vendredi 31 mai 2013

Sofy Major / Idolize


Cette histoire, beaucoup de gens la connaissent déjà mais je ne peux pas m’empêcher de la raconter à nouveau : victimes du rêve américain, les trois Sofy Major débarquent de Clermont-Ferrand pour Brooklyn, New-York, à l’automne 2012. Le 29 octobre l’ouragan tropical Sandy débarque à son tour, s’attaque à la côte Est des Etats-Unis et dévaste une bonne partie de la Grosse Pomme, provoquant d’innombrables dégâts, quelques morts et entrainant des coupures d’électricité totales qui dureront pendant des semaines.
Sofy Major avait prévu d’enregistrer son nouvel album, Idolize, au Translator Audio Studio en compagnie d’Andrew Schneider – il a déjà mis en boite des disques de Keelhaul et d’Unsane – mais Sandy a complètement détruit le studio* et endommagé tout le matériel et instruments de Sofy Major. Grâce au soutien de Dave Curran (Unsane/Pigs) et ce sens de la solidarité qui existe aussi chez les musiciens tatoués et les aficionados des musiques hardcore et noise, Sofy Major a finalement pu enregistrer son deuxième album et enchainer avec la tournée de trois semaines initialement prévue.
Pour un groupe européen comme Sofy Major, qui plus est un groupe qui ne dispose que de très peu de moyens, traverser l’Atlantique pour y enregistrer un disque et y donner des concerts avec certains de ses héros musicaux tenait non seulement du rêve mais aussi de l’aboutissement, au prix de mille sacrifices : comme les trois Sofy Major aiment à le rappeler, ce disque devait être la conclusion de deux années de travail, de compositions et de tournées incessantes – on ne peut pas renoncer à un tel objectif. Ils ont tenu bon, ils l’ont fait, tout simplement bravo.




Idolize est donc arrivé. Et on peut affirmer que SOFY MAJOR n’a pas renoncé à ses rêves : on aurait pu craindre que le groupe, au vu des circonstances, se soit laissé emporter par la colère ou l’amertume et enregistre un disque gorgé d’une furie revancharde et sans discernement. Au contraire Idolize est un album avec de nombreuses avancées, qui ouvre la musique de Sofy Major à de nouvelles perspectives et qui comporte son lot de nouveautés et de nuances. Finalement, Sofy Major la tient bien sa revanche, mais de la façon la plus noble et la plus profitable qui soit, en ne perdant pas de vue ce que le groupe voulait faire au départ, voulait construire et voulait partager, utilisant les difficultés d’une réalité merdique comme catalyseur et non pas comme écran de fumée.
Il est bluffant cet Idolize. Beaucoup plus direct et presque punk, si on le compare au premier album du groupe, le très tourmenté Permission To Engage. Sofy Major y conserve toute sa force, toute sa puissance de feu, toute sa lourdeur et son gras mais se paie donc le luxe d’ajouter un effort d’accroche certain dans des compositions qui ne faiblissent jamais. En particulier les lignes de chant – et par extension la façon de chanter – font de plus en plus appel au souci de faire entendre des vraies mélodies, parfois appuyées par des chœurs bien maîtrisés, sans pour autant renoncer à la rage (un peu à la façon d'un Portobello Bones ou même d’un Torche, mais sans le côté emo-niais de ces derniers et il ne serait pas étonnant d’apprendre que les Sofy Major sont fans – un tout petit peu mais pas trop, restons polis – du groupe de Steve Brooks). Pour le reste on retrouve ces riffs qui saignent à blanc et ces rythmiques sans faille, toujours avec un bon gros son de basse.
Sofy Major réhausse donc son hardcore noise (teinté d’un peu de stoner doom) d’idées et d’arrangements qui rendent Idolize encore pire qu’une usine à tubes supersoniques : ce disque est réellement addicitif, enfile les moments forts sans relâche, vous attrapant à la gorge sans provoquer ce rejet compréhensible qui parfois vous prend avec les disques de hardcore noise qui veulent trop en faire. Oui Sofy Major en fait effectivement beaucoup mais le fait extrêmement bien et Idolize est suffisamment et intelligemment varié – et donc aéré – pour remporter tous les suffrages du début à la fin. Un disque balisé mais personnel avec deux (bonnes) exceptions : le tripant Steven The Slow avec en guest Dave Curran au chant et aux paroles, un titre qui inévitablement fait beaucoup penser à Unsane ; l’excellent Power Of Violence en fin de disque et qui est une reprise, tiens tiens, de Portobello Bones**.




Idolize est publié en vinyle et en CD par Solar Flare records et No List records et sort officiellement aujourd’hui, vendredi 31 mai 2013. Pour fêter ça les Sofy Major entament une tournée avec leurs copains de Pord, cela s’appelle le Central + Massive Tour – la première date, faisant office de release party officielle d’Idolize c’est également pour aujourd’hui à Clermont Ferrand, au Raymond Bar***.

* pour s’en sortir, le Translater Audio Studio n’a eu que la solution de faire appel à la générosité de tous, faire un don est encore possible
** de l’album Eden On Earth (2000), un disque que je connais mal, à ce moment là j’avais lâché l’affaire en ce qui concerne les Portobello Bones
*** on y sera, on vous racontera

jeudi 30 mai 2013

Vuyvr / Eiskalt




VUYVR : ce groupe suisse est une surprise. Mais une vraie bonne surprise. Et, tout d’abord, laissez-moi faire un peu les présentations : dans Vuyvr on retrouve Michael Schnidl (Impure Whilemina) à la guitare et au chant, Diogo Almeida (Rorcal) à la guitare également, Julien Diels (Elizabeth) à la basse et Roderic Mounir (ex Knut) à la batterie. Un tout jeune groupe formé d’anciens et de vétérans puisque Vuyvr est un beau bébé âgé d’à peine plus d’un an. Et que le groupe ait composé, enregistré et publié un véritable premier album en si peu de temps confirme que ces gars là non seulement savent ce qu’ils veulent mais qu’en plus ils ne sont pas n’importe qui. Démonstration.
Le nom du groupe fait référence à la Vouivre – Vuyvren pour les intimes –, une sorte de monstre ailé, comme un gros serpent mais avec des ailes. C’est une Vouivre que St Georges terrasse au nom du Christ, c’est également un emblème que l’on retrouve souvent en héraldique et une source de légendes extrêmement variées du côté de la Franche-Comté, de l’ancienne Austrasie, du Haut-Jura et donc de la Suisse (évidemment). Un monstre qui porte un trésor sur son front, appelé Escarboucle ou œil unique et qui est en fait une énorme pierre précieuse que la Vouivre abandonne au bord de l’eau lorsqu’elle se baigne. Seuls les plus audacieux ont essayé de voler l’Escarboucle, sans jamais y parvenir.
Ces vieilles histoires ne vous intéressent pas ? Moi si, alors tant pis pour vous. Et revenons à Vuyvr et à son premier album. La légende colle on ne peut mieux au groupe et à sa musique : Vuyvr lorgne en effet du côté du black metal et ces récits un peu opaques, lointains et chargés en superstition en sont l’écrin parfait. J’imagine qu’il s’agit juste d’une excellente idée de « mise en scène » de la part du groupe mais celle-ci reflète la volonté de noirceur et de violence de la musique. Laquelle est plutôt à dégotter du côté primitif du black metal (après tout, Hellhammer, futur Celtic Frost, est également un groupe d’origine suisse) c'est-à-dire que Vuyvr ne s’embarrasse fort heureusement jamais de délires épiques ou je ne sais quoi.
D’un autre point de vue on peut aussi affirmer que Vuyvr joue son noir métal à la sauce hardcore, comme des punks métallurgistes. La rapidité d’exécution est réellement impressionnante, le batteur n’est vraiment pas un manchot, ça on le savait déjà (à la différence de la Vouivre qui contrairement à n’importe quel dragon de base n’a pas de pattes avant) et il insuffle ici une énergie primitive et animale. Mais lorsque Vuyvr ralentit la cadence – comme sur le passage lent au milieu d’Idolatry –, les racines hardcore et surtout post hardcore des quatre musiciens réapparaissent, et ce pour notre plus grand plaisir.
Plus on avance dans l’écoute de Eirskalt et plus les compositions semblent se complexifier et s’allonger (la deuxième face ne comporte d’ailleurs que trois titres alors que la première en inclut six) et une composition aussi remarquable que Dead Trees Are Wandering At Night est l’illustration exacte de la double identité sanguinaire de Vuyvr… Jusqu’à ce que déboulent The Vuyvren et sa ligne de basse lancinante en introduction, ultime offrande de neuf minutes pour une véritable explosion au ralenti d’une terreur sourde et inévitable. Comme si le monstre sortait enfin pour de vrai de sa tanière, était remonté à la surface de la terre et que sa seule présence parmi nous, la seule vision de cet être monstrueux, suffisait à nous anéantir, à la fois de douleur et de tristesse.

