeunes pousses assemblées en dilettante, cela ne peut que m’impressionner.
[Et au passage deux news rapides : Hallux Valgus, duo formé par notre homme et le guitariste de Death To Pigs, a repris du service ce mois d’août et envisage de sortir un LP monoface durant l’automne. Pour faire patienter les die hard fans de SoCRaTeS qui n’en peuvent plus d’attendre un nouvel album, le trio lyonnais a lui décidé de lâcher un single avant coureur à paraître au mois de septembre.]