[Eiskalt est publié en vinyle uniquement par Blastbeat Mailmurder records et Throatruiner records]

mercredi 29 mai 2013

David Grubbs / The Plain Where The Palace Stood




Un album de DAVID GRUBBS se reconnaitrait entre mille et The Plain Where The Palace Stood n’échappe pas à la règle. On parle bien sûr des albums « pop » (ahem) et « chantés » de David Grubbs – si on excepte tous les enregistrements plus expérimentaux du monsieur The Plain Where The Palace Stood est déjà son sixième album depuis 1998 et la fin des regrettés Gastr Del Sol. Pourtant il se dégage de celui-ci un parfum un peu différent, une sorte de langueur un rien tristounette et qui tend vers une sorte de mélancolie fatiguée et encore plus solitaire qu’auparavant.
En cela il ne faut pas se fier au premier titre instrumental et éponyme rehaussé par le violon dissonant de Spencer C. Yeah (Burning Star Core), une introduction faussement annonciatrice de bouleversements qui n’arriveront pas… David Grubbs n’a fort heureusement jamais été un bout-en-train mais sa douceur sans fard prend ici une saveur presque flétrie, la tonalité générale du disque est finalement bien plus grave et même la voix de David Grubbs semble avoir changé, gardant toujours cette fausse fragilité à fleur de peau mais basculant dans l’ombre, en rajoutant dans l’insondable. Comme si David Grubbs jouait au fantôme avec lui-même, redessinant sans trop savoir qu’en faire sa silhouette projetée sur le sol par un soleil d’automne.
The Plain Where The Palace Stood est ainsi un disque assez ambigu, avec des fausses pistes placées ça et là, comme cet autre titre instrumental et jouant davantage sur le côté expérimental de la musique de Grubbs et intitulé Super-Adequate puis cet autre, Second Salutation, plus rythmé et avec de faux airs à la Gastr Del Sol. Un disque se teintant à l’occasion de vieux blues du delta : View Of The Mesa, un peu à la façon d’un Loren Mazzacane Connors et toujours instrumental, révèle comme une incapacité à chanter et donc à se confier ; quant à Abracadabrant, il prendrait presque le même chemin s’il ne finissait par embrasser ce même genre de fin que David Grubbs affectionnait déjà à l’époque de Gastr Del Sol – oui, encore –, une fin ouverte en forme de queue de comète, volontairement énigmatique voire secrète.
Avec The Plain Where The Palace Stood David Grubbs est en quelque sorte au sommet de son art, renouant plus que jamais avec la beauté instrumentale (Third Salutation) tout en délivrant de déchirantes et chancelantes confessions (Fugitive Colors). C’est en s’appuyant avec certitude sur ses obsessions musicales – on aura compris que, plus que tout autre album solo de David Grubbs, The Plain Where The Palace Stood doit beaucoup à Gastr Del Sol – que ce poète de la musique arrive par ailleurs à trouver les émotions justes. Magique.




The Plain Where The Palace Stood  est publié en vinyle et CD par Drag City. Cette chronique est également à lire dans le #16 de Noise mag – en kiosque, chez toi par abonnement ou à la bibliothèque de ton village.




David Grubbs sera également en concert à Lyon (au Sonic) le samedi 10 juin et en version trio – ici on garde toujours un souvenir ému de son précédent passage au même endroit il y a deux ans (et en solo) ; à noter que ce sont les excellents Kaumwald qui assureront la première partie.

mardi 28 mai 2013

Anne-James Chaton & Andy Moor / Transfer





Transfer reprend l’intégralité des titres précédemment publiés au cours des années 2011 et 2012 sous la forme de quatre singles par le duo ANNE-JAMES CHATON / ANDY MOOR. Huit titres captivants sur lesquels la poésie et les mots d’Anne-James Chaton intriguent, interpellent, amusent, effraient, donnent à réfléchir, font vagabonder les esprits… On ne dira jamais assez de bien de cette écriture si particulière qui, liée à une méthode de narration/scansion à la limite du robotique et faussement dénuée d’humain, pointe, met en exergue et dévoile les incohérences (au mieux), les absurdités ou les horreurs (au pire) d’un monde moderne et complètement fou mais parfois également fascinant. Des textes qui sur Transfer abordent une thématique générale liée au(x) voyage(s), des textes qu’il est fortement conseillé de découvrir et de (ré)explorer grâce à l’épais livret fourni avec le disque.
Malgré tout, on sent que ce monde là Anne-James Chaton l’aime énormément : qu’il en énumère les travers de sa voix neutre, inventoriant de façon absurde l’absurdité même et donc désarmant tout pathos, toute harangue, ne signifie pas pour autant qu’il le condamne sans autre forme de procès, qu’il le réduit au chaos et à la déraison qu’il pointe de sa langue acerbe. Disons plutôt que les textes d’Anne-James Chaton entrouvrent des portes et mettent en place des espaces libres qu’il est bon de remplir ensuite avec ses propres réflexions d’auditeur.
En cela Transfer peut être un disque militant ou plus exactement à la poésie militante et Anne-James Chaton n’aurait sans doute jamais pu trouver mieux comme partenaire et alter-ego que le guitariste écossais Andy Moor – ancien Dog Faced Hermans et actuel The Ex, faut-il le rappeler – c'est-à-dire un musicien qui s'est longtemps impliqué politiquement, pas seulement dans les éventuels « messages » passés au travers de la musique qu’il joue ou a jouée avec ses différents groupes dans le passé mais aussi et surtout dans la façon de faire cette musique, de la produire, de la diffuser, etc.
Mais Andy Moor est également un précieux collaborateur en ce qui concerne la musique de Transfer à proprement parler. Ses riffs, volutes et dentelles de guitare sont d’une belle inventivité et plus que tout évitent deux défauts : premièrement la musique de Moor  n’est pas colérique et donc ni démonstrative ni porteuse d’exemplarité (ce qui par exemple est souvent le cas du coté des anarcho-punks ou des hardcoreux) ; deuxièmement, et malgré une beauté certaine et profonde, elle n’apprête rien, ne détruit pas la force des mots d’Anne-James Chaton sous le poids d’un enjolivement qui aurait semblé bien malvenu. Un bon équilibre.
Transfer est ainsi un disque d’autant plus fort et signifiant qu’il est à la fois beau et effrayant. Ici montrer signifie démontrer et démonter tout en n’oubliant pas que les choses changent, qu’un point de vue doit toujours être resitué dans son contexte et qu’il n’engage que celui qui l’énonce avec la volonté de faire débat. On est à l’opposé de l’opinion à l’emporte-pièce, de toute idéologie prête à consommer et de toute démagogie conquérante ; on est également à mille lieues de la société du spectacle et de la gloriole-minute. Transfer est un disque intelligent et qui rend intelligent – ceci dit sans aucune prétention – parce qu’il donne à réfléchir (sérieusement) et à penser (de façon plus diffuse).
En plus des huit titres issus des quatre singles précités, Transfer réunit également trois titres inédits d’une valeur largement équivalente aux trois  compositions originelles ; ces trois inédits répondent également à la thématique du voyage et du déplacement. Un ajout plus que bienvenu et qui augmente encore plus l’intérêt que l’on porte à cette édition CD. Transfer est publié par Unsounds et est également disponible sur le site d’Anne-James Chaton.




Andy Moor et Anne-James Chaton repartent en tournée. Ils sont accompagnés de l’ex Sonic Youth Thurston Moore ainsi que (sur certaines dates) de Jean-Michel Espitallier et d’Olivier Mellano.
La date lyonnaise du mardi 28 mai au Sonic – ce soir donc – est sold-out depuis longtemps, malgré un prix d'entrée qui peut être prohibitif (présence de Mr Moore oblige, hum) ; si vous n’avez pas acheté votre place en prévente ce n’est pas la peine de vous y rendre.... Les autres dates sont :

- le 29 mai à Besançon (la Rodia)
- le 30 mai à Paris (la Gaité Lyrique)
- le 31 mai à Tours (le Temps Machine)
- le 1er juin à Amiens (la Lune des Pirates)
- le 2 juin à Londres (au célèbre Café Oto).

lundi 27 mai 2013

Hawks / Rattalker b/w Smile




On va faire direct, simple et franc : le meilleur groupe actuel de noise rock s’appelle HAWKS. Un point c’est tout. On n’avait déjà plus aucun doute après la parution en 2012 du troisième album de ce groupe d’Atlanta, l’époustouflant Push Over. Une tournée française et un achat de t-shirt plus tard, les quatre Hawks nous reviennent avec deux disques. Le premier, celui dont il va être question ici, est un single à la présentation soignée : belle illustration en noir et blanc, insert avec les paroles, pochette intérieure de protection en papier noir, vinyle bleu layette, c’est le grand luxe quoi, digne d’un vrai LP… Il n’y a pourtant que deux titres sur ce 7’, deux titres qui balaient tout sur leur passage, donnent la bave aux lèvres et confirment donc la suprématie de Hawks. Quoi ? « meilleur groupe » cela ne veut rien dire du tout ? Soit. Vous avez raison. Je recommence donc, uniquement pour faire plaisir aux pointilleux experts en objectivité : Hawks est de loin le groupe de noise rock que je préfère tout simplement parce que ces gars là sont les meilleurs.
Et ils le prouvent en deux titres seulement. Sur la première face que l’on a écoutée – la décision s’est faite à pile ou face – on a pu découvrir l’immense Rattalker. Une composition vicieuse voire fuyante, qui met longtemps à se déclarer, se cache habillement derrière un riff de blues rock pas loin d’être australien tandis que le chant se tord dans des convulsions lentes et douloureuses comme un mal de bide contre lequel on ne peut rien si ce n’est dégueuler un peu plus fort. Et lorsque on croit que Rattalker s’envole définitivement, les Hawks, plus sadiques que nature, décident de nous faire patienter encore un peu, en faisant doucement mais inexorablement remonter la pression avant ce déluge d’éructations, ce solo cramé, cette basse qui s’envole, bref cette tempête tant attendue.
Sur l’autre face Smile est de facture plus classique mais n’en est pas moins un incontournable. Le sourire en question est celui, édenté, de la crispation douloureuse et infernale ; Smile tient plus du rouleau compresseur que Rattalker, comprenez que les Hawks y déclarent leurs mauvaises intentions dès le départ, et donc la crasse épaisse que le titre entraine derrière lui est moins chargée de vice mais reste tout aussi irrésistible, vas-y fais moi mal. Car même avec une composition d’apparence plus linéaire les Hawks arrivent à faire monter les enchères, un imperceptible changement d’accords suffi, Smile est une parfaite machine à tout écraser. Magistral.
Il serait enfin injuste de ne pas préciser que l’homme qui a enregistré ce single s’appelle Kyle Spence, batteur de Harvey Milk, déjà responsable du son de Push Over : il est sans doute pour beaucoup dans le côté toujours plus épais et toujours plus rauque de la musique de Hawks et on ne va pas s’en plaindre. Merci Kyle.

[Rattalker b/w Smile est publié en vinyle uniquement par Army Of Bad Luck, label qui avait déjà publié le premier album de Hawks, Barnburner]

dimanche 26 mai 2013

Comme à la télé : les Melvins à la Villette Sonique




On peut penser et dire tout le mal que l’on veut des derniers disques* des Melvins, cela n’enlève rien aux prestations en concert du groupe de King Buzzo et de Dale Crover. J’en veux pour preuve ce concert fleuve donné par The Melvins au Trabendo le 14 mai 2013 dans le cadre du festival Villette Sonique.




[merci à Arte qui a filmé ce concert et l'a mis temporairement en ligne]

* un petit changement à l’horizon ? Everybody Loves Sausages, dernier né des Melvins et album inégal de reprises, devrait bénéficier de la clémence du chroniqueur de 666rpm (on s’en fout)
                                                

samedi 25 mai 2013

Hijokaidan / Made In Studio et Made In Japan


Le disque le plus drôle de l’année 2012 est à porter à l’actif d’HIJOKAIDAN. Ou plutôt on devrait parler des deux disques les plus drôles de l’année 2012 parce que Made In Studio ne va pas sans Made In Japan. La pochette du premier reprend celle du Made In Europe de Deep Purple. Mais il n’y a aucune crainte à avoir : ceci n’est qu’une blague de plus et Hijokaidan reste Hijokaidan c'est-à-dire l’un des groupes japonais les plus délirants et les plus bruyants du monde. Du pur vomi auditif.




Sur Made In Studio le line-up du groupe est composé du membre fondateur et chef terroriste Jojo Hiroshige à la guitare, de sa femme Junko aux hurlements de sorcière en flammes, de Fumio Kosakai et Toshiji Mikawa (également membre d’Incapacitants) à la bidouille qui vrille et détruit les oreilles, de Fumio Kosakai à la batterie et, en special guest, d’Akira Sakata au saxophone alto. Une formation presque « musicale » pour l’un des piliers japonais du harsh noise, connu pour les performances délirantes, scato et morbides et ses débuts et qui est responsable de l’un des disques les plus génialement éprouvants qu’il m’ait été donné d’écouter, l’album Wisdom en 1991 (chez Alchimy records, le propre label de Jojo Hiroshige).
Made In Studio est plutôt du genre jubilatoire, sorte de free jazz de l’extrême et hautement bruitiste, session de libre improvisation en roue libre s’apparentant à une séance de bondage voire de démembrement participatif. Il y a quatre titres sur Made In Studio et on signalera Uroboros In A Klein Bottle qui peut être résumé en un duo à la mort entre Junko et Akira Sakata et honnêtement on ne sait pas lequel est ici le plus dément et le plus perturbé des deux. Copper Median C°. est plutôt un moment de pause alors que sur NJQ et Auto-Noda-Fe (un hommage tardif à S.P.K. ?) c’est carrément la grande fête du harsh, tout le monde joue plus fort que tout le monde et le chaos quasi définitif qui en résulte vous arrache des grands sourires de bonheur sadique – oui, les plaisirs de la décadence.




Made In Japan c’est presque la même chose sauf que le disque a été publié sous le nom de JAZZ HIJOKAIDAN, que c’est un live d’à peine quarante minutes enregistré environ trois mois plus tôt lors d’un concert à Tokyo et que la pochette est cette fois pompée sur celle de l’album de Deep Purple du même nom. Le délire de Made In Studio y est poussé à son paroxysme, évidemment et contrairement à l’appellation du groupe il n’est toujours pas question de jazz ou même de free jazz ici.
On se rend même très rapidement compte que l’album Made In Studio aurait plutôt du paraitre sous le nom de Jazz Hijokaidan alors que Made In Japan résulte lui d’un niveau supérieur de folie musicale qui écrase et défonce tout : sur le premier on pouvait encore discerner les instruments et – stupeur ! – tenter d’analyser ce que chacun joue ou plutôt tente de détruire. Avec Made In Japan  c’est peine perdue, on se prend tout de face, on en rigole encore plus et on aurait vraiment aimé assister à une telle orgie suprasonique. Car, quitte à finir sourd pour le restant de sa vie, autant que cela soit pour de bonnes raisons : certaines fréquences extrêmes déversées sur ce live font effectivement vraiment très mal aux oreilles, merci monsieur Mikawa, et il est absolument hors de question et impensable d’écouter Made In Japan à faible volume. Incontournable.

[Made In Studio et Made In Japan sont publiés en CD digipak par Doubt Music et distribués en France et en Europe par Metamkine]

vendredi 24 mai 2013

The Drones / I See Seaweed




Le changement s’est opéré à partir de l’album Gala Mill (2006), dernier disque des australiens de THE DRONES enregistré avec le guitariste Rui Pereira. Une rupture entérinée par le départ de ce dernier, la fin annoncée (?) des complaintes blues noise débridées et la fin des duels de guitares noisy et enflammés. Et depuis le presque piteux Havilah (2008) et l’inutile A Thousand Mistakes (2011) – au choix un quadruple DVD ou un double LP commémoratifs – on ne donnait pas très cher de la peau de The Drones, groupe autrefois autrement flamboyant et désormais inintéressant, noyé dans la mégalomanie galopante de son chanteur/leader Gareth Liddiard. Hey! Gareth, il me semble pourtant qu’en 2010 tu avais tenté l’expérience en solo pour ton album acoustique Strange Tourist, alors vas-tu quand même continuer dans la mauvaise voie et t’évertuer à saloper ce qui fut il n’y a pas si longtemps de ça un (très) bon groupe ?
I See I Seawed vient de paraitre et on a cru un instant que l’on allait ressortir à peu près la même chronique que pour Havilah, détaillant les monologues longuets et semble-t-il complaisants d’un chanteur épaulé par un groupe de mercenaires entièrement acquis à sa cause. Et c’est peu dire qu’I See I Seawed est le disque d’un seul chanteur puisqu’on n’y entend que lui, sa façon aussi inimitable qu’irritante de chanter, entre déraillements nasals et éructations de pseudo clochard céleste. Et là, c’est le choc : effectivement I See I Seawed est un disque épuisant mais il s’agit aussi d’un disque passionnant. Malgré de nombreux défauts.
Ces défauts, énumérons-les rapidement : en premier lieu, des chansons qui sont toutes faites sur le même modèle, à l’exception notoire d’un A Moat You Can Stand It placé presque en milieu de disque, tel la flèche d’une église se voyant à des kilomètres à la ronde sur une morne plaine, un titre de rock blues cramé et crasseux qui loin de faire tâche permet à I See I Seawed de respirer. Qu’un titre de cette ampleur et de cette force serve à la fois de point de repère, de point de ralliement et de piste de décollage n’est ni une anomalie ni une maladresse, c’est de la manipulation pure et simple. Mais ça fonctionne.
Les autres défauts du disque sont des chœurs féminins un peu embarrassants mais pas rédhibitoires, du piano qui suit le même chemin (et joué par un cinquième et nouveau membre à temps plein : Steve Hesketh), des arrangements de cordes un peu grandiloquents (mais heureusement uniquement sur un ou deux titres) et une pochette de disque horrible (je sais : cela n’a rien à voir avec la musique).
Alors pourquoi I See I Seawed finit-il par s’imposer ? Tout simplement – et en dépit de la répétitivité dénoncée ci-dessus – parce que ce disque recèle en définitive les meilleures compositions de The Drones depuis des années. Carrément. Une collection de ballades crépusculaires et hantées avec un Gareth Liddiard dont la logorrhée n’est pas une vilaine maladie mais l’expression compulsive du faiseur et du compteur d’histoires. Et on finit par y croire aux (longues) histoires de Gareth, même si on regrettera encore que les autres membres de The Drones s’effacent toujours plus devant sa superbe et sa gouille d’auteur maudit.
I See I Seawed est donc un disque de balades traversées de tempêtes électriques – il y a également de fort belles interventions à la guitare, même si toujours amenées de la même façon et jouées à l’identique – et qui est à ranger aux côtés de ces disques entre chien et loup, quand la pénombre est aussi captivante que difficile à fuir et signe de tourments ou d’erreurs. Vous pensez à Nick Cave ? Et bien vous n’en êtes pas très loin, surtout avec un titre tel que How To See Through Fog et sa ligne de piano, sauf que là où Nick Cave (nous) fatigue sérieusement, en mal d’inspiration certain et faisant preuve d’un narcissisme injustifiable et risible, Gareth arrive lui à convaincre, finalement il y a encore de la magie et de la sincérité dans ses histoires à lui. Et puis… et puis on admettra, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé à l’écoute de I See I Seawed, que The Drones est un vrai groupe, certes discret et au service de, mais un vrai bon groupe – ce qui n’est vraiment plus le cas des Bad Seeds depuis longtemps.

[I See I Seawed est édité en CD digipak et en double vinyle et n’est disponible qu’en Australie ou à des prix prohibitifs pour les nombreux fans de The Drones qui habitent dans l’hémisphère nord]

jeudi 23 mai 2013

Report : Sheik Anorak et Charles Hayward au Sonic - 16/05/2013




Charles Hayward… Charles Hayward… CHARLES HAYWARD ? Et oui ! Je m’imaginais sans doute un peu trop naïvement que ce seul nom allait rameuter une horde de mélomanes fanatiques et les gens du Sonic devaient également le penser, puisqu’ils ont programmé un concert en solo de l’ancien batteur du génial et séminal This Heat (et accessoirement batteur de la reformation de la fin des 90’s de Massacre, aux côtés de Fred Frith et de Bill Laswell et en remplacement de Fred Maher).
Mais autant je suis fan de This Heat – le mieux pour se faire une opinion par soi-même c’est de se procurer le coffret Out Of Cold Storage, il y a tout This Heat sur ces sept CDs* – autant je suis resté complètement ignorant de la musique imaginée et jouée par Charles Hayward après, mis à part l’album Switch On War publié en 1991 par Sub Rosa et que je n’ai pas beaucoup écouté ces vingt dernières années**.
Voilà, il s’agit sans doute de la plus mauvaise raison de se rendre à un concert : aller voir un musicien qui représente une musique, un esprit, toutes choses qu’il n’est peut-être plus tout à fait voire plus du tout. Un mélange de désir d’entomologie musicale et de curiosité nostalgique pour une musique que l’on n’a pourtant pas connue à l’époque parce que l’on était trop jeune ou que l’on préférait écouter du heavy metal, de la ¡oï! ou du gothique batcave. Le pire de la nostalgie et de la naïveté (donc).




Il a un vrai côté émouvant chez Charles Hayward. Un véritable anglais avec ce je ne sais quoi de digne et de noble mais aussi, on le pressent aisément, de fantaisiste et d’élégamment décalé. Et en même temps on croise le regard d’un petit vieux qui parle peu et marche lentement, comme une momie sortie par erreur de son sarcophage. On se demande ce qu’il va pouvoir donner derrière sa batterie et derrière son micro – d’autant plus que les balances ne sont guère convaincantes.
Résultat : un concert qui mélange le meilleur et le pire. Le meilleur : des rythmes et des structures qui rappellent souvent This Heat (indécrottable…), un batteur au jeu époustouflant et à l’énergie bien loin de l’apathie d’une momie – maintenant je peux regretter d’avoir écrit ce mot pas loin d’être insultant –, des idées vraiment réjouissantes comme ce sample de cloches stridulantes qui donnaient le sentiment de tourner dans un sens tandis que la batterie semblait tourner dans le sens inverse, donnant un effet de vertige hypnotique assez saisissant.
Le pire : un chant souvent chevrotant, des mélodies généralement niaises et une collection de samples d’un kitsch et d’une ringardise électronique rédhibitoires. On cherche donc dans chaque titre joué par Charles Hayward une petite chose à laquelle se raccrocher, un détail qui a son importance parce qu’il séduirait en dépit de tout le reste et on y arrive parfois, malgré des compositions très inégales. Seul le dernier et très long titre joué en fin de set, avec une introduction au mélodica, me fait définitivement déserter un concert qui n’aura donc pas répondu à toutes mes attentes.




SHEIK ANORAK jouait en première partie et j’en ai été d’autant plus heureux que j’ai à nouveau servi de chauffeur et de porteur de matériel pour ce garçon***. C’est dire si tout ce qui va suivre comme commentaires et autres impressions va être emprunt de ce sens aigu de la subjectivité qui fait tout le charme inaltérable des live reports et des chroniques de disques publiés sur 666rpm.
Il n’empêche qu’il y a toujours du neuf lors d’un concert de Sheik Anorak, comme cette boucle un peu plus bruitiste que d’habitude rajoutée sur Day 01, imparable et inaltérable titre d’introduction ; ou cette dernière composition encore à l’état d’ébauche mais que Franck/Sheik Anorak a malgré tout décidé de jouer – et en cela il aura bien eu raison car voilà une nouveauté pleine d’élégance et de promesses.
Et puis il y a cette composition spectaculaire sur laquelle il frappe sur sa batterie d’une main, joue en tapping sur sa guitare de l’autre et se paie en plus le luxe de (bien) chanter : ce fut le vrai grand moment fort de ce concert, avec un final explosif et enragé parfaitement bien vu et très bien mis en place malgré son apparente débauche et son déploiement de violence sonore.

quelques photos du concert ici]

* mais Out Of Cold Storage est malheureusement une anthologie aussi indispensable que hors de prix (mais merci internet)
** je viens d’y rejeter une oreille attentive : Switch On War est un disque sombre et aride en référence à la première guerre du golfe et qui mérite d’être réécouter beaucoup plus souvent qu’une fois par décennie – d’autant plus qu’il me semble qu’en fait cette guerre n’est toujours pas terminée, elle s’est juste déplacée ailleurs
*** peut-être que je vais finir par y prendre goût

mercredi 22 mai 2013

Sons Of Frida / Tortuga




Inutile de mentir et de prétendre que je suis un grand connaisseur de SONS OF FRIDA : d’après les informations officielles fournies par le groupe lui-même, Tortuga serait déjà le quatrième album de ces garçons… De tous ces albums je ne connais que The Bulgarian (paru en 2010). Et un split collaboratif intitulé Orchestra avec Rome Buyce Night (en 2012). Autant dire presque rien. Surtout, aveu que l’on me pardonnera peut-être, que ces deux disques, perdus dans la masse, ont guère hanté la machine à broyer de la musique du salon d’écoute de 666rpm. Mais il va en être tout autrement avec ce nouvel album. Et je prends finalement mon ignorance comme un petit avantage, celui du petit puceau qui ne sait pas encore qu’il va très bientôt faire dans sa culotte.
Il y a de la bouteille chez les Sons Of Frida, du peaufinage, de l’affinage, des séances de repassage amoureux, des nuits de discussions enflammées, des heures de répétitions à transpirer… enfin c’est ce que j’imagine en écoutant les six compositions de ce trop court album (une demi-heure au compteur) et peut-être que je me trompe mais voilà exactement le genre de disque, tous styles confondus d’ailleurs, dont on peut se dire qu’il s’agit sûrement d’un disque enregistré par un groupe de vieux copains qui se font plaisir mais qui savent également nous en donner. Non, je ne connais pas personnellement les Sons Of Frida, je ne les connaitrai sans doute jamais – sauf s’ils avaient un jour l’idée totalement saugrenue de donner un concert dans mon bled provincial – mais c’est vraiment tout comme.
Le rock noisy voire noise de Sons Of Frida est ainsi teinté de belles références, Jesus Lizard peut-être, Hammerhead/Vaz des fois, Sonic Youth également (Cactus, Tibia) et puis on vient à s’en foutre complètement de tout ça, estomaqués par les rythmiques renforcées – encore un groupe qui n’oublie pas que la basse c’est très (très) important –, les guitares tourbillonnantes et enivrantes, le chant nasillard, un peu en retrait dans le mix mais toujours bien placé et cette trompette qui débarque sans crier gare (façon brûlure sensuelle sur l’excellent Mirinda ou façon corne de brume sur Tibia). Des éléments qui forment un tout, un tout que les Sons Of Frida prennent un malin plaisir (et avec un talent certain) à tordre, déformer et reformuler – une personnalité à part entière.
Tortuga, malgré ses nombreuses incartades bruyantes, s’achève sur les dix minutes de Teenage Mutant Crocodile Turtle et sa longue déambulation finale en pente douce. Rien que pour cette apothéose en terrain mouvant et, si chez 666rpm on avait cette habitude merdique de noter les disques ou de leur donner des étoiles à la con, Tortuga devrait récolter la note maximale : ♥♥♥♥♥.

[Tortuga est publié en vinyle rouge uniquement par Zéro Egal Petit Intérieur et En Veux-tu En V’la]

mardi 21 mai 2013

Stereozor / All In




Il est vraiment trop court votre disque les gars. Déjà que ce nom de STEREOZOR manque singulièrement d’accroches commerciales. Moi, je vous le dis comme je le pense, mais il y a assurément des chroniqueurs en herbe, des enculeurs de mouches du dimanche et autres (tout) petits esprits frappeurs qui vont encore vous traiter de branleurs et vous accuser d’avoir pris trop de bon temps pendant l’enregistrement. Car tout le monde sait bien que vous avez pourtant bénéficié d’une résidence dans un palace campagnard et en plus tout frais payés pour enregistrer All In. Et, au final, le fan frustré qui se retrouve avec un mini album d’à peine vingt-cinq minutes et de six titres seulement, même pas le temps d’une petite fuckerie digne de ce nom (si vous ne me croyez pas au sujet de la longueur, demandez pour voir à vos potes de Mr Protector)
Mais pour le reste c’est du tout bon. Vous avez malgré tout particulièrement bien bossé sur ces six compositions. Et je veux bien vous croire lorsque vous fanfaronnez fièrement et que vous affirmez à raison que les six titres finalement retenus pour le track-listing définitif de All In sont les meilleurs que vous aviez alors sous le coude. Plus particulièrement, vous avez bien fait de vous débarrasser du gras-gras qui pourtant faisait le charme de votre première démo. Désormais ce sont les mélodies qui priment vraiment, la subtilité de riches compositions qui n’hésitent pas non plus à prendre le risque de la longueur (voire de la répétition hypnotique).
All In est à la fois un disque énergique et travaillé, direct et subtil, puissant et maîtrisé. Du bel ouvrage, des guitares ciselées mais aériennes, des lignes de chant qui donnent envie de chanter aussi, des mélodies avec juste ce qu’il faut de tordu et juste ce qu’il faut d’évidence pour compenser, des rythmiques aussi souples qu’abruptes et surtout un enregistrement qui laisse à nouveau entrevoir de belles perspectives d’avenir car vous avez choisi la voie difficile mais généreuse qui consiste à ne pas rester là où vous en étiez, ne pas vous contenter de premiers essais prometteurs. Et j’espère bien pouvoir dire à nouveau tout cela de votre prochain disque lorsque j’aurai alors à le comparer avec All In.

All In de Stereozor est publié par Hello Sweet Noise, Smalltones records et Undersounds sous la forme d’un vinyle accompagné d’un DVD. Sur le DVD il y a l’intégralité de All In en version digitale (des mp3 quoi) et surtout Cathodic Bug, un documentaire de 49 minutes, réalisé par Guillaume Anglard et filmé pendant l’enregistrement du disque.

lundi 20 mai 2013

Thee Oh Sees / Floating Coffin




Medication time, medication time, medication time. L’heure de l’offrande (semi)annuelle de John Dwyer et de THEE OH SEES est venue, un peu moins de six mois après un Putrifiers II plutôt routinier mais toujours sympathique. D’ailleurs c’est le principal reproche que l’on peut faire à la musique de John Dwyer en général et de Thee Oh Sees en particulier : effectivement il y a ici de quoi se trémousser, transpirer, mouiller ou bander (rayez les mentions inutiles) mais plus on avance dans le temps et dans la discographie pléthorique du groupe et plus on sent ce relâchement désinvolte et trop gentiment post moderne qui rend Thee Oh Sees de plus en plus formaté et acceptable. On s’en fout ? Allez, on décide encore une fois que l’on s’en fout.
Le nouvel album du groupe s’intitule Floating Coffin, est affublé d’une pochette au kitsch aussi absolu que génial et est publié chez Castle Face, le propre label de John Dwyer, label qui édite et (ré)édite des disques parfois incroyables, comme l’intégralité des enregistrements de Pink & Brown sur un double 12’ tournant à la vitesse de 45rpm – Pink & Brown c’est l’un des premiers groupes de Dwyer, un duo guitare/batterie/hurlements à faire passer Lightning Bolt pour du Bon Jovi (ou du Def Leppard).
Qui y a-t-il donc de nouveau sur Floating Coffin ? Pas grand-chose à la première écoute. Que des ingrédients et assaisonnements déjà utilisés : un peu de flute par ici, un peu, beaucoup, d’orgue et de synthétiseurs par là, des cordes aussi pourquoi pas et un penchant toujours plus avéré pour le versant pop des sixties musicales. Le garage est toujours là mais désormais il sert plus de rempart indestructible que de profession de foi. De même, on retrouve une nouvelle fois Chris Woodhouse à l’enregistrement et à la production tandis que Lars Finberg (ex A-Frames, The Intelligence) vient à nouveau prêter main forte à la guitare ou derrière une seconde batterie. On ne change pas une équipe qui gagne – mais oui, cette chère Brigid Dawson est toujours là et elle chante de plus en plus – et Thee Oh Sees est désormais une sorte d’institution de bienfaisance qui pour l’instant à le vent de la mode* en poupe avec au programme toujours les mêmes ouhouh ouh ou haha hahaha au moment des refrains, le même chant acidulé à la réverb cheapos, les mêmes accords de guitare sur deux notes, la même basse serpentine, etc. De quoi s’assurer le succès et la reconnaissance des masses.
Ce qui différencie peut-être Floating Coffin de ses prédécesseurs c’est l’enrobage sonore général de l’album, avec notamment les guitares qui s’épaississent, qui éclaboussent davantage, John a eu une nouvelle pédale fuzz pour noël. Écoutez un peu ce gras-gras qui surnage à la surface sur l’intro et le riff principal de Toe Cutter/Thumb Buster par exemple ; écoutez aussi ses solos de guitares qui étincèlent et pétaradent tout eu long de l’album. Il y a aussi, dans un tout autre genre, Night Crawler qui dégage une étrangeté à la limite du synthétique. De quoi remettre les pendules à l’heure et faire ravaler leur fiel à toutes celles et tous ceux qui avaient décidé un peu tôt d’enterrer Thee Oh Sees puis de cracher sur la tombe du groupe. Finalement, on a bien eu raison de faire fi de nos appréhensions de vieux routards : Thee Oh Sees, valeur sûre et installée du revival garage/psyché/60’s, est encore capable de bonnes choses.

[Floating Coffin est publié en vinyle et à 500 exemplaires par Castle Face – noir pour les losers, transparent avec des éclats rouges comme des fraises pour les premiers arrivés]

* ça se prononce [hype]

dimanche 19 mai 2013

Comme à la télé : Throbbing Gristle





Pour bien finir cette semaine de chroniques de disques et de live reports placés sous le signe de la bonne humeur et de la fantaisie, rien de tel que l’enregistrement intégral d’un concert donné par THROBBING GRISTLE en mai 1981 à San Francisco.



L’image est certes un peu roots mais le son est vraiment pas si mal et cet enregistrement video, qui n’a rien de rare ou de méconnu, permet sûrement de se faire un commencement de petite idée (etc.) de ce que pouvait être un concert du groupe anglais à l’époque. Encore une fois : merci internet.

samedi 18 mai 2013

Semi Playback / The Album Of The Maturity




Le service Culture Pour Tous de 666rpm avait déjà dit du bien de Top 14 Album, le précédent album de SEMI PLAYBACK et s’apprête à faire de même pour le nouveau, The Album Of The Maturity… L’album de la maturité ? Vraiment ? Allez, à d’autres ! Semi Playback n’a pas beaucoup changé depuis la dernière fois que l’on a croisé le chemin du groupe, ces deux garçons – un batteur à lunettes et un guitariste à lunettes aussi – jouant avec un aplomb désarmant et une désinvolture sans façon que ne possèdent que les gamins totalement inconscients des conneries qu’ils sont en train de perpétrer. Mais ils jouent à quoi ces deux là, exactement ?
Et bien… Semi Playback c’est toujours une musique totalement instrumentale et complètement ludique à base d’une guitare escaladeuse et cascadeuse et d’une batterie qui mitraille – tu as jamais fait ça toi, quand tu étais encore gamin, de gonfler tes joues de bouffe à moitié mâchouillée et de tout recracher d’un coup en appuyant dessus des deux mains pour en foutre de partout et surtout pour que ça vole le plus loin possible ? Et bien c’est l’effet que me fait à chaque fois Semi Playback en général et ce batteur en particulier. Un food fight qui dégénère en pseudo régression musicale assumée.
Là où ça se complique pour certains, c’est qu’il y a également beaucoup de synthétiseur chez Semi Playback, des nappes de synthés de partout et qui dégoulinent, qui s’étalent allègrement avec des dégueulis de sonorités effroyablement kitsch. Un instrument qui bien souvent sur The Album Of The Maturity tient le rôle mélodique principal : on a alors l’impression d’écouter un générique tv crétin collé tel quel sur du math-rock joué à la punk (Don’t Touch My Wings). Dans le cas d’un titre tel que Crackman on pourrait même penser qu’il s’agit d’une reprise d’un groupe français débile de punk à roulettes, les Burning Heads par exemple ou plutôt non, un truc vraiment encore plus pire comme Uncommonmenfrommars, une reprise jouée au bontempi lors d’un cours d’éveil musical dans une classe d’orphelins du bulbe en manque de réinsertion professionnelle.
Semi Playback revendique peut-être le fait de jouer une musique parfaitement écœurante mais le duo le fait avec une telle ingénuité gourmande que l’on plonge aussitôt en sa compagnie au pays des délices électriques et du sucre acidulé – directement la main dans la sac à bonbons, si tu vois ce que je veux dire. Non, tu vois toujours pas ? Et bien, si t’aimes pas ça, retourne manger tes lasagnes à la viande de cheval.

[The Album Of The Maturity est publié en vinyle uniquement par une bande de grands enfants : A Tant Rêver Du Roi, Day Off, Gurdulu records et Suicide Commercial]

vendredi 17 mai 2013

Fun / Massive On Meat b/w Into The Void


FUN est un groupe finlandais pas original pour deux sous mais qui pratique un genre souvent très ardemment défendu dans les colonnes de 666rpm, à savoir le noise-rock typé nineteens et plus précisément le noise-rock made in Chicago croisé Amrep. Quoi ? Encore ? Et bien oui, encore. Alors, écoute-moi bien très cher lecteur : si tu n’es pas content, tu peux toujours aller lire des chroniques de disques ailleurs*, te convertir au hair metal ou au garage gay-friendly à paillettes ou même sortir les poubelles et promener ton chien. De rien.
Fun, donc. Un trio qui ne finasse pas, avec ses guitares tendues du slip et ses rythmiques sèchement nerveuses. Qualité, savoir-faire et tradition, comme on le répète trop très souvent par ici dans un tel cas. Et pour celles et ceux qui ne connaitraient pas Fun, une oreille attentive sur le troisième album du groupe, New 13 (paru en 2010 chez Cut Half records) ne leur ferait pas de mal et leur permettrait de saisir où ce groupe veut en venir.




1 – 3 est un nouveau single de Fun proposant deux titres (il s'agit du premier single d’une série de trois, le deuxième étant attendu pour septembre 2013) et, alors que l’on pouvait s’attendre à une certaine continuité de la part des finlandais, c’est un peu la surprise qui débarque avec Into The Void et son chant presque effacé/atone qui n’aurait pas dépareillé du côté de Slint, donnant une certaine prétention à une composition semble-t-il plus élaborée qu’à l’habitude. Bon, c’est de ma faute aussi, puisque j’ai tout simplement commencé à écouter 1 – 3 par sa deuxième face : l’impression laissée par Into The Void, fut-elle bonne, ne sera peut-être pas celle à retenir pour l’avenir. Mais on verra bien.
Sur la première face, donc, Massive On Meat est du Fun pur jus c'est-à-dire, attention name-dropping, une musique qui emprunte aussi bien à Shellec (le riff qui explose sur le break placé au milieu) qu’à Tar (le côté faussement trainant des couplets). C’est, on l’a déjà dit, pas très original mais c’est foutrement efficace et surtout foutrement bon et c’est bien là le plus important. Et ça fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles d’un bon petit groupe comme Fun, un groupe que l’on avait c’est vrai un peu perdu de vu. Bon, l’autre bonne nouvelle c’est aussi que Fun devrait quitter sa Finlande natale et retourner plus au sud de L’Europe dans quelques mois pour y donner une série de concerts…

[1 – 3 est publié en vinyle 7’ (avec coupon de téléchargement) par Cut Half records, Rejuvenation records et Tenzenmen records]

* tiens, si tu veux, là quelque part dans la colonne de droite, il y a une liste de liens avec des trucs à lire (ou pas)

jeudi 16 mai 2013

Seaven Teares / Power Ballads




Je m’imaginais sauter au plafond à l’écoute de Power Ballads, le premier album de SEAVEN TEARES. Ou, plus exactement, j’ai littéralement explosé de joie lorsque j’ai appris que Seaven Teares était en fait un nouveau groupe avec Charlie Looker. Enfin des nouvelles fraîches et du son neuf en provenance de ce garçon, lequel avait un peu surpris tout le monde en annonçant la fin prématurée d’Extra Life – un petit rappel pour les ermites un peu durs de la feuille et mous du cervelet : Extra Life compte seulement trois albums au compteur, dont deux entre le génial et l’indispensable, à savoir Made Flesh (2010) et Dream Seeds (2012).
Extra Life avait ses fanatiques mais aussi ses fervents détracteurs. Et il y a fort à parier qu’avec Seaven Teares et Power Ballads, nombre d’amateurs de Charlie Looker parmi les premiers vont s’empresser d’aller rejoindre les seconds. On aura sûrement tort d’assimiler Seaven Teares comme la suite d’Extra Life (en plus ce « nouveau » projet existerait de fait depuis 2010) mais il est également très difficile de réagir autrement tant on peut également penser qu’Extra Life aura été un groupe important – le plus important de ces cinq dernières années ?
Alors ne tergiversons-pas : Seaven Teares semble être un projet encore plus axé sur les médiévaleries et les kitcheries vocales qu’Extra Life. Tout ce qui plaisait auparavant parce qu’intelligemment agencé avec d’autres éléments se retrouve ici tellement accentué, appuyé, caricaturé presque, que désormais on est à deux doigts de détester ça. Non, rectification : on déteste complètement. Les Power Ballads de Seaven Teares regorgent en effet de flûtes abominables (ou peut-être est-ce de l’orgue ?) et de sons de synthétiseurs à rendre diarrhéique un fan de Vince Clarke. Et donc nulle trace de tension, au sens de strictement aucune électricité, sur les sept titres qui composent ce premier album, mis à part à peine une toute petite surtension sur la reprise-surprise du Them Bones d’Alice In Chains, seul titre à peu près potable de Power Ballads (et un comble quand en plus on n’aime pas particulièrement Alice In Chains, voire que l’on déteste tout simplement cette vieille gloire de Seattle).
On est également pas loin de penser que Charlie Looker n’a pas très bien su s’entourer au sein de Seaven Teares. Passe pour le percussionniste Russell Greenberg – qui ne fait pas grand-chose non plus – par contre on est nettement plus dubitatif en ce qui concerne le multi-instrumentiste Robbie Lee et surtout Amirtha Kidambi qui partage le chant pour moitié avec Charlie Looker. Non seulement sa voix est très difficilement supportable – à titre de comparaison, elle ferait passer Lisa Gerrard pour Diamonda Gallas – mais en plus elle chante tout le temps, soit à l’unisson avec Charlie Looker, soit en canon avec lui et on décèle comme un effet de contagion précieuse et ridicule sur ce dernier. Dès lors, rien y fait : si on rigole jaune au début de l’écoute de Power Ballads, on finit par tout simplement regretter d’avoir eu un jour vent de Seaven Teares. Allez, Charlie, il faut absolument que tu te ressaisisses.

[Power Ballads est publié en vinyle et CD par Northern Spy records]

mercredi 15 mai 2013

Report : Alabaster et Death Engine au Trokson - 08/05/2013




Concert de hardcore noise au Trokson en ce mercredi 8 mai, jour de commémoration de la fin de la grande boucherie internationale, seconde du nom. Un jour férié où il n’y a rien à faire, où il n’y a pas grand monde en ville, d’ailleurs le lendemain aussi la plupart des gens ne travailleront pas, pour cause de prophète mythomane retournant d’où il était prétendument descendu, donc les rues sont vraiment désertes et même parcourir en vélo les cinq ou six kilomètres qui séparent les bureaux de la rédaction de 666rpm du Trokson est un véritable plaisir car on n’y rencontre pas d’automobilistes faisant tout leur possible pour écrabouiller du cycliste pressé et il n’y a pas non plus de piétons suicidaires zigzagant le nez en l’air sur les pistes cyclables.
Comme un vrai jour de mois d’août, la canicule et le taux élevé de mortalité de petits vieux en moins. Il  n’y a que les terrasses des bistrots qui sont remplies de gens plus ou moins désœuvrés. Ouais on est à Lyon et on s’emmerde. Alors ce concert réunissant Alabaster et Death Engine tombe particulièrement bien quand on a besoin d’une bonne séance de défouloir et d’un décrassage auriculaire dans les règles de l’art du lourd.




On ne devrait plus présenter les héros locaux d’ALABASTER, groupe de vétérans lyonnais dévoués à la cause des 90’s et en particulier à ce hardcore noise épais et viscéral qui tabasse et donne mal à la tête. Le premier disque de ces garçons se retrouve souvent sur la platine vinyle du salon hi-tech du département d’écoute de 666rpm, on a déjà vu le groupe au moins trois fois en concert et pourtant on ne s’en lasse pas.
On ne s’en lasse pas malgré le son aux limites assez floues de la cave du Trokson et les habituels problèmes de micro (avec un pétage de matos en bonne et due forme en milieu de set, sûrement la conséquence malheureuse d'une trop forte émission d’ondes négatives) et – comme d’habitude pourrait-on dire mais les habitudes c’est mal – le groupe envoie sévèrement dans un registre à la fois lourd et visqueux. Alabaster ça poisse et pas seulement aux entournures.

A noter que, suite à l’expulsion de Grrrnd Zero de ses locaux de Gerland, le groupe est actuellement à la recherche d’un local de répétition : donc, si votre immeuble possède une cave assez grande et non occupée et si en plus vous détestez vos voisins au point de vouloir les emmerder durablement, n’hésitez pas à contacter Alabaster, des garçons très gentils mais très bruyants et qui n’hésiteront pas à rendre service.




Le groupe d’après vient de Lorient. DEATH ENGINE est un trio qui pratique également le hardcore noise mais dans un registre assez différent d’Alabaster : si les deux groupes aiment autant la lourdeur et se vautrer dans le massif, Death Engine y ajoute une bonne dose de grésillements malsains et de persécution terroriste. Un peu comme si Today Is The Day copulait avec Playing Enemy. Un entrain certain dans la violence musicale et un goût prononcé pour l’ultra-torture sonique qui pourraient presque donner froid dans le dos – et cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu un guitariste/chanteur se plier autant en deux, un peu comme le faisait il y a longtemps celui de feu Doppler, donnant mal au dos rien qu’à le regarder faire, dans la position d’une bête acculée mais toujours prête à mordre
Malgré quelques petits trous et autres légères faiblesses d’enchainement entre les titres pour cause d’accordage récalcitrant, la demi-heure qu’a duré le set de Death Engine a été un réel bonheur moment de hargne et de brutalité, une sorte de catalyseur là aussi, une démonstration de fureur à la limite de l’inhumain et une bonne grosse branlée, comme on les aime, de la haine musicale positive en ce sens qu’elle peut aussi vous délivrer de vos propres démons.

Death Engine annonce la publication de son premier (excellent) disque, un 10’ intitulé Amen, pour le mois de juin chez les omniprésents et essentiels Basement Apes et Throatruiner records associés à North Cult records ; en attendant le trio a procédé lui-même à l’édition d’un joli CDr qu’il a vendu pendant sa mini-tournée de printemps et si vous trouvez que l’artwork est génialement moche c’est parce qu’il est l’œuvre d’Hugues Pzzl, également Gentil Organisateur de ce concert lyonnais au Trokson.

[les photos de cette soirée festive et insouciante c’est par ici]